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Le feu tricolore d’Olmeto continue de faire parler de lui


le Vendredi 26 Avril 2024 à 11:43

Lors de la session de ce jeudi, une question orale du conseiller territorial d’Un Soffiu Novu Georges Mela a permis à Gilles Simeoni de faire un point sur le projet de déviation d’Olmeto, qui se fait attendre depuis des décennies.



C’est l’un des points noirs du réseau routier insulaire. Depuis des décennies, le mythique feu tricolore d’Olmeto joue avec la patience des automobilistes qui arrivent alors qu’il passe au rouge pour plus de deux longues minutes. Ce jeudi, à l’occasion de la session de l’Assemblée de Corse, cet équipement mis en place pour gérer le flux de véhicules traversant le village du Valinco était au cœur d’une question orale de Georges Mela, conseiller territorial d’Un Soffiu Novu. Ce dernier a en effet rappelé que « la commune est contrainte d’employer du personnel par ses propres moyens pour organiser et faciliter, durant chaque période estivale, la fluidité́ du trafic » tout en pointant le fait qu’entre 2015 et 2022, la Collectivité de Corse (CdC) avait consenti à la prise en charge intégrale de ces dépenses, dans la limite de 35 000€ TTC annuels. « Depuis 2022 et malgré les demandes de la commune, la CdC n’a pas renouvelé cette prise en charge », a-t-il déploré en interrogeant l’Exécutif sur les raisons de ce changement. L’occasion pour Gilles Simeoni de faire un point sur la traversée d’Olmeto et de la déviation qui se fait toujours attendre. 
 
« La déviation d’Olmeto on en parle en 1997 », pose-t-il en premier lieu en faisant un rapide retour historique sur le sujet. « En 2011, le schéma directeur des routes territoriales de Corse préconise une déviation avec un coût cible des aménagements de 10 millions d’euros. Il s’agit d’aménager la voie nouvelle et de raccorder la route territoriale à l’ex route départementale D257 au Nord d’Olmeto. Mais il y a eu une opposition notamment des propriétaires agricoles des oliveraies traversées par le projet. On a donc renoncé à ce projet alors qu’il est à l’époque faisable techniquement, juridiquement et budgétairement », indique-t-il en notant qu’en 2013, deux propositions de projet de déviation réalisables sont aussi rejetées par la population. « Lorsque nous arrivons aux responsabilités, nous étudions deux nouvelles variantes en 2019 », poursuit-il encore. Or à l’époque, les deux projets d’un peu plus de 3 km chacun affichent un coût estimé pouvant aller jusqu’à 70 millions d’euros. « Cela devient totalement impossible budgétairement », constate le président de l’Exécutif en ajoutant : « Ce n’est plus possible aussi juridiquement notamment au titre de l’article 411-2 du Code de l’Environnement et de la jurisprudence du Conseil d’État confirmée de façon constante par tous les juges du fond, et avec des exigences environnementales beaucoup plus fortes qui imposent, pour qu’une nouvelle route soit créée, que l’autorité maitre d’ouvrage démontre de façon précise et opérationnelle et sur un laps de temps long que le triptyque « éviter, réduire, compenser » a été mis en œuvre. Autrement dit il faut faire la démonstration positive, argumentée et technique que l’état actuel du réseau ne permet pas pendant une durée annuelle d’assurer la gestion des flux. Sinon, l’opération lancée est soumise à la certitude d’annulation dès lors qu’un tiers fait un recours ». 
 
Enfin le président de l’Exécutif souligne le fait que « la commune d’Olmeto se disait être prête à supprimer l’alternat, à condition de réaliser des places de parking ». « Il y a une convention qui est signée en 2008 suite une délibération de l’ex-Collectivité Territoriale de Corse qui prévoit la réalisation de trois parkings pour un montant de 2,8 millions d’euros », précise-t-il. En tout, ce sont finalement cinq parkings - qui représentent 136 places supplémentaires contre 30 à supprimer dans la traversée du village pour rétablir le double sens de circulation - qui ont été créés dans le village. À compter du 13 février 2023, il était donc prévu de supprimer le feu afin de mettre en place une expérimentation d’un an, avec pour but de faire la démonstration que la commune ne peut pas gérer les flux. « Le problème c’est que 8 jours après la suppression du feu, le maire m’a appelé en disant que c’était trop dangereux du fait du passage des poids lourds. Et en vertu de son pouvoir de police il a supprimé la double circulation », rappelle Gilles Simeoni. S’il dit comprendre la position du maire, il avance également que l'interruption prématurée de l’expérimentation occasionne une difficulté pour démontrer la nécessité de la déviation. « Il va falloir que l’on voit avec les services de l’État si notre dossier est suffisant », insiste-t-il en annonçant que les services la CdC ont déjà engagé des études pour réfléchir à un nouveau projet de déviation, sous réserve de pouvoir trouver des financements. « S’il faut prendre en charge les 35 000 euros que la commune dépense pour employer du personnel pour fluidifier le trafic, on le fera. Mais le problème reste entier », souffle encore le président de l’Exécutif.