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Primaire de la Droite : Raz de marée pour François Fillon, désormais le candidat libéral pour 2017


Nicole Mari le Dimanche 27 Novembre 2016 à 20:33

François Fillon est, désormais, le nouveau leader de la Droite et du Centre, le candidat officiel aux prochaines élections présidentielles qui se tiendront au printemps 2017. Il est sorti, sans surprise, largement vainqueur du 2nd tour avec près de 66,5 % des voix contre 33,5% pour son adversaire Alain Juppé. Ce plébiscite confirme l’ampleur inattendue de son score du 1er tour qui l’avait propulsé grand favori. En Corse, il engrange les voix de Nicolas Sarkozy et affiche 75,45% en Haute-Corse et 68,2% en Corse-du-Sud. La participation, qui atteindrait 4,3 millions de personnes, a été, par rapport au 1er tour, supérieure au plan national et stable dans l’île.



François Fillon, candidat de la droite et du centre aux élections présidentielles de 2017.
François Fillon, candidat de la droite et du centre aux élections présidentielles de 2017.
Qui l’eut cru, il y a seulement quatre semaines ! C’est un véritable tsunami qui a porté l’outsider François Fillon largement en tête de la Primaire de la Droite et du Centre, tant au 1er tour qu’au 2nd, laissant ses adversaires K.O. derrière lui. Le score est sans appel : 66,5%, soit près de 2,8 millions d’électeurs, sur plus de 4,5 millions de votants, soit 10 % du corps électoral français. Une victoire en forme de plébiscite pour l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, actuellement député de Paris, qui avait fait une campagne en sourdine, presque solitaire, et que personne, surtout pas les médias, ni les sondages, n’attendaient. C’est, en revanche, la confirmation de la désillusion pour son adversaire, Alain Juppé, donné grand favori pendant toute la campagne électorale, mais sévèrement sanctionné par les urnes. Avec seulement 33,5 % des suffrages, soit 1,4 million d’électeurs, le maire de Bordeaux essuie un cinglant revers.

Un plébiscite général
Au premier tour, François Fillon avait recueilli 44,1 % des suffrages (1,89 million de voix), devant le grand favori Alain Juppé qui n’avait réalisé que 28,6 % (1,22 million de voix) et Nicolas Sarkozy, éliminé avec 20,7 % (0,88 million de voix). Au 2nd tour, il creuse nettement l’écart et l’emporte quasiment dans tous les départements, à l’exception de la Gironde et de la Corrèze. Il culmine dans les territoires d’Outre-Mer avec 74,9 % des suffrages, sur le sarkozyste pourtour Méditerranéen et dans les territoires ruraux, : 79,2% dans le Var, 77,3% dans les Alpes maritimes, 73,9 % dans le Vaucluse, 75,3 % dans le Jura, 71,7% dans les Bouches du Rhône…, mais également au Centre, à l’Est et même dans la Bretagne traditionnellement plus modérée : 76,1% dans l’Aude, 74,9 % dans l’Aisne, 74,7% dans le Haut-Rhin, 74,3 % dans le Gard, 74 % dans l’Ain, 73,3% en Ardèche, 73,1 % dans la Drôme, 70 % dans le Rhône…

François Fillon à Porto-Vecchio.
François Fillon à Porto-Vecchio.
Tombula dans l’île
En Corse, terre Sarkozyste, François Fillon rafle également, haut la main, la mise : 75,45 %, soit 7030 voix sur les 9300 électeurs qui se sont rendus aux urnes en Haute-Corse, contre 24,55 %, soit 2287 voix pour Alain Juppé. Il agrège, sur les 12 000 votants de Corse du Sud, 67,3 %, soit 7770 voix, contre 32,7%, soit 3771 voix, pour Alain Juppé. Et, dans le détail, 74,2 % dans la 2ème circonscription du Sud et 59,70 % dans la 1ère circonscription. A Porto-Vecchio, fief de Camille de Rocca Serra, l’un de ses rares soutiens de la première heure dans l’île et le seul endroit où François Fillon s’est rendu, il totalise 86,5 % des suffrages. Egalement à Bonifacio et à Sartène. Le reste est à l’avenant : 95,98 % à la Porta, 87,84 % à Ghisonaccia, 87,83 % à Borgo, 86,53 % à Prunelli-di-Fiumorbu, 83,64 % à Pietralba et à Corte, 81,25 % à Saint Florent, plus de 80 % à Taglio-Isolaccio et à Ile-Rousse, 79,84 % à Oletta, 74,68 % à Biguglia, 74,75 % à Calenzana, 73,82 % à Furiani, 70,86 % à Morosaglia… La vague atteint aussi les bureaux situés dans les communes dirigées par les soutiens Juppéistes : 77,64 % à Lucciana, 55,66 % à Calvi, 54,69 % à Ville di Pietrabugno, près de 70 % à Bastia… et 57,19 % à Ajaccio, malgré l’ardent soutien du député-maire, Laurent Marcangeli, à Alain Juppé.
 
