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​Il y a un an Kimberly était assassinée à Ajaccio : l'immense douleur "toujours vive" de ses parents


Patrice Paquier Lorenzi le Samedi 14 Octobre 2023 à 17:15

Il y a un an jour pour jour, Kimberly, une jeune ajaccienne de 23 ans était tuée par son ancien compagnon. Un drame qui avait soulevé une énorme émotion au sein de la cité impériale. Toujours dans l’attente du procès, les parents de Kimberly, profondément marqués par cette tragédie, ont tenu à s’exprimer afin de perpétuer le devoir de mémoire pour ne pas oublier leur fille.



Kimberly a été tuée par son ancien compagnon à Ajaccio, il y a tout juste un an.
Kimberly a été tuée par son ancien compagnon à Ajaccio, il y a tout juste un an.
« Elle ne méritait pas ça, c’était une jeune fille extraordinaire. Un an après, la douleur est toujours là, immense. Nous ressentons un immense chagrin. J’ai du mal à rebondir. Les plaies sont très ouvertes. Je suis marqué au fer rouge dans mon âme. Elle nous manque énormément. On n’arrive toujours pas à comprendre. Avec l’année qui vient de s’écouler, nous venons à peine de réaliser qu’elle n’est plus là et que nous ne la verrons plus. Mais, il nous faut trouver de la force pour continuer à vivre. C’était une fille formidable je vous l’assure ». Dans la maison familiale de la plaine de Peri, Antonio et Sylvie les parents de Kimberly vivent des moments difficiles en cette date anniversaire de la tragédie du 14 octobre 2022. Ce jour-là, Kimberly, 23 ans, une jeune ajaccienne, sans histoire, est assassinée, par son ancien compagnon. Sylvie, sa mère évoque « une fille extraordinaire qui aimaient rigoler, faire des sketchs, plaisanter. Elle incarnait la joie de vivre. Nous avions confiance en cet individu et c’est cela qui est difficile à accepter. Il nous a enlevé notre raison d’être. Nous avons passé les fêtes de fin d’année sans elle alors que nous qui sommes croyants, avions l’habitude de passer ces moments en famille, de préparer le sapin de Noël ensemble. Elle était très simple. Son rêve c'était juste de pouvoir acheter un terrain, d'avoir une maison et de vivre une vie paisible, comme nous avons pu vivre jusqu'à présent avant que nous soyons touchés par ce terrible drame ».
 
« C’est encore plus difficile de savoir que nous avons eu sous notre toit ce genre de personnage »
Après avoir travaillé chez API Provence à Nice, Kimberly, qui se remet tout juste d’une séparation difficile, rencontre sur Internet, Antonin Bru, connu pour des problèmes d’usage de stupéfiants notamment condamné par les juridictions des mineurs de Grasse et de Nice par le passé. Un passé volontairement caché à la jeune fille par l’individu : « Ils étaient d’abord amis. Ils se sont rapprochés car Kimberly venait de se séparer d’un garçon dont elle était éperdument amoureuse. Il a profité de sa fragilité à ce moment-là. C’était un garçon plutôt instable socialement et qui ne lui disait pas toute la vérité. Il ne lui avait pas parlé de son passé de délinquant. Si elle avait su tout cela, ma fille ne se serait jamais attachée à lui ».
 
Le couple décide ensuite de s’installer à Ajaccio et vît même sous le toit des deux parents, avant de trouver un appartement dans le quartier du Finosello. « C’est encore plus difficile de savoir que nous avons eu sous notre toit ce genre de personnage. C’était quelqu’un au demeurant poli mais qui révélait un être manipulateur et diabolique. A son arrivée en Corse, je me rappelle lui avoir dit de se faire discret et de se trouver un travail. Puis, plus tard, ma fille avait commencé à ouvrir les yeux, à voir son vrai visage et avait eu le courage de le quitter. » se souvient Antonio, son père. « J’ai tout de suite vu que quelque chose n’allait pas avec lui. Ma fille si joyeuse, si radieuse, aimant tellement la vie, était devenue l’ombre d’elle-même. On ne le connaissait pas vraiment mais je voyais bien qu’elle n’était pas heureuse avec lui. C’était un menteur. Elle pleurait souvent, il n’arrêtait pas de la rabaisser. Nous avons appris plus tard qu’il avait déjà été physiquement violent avec elle. Elle était devenue complètement éteinte. Nous en avons parlé ensemble et elle avait décidé de mettre fin à la relation quelques semaines après qu’ils aient emménagés dans leur nouvel appartement ».
 
Le jeune homme retourne à Nice mais continue d’harceler Kimberly à travers des appels et des textos. Pire, il revient même par surprise plusieurs fois en Corse. La jeune fille invente même « un prétendu copain pour se débarrasser de lui ». Antonin Bru, revient une dernière fois ce 14 octobre 2022 et enlève la vie à Kimberly. « Sa mère m'avait appelé, elle était inquiète parce qu'il était revenu en Corse et qu'il était tellement pressé de venir qu'il avait fait Nice-Genève-Ajaccio en avion. Ce qui est terrible c’est que ma fille s’était même demandée s’il n'allait pas revenir pour la tuer. Mais tant que vous ne vivez pas ce genre de drame, vous ne pouvez en aucun cas vous imaginer que cela peut vraiment vous arriver » regrette encore Antonio.
 
« Il ne faut pas avoir peur et parler à ses parents et à la Justice »
Aujourd’hui, le couple essaye d’avancer, même si pas un instant ne s’écoule sans une pensée pour leur fille aujourd’hui disparue. Des moments durs également pour Victor, le frère ainé de Kimberly : « Victor, c’est quelqu’un qui ne parle pas beaucoup mais hier il m’avait dit que c’était très difficile pour lui, qu’il faisait semblant d’être bien. Toute notre famille est très affectée par ce drame. Nous étions tous très unis par des valeurs familiales fortes ». Une famille qui voit les tragédies et notamment les féminicides se multiplier et qui espère des sanctions plus sévères à l’avenir : « Ceux qui font ça savent exactement ce qu’ils font. Mais, je pense que si à l’avenir les sanctions sont plus fortes, il y aura moins de drames de ce genre. On n’a pas le droit d’ôter la vie à quelqu’un, c’est tellement injuste ».
 
Victime de violences, physiques et verbales, Kimberly n’avait pas osé parler de tout ce qu’elle pouvait endurer avec son ancien compagnon déplore Sylvie : « Notre fille voulait nous protéger et elle ne nous a rien dit. Nous encourageons les femmes qui sont victimes de toute sorte de violences à parler. Kimberly était une jeune fille forte et elle pensait sûrement pouvoir s’en sortir toute seule. Il ne faut pas croire aux belles paroles. L’amour c’est surtout des actes et on ne frappe pas une femme. Il ne faut pas avoir peur et en parler à ses parents, à la Justice ». Une justice qui aura à se prononcer dans les prochains sur ce douloureux dossier et dont les parents attendent une sévérité exemplaire mais aussi et surtout un rétablissement de la vérité de la part du meurtrier présumé de leur fille : « La version des faits qu’il donne est complètement faussée. Nous attendons que la Justice rétablisse la vérité, notamment la préméditation dans l’acte. Nous faisons confiance en la Justice mais pour nous, la peine ne sera jamais assez longue. Notre fille, nous ne la reverrons plus jamais ».
C’était il y a un an, elle s’appelait Kimberly, elle avait 23 ans.

Sylvie et Antonio, les parents de Kimberly (Photo Paule Santoni)
Sylvie et Antonio, les parents de Kimberly (Photo Paule Santoni)