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Visite de Martine Pinville : "Une énorme déception" pour élus et représentants des artisans et commerçants


Pierre BERETTI le Jeudi 2 Juin 2016 à 21:43

« C’est une déception ! », ce sont les derniers mots qui ont retenti dans l'hémicycle de la CTC lors des Assises des TPE après l’annonce des mesures gouvernementales pour venir en aide aux TPE en difficulté jugées insuffisantes et inappropriées face à l’urgence par les représentants insulaires.



Visite de Martine Pinville : "Une énorme déception" pour élus et représentants des artisans et commerçants
Martine Pinville, Secrétaire d'Etat chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Economie sociale et solidaire a participé aux Assises des TPE en Corse, évènement organisé pour répondre aux difficultés financières rencontrées par les TPE de l'île. Au terme d’une journée de travail, elle a annoncé les mesures prises par le gouvernement.

« Nous allons mettre en place une cellule de détection des difficultés. Il est essentiel de mieux mobiliser les réseaux accompagnant les TPE, les experts comptables, les CCI et les CMA pour relayer les informations relatives à leurs outils mis à leur disposition. Il est de notre responsabilité collective d’agir sans délai. Dès que la cellule sera créée, elle aura pour mission d’établir avec ses partenaires des supports d’information. Il reviendra ensuite au réseau d’accompagnement de diffuser très largement »

Au-delà de la création de cette cellule, il est également annoncé qu’une enveloppe de 20 millions d’euros sera mise à disposition de l’île pour aider les entreprises en difficultés et sera assortie d’une lutte contre la fraude. L’annonce des différentes mesures n’ont pas touché particulièrement les acteurs économiques présents. « C’est une énorme déception » a scandé François Gabrielli, président de la Chambre de métiers de la Corse-du-Sud particulièrement virulent. Les CCI et Chambres des métiers attendaient davantage comme ils l’avaient fait savoir dernièrement, notamment une exonération des dettes et un allègement des charges.  

« Madame la Ministre nous a tenu le même discours qu’il y a quelques mois. Rien n’a évolué et nous perdons du temps alors que nos entreprises sont en grande difficulté. Elle nous dit qu’elle parlera de nos problématiques au Premier ministre tandis que cela aurait dû être fait il y a sept mois déjà. Mes partenaires et moi allons nous réunir afin de préparer les futures négociations. Soyons clairs, au regard de ce qui a été dit aujourd’hui, nous pensons que les dialogues à venir seront conflictuels. Nous appelons à la mobilisation de tous les commerçants et artisans. Nous les invitons à nous rejoindre dans ce combat. Je sais qu’ils seront nombreux car on ne peut pas se résigner et se laisser faire en restant passif. Il y a de la concurrence déloyale qui nous tue petit à petit et ce que nous annonce la Ministre ne sera pas mis en place rapidement ».  

Du côté de l’Exécutif, le président a été lui aussi déçu des annonces de la ministre tout en saluant tout de même les petits efforts consentis comme les 20 millions d’euros dans le cadre du PEI fléchés vers les TPE et PME mais aussi une proposition de prorogation du crédit d’impôt en le passant à 30% pour les TPE jusqu’en 2020. Cependant, Gilles Simeoni a noté deux carences : aucune mesure de court terme et d’urgence face à des entreprises en souffrance et le refus du gouvernement d’ouvrir le dialogue sur un statut fiscal approprié et spécifique et sur les moyens stratégiques  à donner à l’économie corse. De manière plus globale les Assises des TPE se sont achevées par une promesse de conflit à venir si le gouvernement ne prenait pas la mesure de l’urgence et des difficultés économiques des entreprises insulaires. 

Les propositions de Paul Trojani, président de la CCI de Bastia et de la Haute-Corse