Un ralliement massif
L’incroyable résultat du 1er tour s’est, donc, confirmé et l’écart creusé, allant du simple au double entre les deux rivaux. Renforcé par le ralliement des Sarkozistes, de Bruno Le Maire et de Jean-Frédéric Poisson, François Fillon a, aussi, pleinement bénéficié de la forte participation, en hausse de 4,26 % par rapport à dimanche dernier. Si une partie des électeurs du 1er tour ne s’est pas déplacée, les nouveaux électeurs lui ont, de toute évidence, accordé leur confiance. Selon les sondages nationaux, 64 % des électeurs viennent de la Droite et du Centre, 15 % de la Gauche, 9 % du Front National et 12 % sans étiquette. « Nous étions sûrs de la victoire, mais, quand à midi, nous avons appris que la participation était en forte hausse et que la Gauche s’était mobilisée, nous avons craint qu’elle soit moins éclatante que nous l’espérions. Dans le bureau que je présidais, on n’a pas retrouvé, au 2nd tour, un bon cinquième des votants du 1er tour, ce n’était pas le même corps électoral. L’afflux de nouveaux votants a été favorable à François Fillon ! », commente la Filloniste Marie-Thérèse Mariotti, maire de Taglio-Isolaccio, conseillère territoriale et membre du Comité d’organisation de la Primaire en Corse. Si l’ampleur du score l’a laissée « groggy, sans voix, abasourdie », elle l’explique aisément, même en Corse où les soutiens fillonistes étaient rarissimes : « La Corse est une terre sarkozyste, mais qui se retrouve dans le discours de vérité de François Fillon. Dans ma commune, j’ai vu venir voter des artisans, des petits commerçants, des chefs d’entreprises… qui m’ont dit : « On en a marre ! ».

Marie-Thérèse Mariotti, maire de Taglio-Isolaccio et conseillère territoriale du groupe LR.
Marie-Thérèse Mariotti, maire de Taglio-Isolaccio et conseillère territoriale du groupe LR.
Le temps de la Corse
Le conservatisme politique et sociétal de celui qui a de fortes chances d’être le futur président français n’est pas sans inquiéter dans l’île, Marie-Thérèse Mariotti se veut rassurante : « Si la France va bien, la Corse ne pourra qu’aller mieux ! Si la France, demain, retrouve son leadership en Europe, la Corse suivra. Je ne vois pas en quoi François Fillon serait un candidat dangereux pour la Corse. Son fer de lance est la liberté. Il a clairement dit que le rôle de l’Etat n’était pas de tout imposer, mais de donner les grandes lignes ». Quand à sa fermeture affichée sur les demandes insulaires en matière de langue, d’évolution institutionnelle et fiscale, elle rétorque que c’est une question de timing : « Il n’est pas fermé ! Ce n’était juste pas le moment d’en parler ! Nous étions au 1er tour de la Primaire de la Droite et du Centre qui a parlé des grands défis que devait relever la France : le chômage, la dette, l’économie, le social, le terrorisme, l’Europe… Ce n’est pas encore le temps de décliner le programme pour la Corse. Ce temps viendra ! Je ne suis absolument pas inquiète parce que le programme sera préparé avec les élus corses de la Droite et du Centre. N’oubliez pas que François Fillon a toujours soutenu les Arrêtés Miot et a aidé à leur prorogation quand il était Premier ministre de Nicolas Sarkozy ».
 
Le retour de la Droite forte
Ce qui est certain, c'est que, déjouant tous les pronostics et toutes les cabales, François Fillon a, avec un discours résolument libéral, gagné la bataille du rassemblement. Son écrasante victoire signe le grand retour d’une droite forte, recentrée sur ses fondamentaux. Une Droite assumée et décomplexée qui a choisi son champion pour les présidentielles, un choix massif d’adhésion à un homme qui incarne l’intégrité, la force tranquille et la promesse de réformes profondes, d’une rupture radicale, d’un changement net avec un système qui a failli. « C’est la victoire de la conviction. La France veut des actes… J’aurai besoin de tout le monde. Je tends la main à tous ceux qui veulent servir notre pays. Mon succès, je le mets en partage, je le dois à ces milliers de Français, que j’ai rencontré, qui m’ont nourri de leur révolte, de leurs besoins et de leurs espoirs. Les électeurs de la Droite et du centre ont trouvé dans ma démarche les valeurs françaises auxquels ils sont attachés », a déclaré François Fillon, dans son discours de victoire.
 
Une nouvelle donne politique
Malgré son costume d’Homme d’Etat et le soutien total du Centre, Alain Juppé n’a pas convaincu ses coreligionnaires. Il a semblé plus en phase avec l’électorat national qu’avec le sien propre. Trop lisse, trop mou, il n’a pas su intégrer la colère profonde du peuple de droite, des artisans, des petits chefs d’entreprises, d’un monde économique à bout de souffle qui ne veut pas de réforme à la marge. En perdant la bataille dès le 1er tour, il a perdu son dernier combat. Avec sa défaite et celle de Nicolas Sarkozy, leur élimination brutale de l’échiquier politique, c’est une page très importante de l’histoire de la droite française qui se tourne. La famille libérale, qui sort raffermie de ce scrutin, doit convaincre le maximum de Français, à commencer par ses alliés naturels : les Centristes qui font grise mine. Le plus dur commence maintenant, avec pour objectif : l’Elysée.
 
N.M.