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Le dernier hommage d'Ajaccio à Laurent Rossi


Marilyne SANTI le Jeudi 27 Août 2015 à 23:21

Laurent Rossi, fils de Tino, a rejoint ses célèbres parents, en toute intimité jeudi après-midi, au cimetière marin route des Sanguinaires, après que le cortège se soit rendu une dernière fois dans les jardins de la villa familiale du Scudo. Ses enfants, Jean-Baptiste et Constantin, la famille et les amis très proches étaient seuls présents lors de ce dernier et émouvant voyage.



Le dernier hommage d'Ajaccio à Laurent Rossi
Une messe fut tout d’abord célébrée vers 15 heures en la cathédrale d’Ajaccio, en présence de nombreux anonymes, et de personnalités publiques et politiques corses. « Notre père a été bon père, il nous a transmis les bonnes valeurs et a fait le choix de rester dans l’ombre pour mieux faire valoir la mémoire de son propre père» dira l’un de ses fils lors de la cérémonie. Des applaudissements ont accompagné le cercueil de Laurent Rossi dès qu’il est apparu sur le parvis de la cathédrale.

Christophe Mondoloni, était devenu l’ami de Laurent Rossi. Lors de la préparation de son spectacle consacré à Tino, il l’avait contacté en tant que président de l’association de défense des droits à l’image de Tino Rossi.
« On ne se connaissait pas, et durant un an nous avons souvent échangé. Je le tenais au fait de tout ce que je faisais, en gardant des surprises, car cet homme, au demeurant très exigeant et perfectionniste aimait beaucoup être surpris.
Nos caractères forts se sont parfois confrontés, mais nous avons eu aussi beaucoup de fous rires. Il aimait beaucoup la vie, et une fois son amitié gagnée, c’était quelqu’un qui partageait de bons moments de vie."

"Fils de Tino Rossi il était riche de milliers d’anecdotes toutes aussi croustillantes les unes que les autres, des plus marrantes aux plus tragiques.
La Corse n’a jamais rendu hommage à Tino comme il l’aurait mérité. Pourtant  dans les années 40 il avait la stature d’un chef d’état. Encore aujourd’hui en 2015, il est le meilleur vendeur de disques au monde, lorsque les Rolling Stone ne sont que 17ème. Un gamin parti de la rue Fesch, fils d’une famille de huit enfants, qui devait son parcours à l’école de la méritocratie. Mais on dit bien que nul n‘est prophète en son pays, ça a été son cas."

A la suite de mon spectacle, à la sortie du CD et du DVD, Laurent avec qui j’étais très souvent en contact, voulait lancer un appel au don, une souscription pour que Tino Rossi ait une statue digne de son nom dans la ville impériale, celle où il est née et qu’il a si souvent chantée."
 
"Il avait aussi, il y a quelques années, décidé d’ouvrir l’été la maison de son père au public. Une maison qui aujourd’hui fait partie des 111 maisons labellisées par le ministère de la Culture. Toutes conservent et transmettent la mémoire de femmes et d’hommes qui les ont habitées et se sont illustrés dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la France. Il s’est vite rendu compte qu’on ne pouvait pas mettre un musée dans une maison. Pour lui et ses enfants il fallait que sa maison retrouve l’âme qu’elle a toujours eue, celle de la maison familiale de la famille Rossi et déplacer les œuvres qui s’y trouvaient, dans un musée en ville."

"Homme de caractère comme je le disais, il a beaucoup vécu dans l’ombre de son père. Après avoir rencontré ce fils d’un monstre sacré de la chanson française je pense que cette position n’était pas si évidente que ça pour lui. Pourtant il s’activait avec force tous les jours pour défendre l’image de son père et le patrimoine Tino Rossi, précurseur de la musique française voire européenne dans les années 40. "
 
"Humainement je n’aime pas les histoires qui finissent mal, j’ai envie, pour garder le souvenir de Laurent Rossi, d’entretenir un lien d’amitié avec Jean-Baptiste et Constantin ses fils comme je l’avais avec leur père. Je serais, avec le maire d’Ajaccio, toujours là pour les recevoir, parler de leur père et de leur grand-père et essayer de construire plus à Ajaccio en leur mémoire." 
 
"Ce sera sans doute leur futur challenge, leur pierre à l’édifice de cette grande histoire familiale. Une façon de dépasser leur chagrin, mais aussi de ressusciter avec leurs âmes, leur père et leur grand-père qui seraient ainsi réunis pour toujours dans les rues de la ville d’Ajaccio ou un musée. Et pourquoi pas une statue à l’effigie de Tino Rossi."
 
«Vivre est une chanson et mourir en est le refrain…» a dit le prêtre pendant la cérémonie, un peu comme si l’immortalité les avait pris. Je les imagine déjà en train de chanter à l’unisson dans les jardins de la maison familiale du Scudo, autour des fleurs endémiques du même nom qu’ils aimaient tous deux.