C’est avec un grand intérêt que nous venons de prendre connaissance des différents constats et observations formulées sur la situation des entreprises et du tissu économique Corse.
En substance il est retenu que malgré l’étroitesse du marché, les fragilités liées à l’insularité et sans bénéficier de manière exorbitante des dispositifs nationaux, les chefs d’entreprise Corse ont su faire face à la crise jusqu’à présent.
Je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises, à vous Mme la Ministre lors de notre dernière rencontre,  aux différentes autorités en charge de l’économie et publiquement à chaque fois que j’en ai l’occasion :
La résistance à la crise économique européenne, aux blocages de tous ordres, aux réductions drastiques des investissements publics, à l’insécurité juridique constante en matière d’urbanisme, à tous les facteurs d’indétermination a été en Corse un combat de tous les instants pour les commerçants et les chefs d’entreprises.
Et ce combat n’est pas terminé.
Nous avons appris au cours de ces dernières années à nous rassembler, à nous organiser, et ainsi à progresser …. mais pour aller plus loin et sortir de la Crise nous avons besoin dorénavant de l’énergie et du concours de toutes et de tous, nous avons besoin de vous Mr le Président du Conseil Exécutif et nous avons besoin de vous Madame la Ministre.
 Car si les statistiques donnent une image de normalité, un aperçu systémique de réalité augmentée plutôt rassurant, les femmes et les hommes qui font au quotidien tourner la roue de l’économie insulaire sont aujourd’hui usés par la crise, découragés, lassés par les épreuves traversées, les efforts  déployés pour sauver leurs activités et les emplois qui y sont rattachés.
Notre devoir et notre priorité est de les soutenir, de leur redonner vigueur et surtout confiance voilà le mot clé : la confiance, confiance  en eux, en leurs initiatives, confiance dans l’avenir.
 
 
Pour cela il nous faudra un plan, un vrai plan coordonné, avec des mesures et des moyens, et nous avons fait nos propositions, un plan réaliste et pragmatique, avec des actions simples et rapides, un plan de proximité pour soutenir nos commerçants et nos chefs d’entreprise, pour agir à leurs côtés, sur le terrain.
Je vous laisserai, comme nous l’avons toujours dit, le soin d’évaluer et de proposer le volet fiscal et social de ce plan, par contre le volet d’accompagnement nous concerne au premier chef et je vous renouvelle notre offre de service formulée le 12 Avril :
Pour notre part nous sommes prêts à poursuivre nos actions de terrain, démultiplier les opérations de notre cellule consacrée aux entreprises en difficultés, prolonger les mesures de Prêts à Taux Zéro, compléter les actions de dynamisation commerciales tant à l’export avec les visites d’acheteurs que nous organisons, que localement en soutien des Unions Commerciales…..
Nous sommes prêts à de nouvelles opérations,  que nous avons également proposées, comme sur le modèle d’un FISAC régionalisé ou alors des programmes de soutien à l’activité commerciale et touristique en avant et en arrière-saison.
Nous savons que derrière la réalité des chiffres il existe une réalité des hommes et des femmes, une réalité des territoires et comme la Corse est un archipel, la réalité économique de Bastia n’est pas celle de Corte, ni celle de Calvi ou de Ghisonaccia.
De la même manière il y a une réalité contrastée des secteurs et des filières et  la réalité du BTP n’est pas celle de l’Agroalimentaire ni celle du Commerce de détail.
Alors nous sommes prêts, mais tout ceci n’est possible qu’a deux conditions :
  • La première - Une organisation forte et claire du plan sous l’égide la CTC et de l’ADEC avec des objectifs précis pour chacun des secteurs et chacune des filières, avec un outil partagé de suivi et de mesure de l’efficacité des actions
 
  • La seconde - Des moyens budgétaires et humains, importants, spécifiques et dédiés, n’ayons pas peur des mots, des moyens extraordinaires à la hauteur d’un engagement massif et décisif des pouvoirs publics aux cotés des forces vives de l’économie insulaire.

Le "profond regret" de P.-J. Luciani

Pierre-Jean Luciani, président du Conseil départemental exprime dans un communiqué "son profond regret de ne pas avoir été associé ni même invité aux Assises des TPE-PME de Corse qui auront lieu le 2 juin à Ajaccio."
(…) P.-J. Luciani et l'ensemble des conseillers départementaux "s'interrogent sur les raisons de l'absence des deux Départements à cette réunion ? Car,  pour ce qui n'est que de la Corse-du-Sud," il rappelle "que 50 à 60 millions d'euros sont injectés dans l'économie locale et le soutien aux entreprises."
P.-J. Luciani "est solidaire, par ces temps de crise, avec les revendications des socio-professionnels dont il connaît les attentes comme les difficultés. C'est à ce titre qu'il souhaitait être, en qualité de donneur d'ordres, à leur côté pour apporter la caution de l'action départementale en faveur de l'entreprise".
Une fois de plus, le Département est ignoré dans ses missions essentielles alors qu'il démontre au quotidien sa présence sur le terrain économique".