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Eric Simoni : « Aucune citadelle ne tombera sans nous ! Rien ne se fera ! »


Nicole Mari le Jeudi 13 Mars 2014 à 23:16

Meeting de campagne pour le candidat de Corsica Libera, tête de liste d’Un alba nova per Bastia, jeudi soir, à la salle polyvalente de Lupino. A dix jours du 1er tour de l’élection municipale, Eric Simoni a lancé un appel à la mobilisation, à « un vote utile » pour peser sur les choix du 2nd tour. Avec ses colistiers, il a férocement taclé l’équipe Zuccarelli, son bilan, ses propos et ses projets. S’il se dit prêt à toutes les coalitions sur des choix politiques clairs pour faire tomber la citadelle, il affirme que celle-ci ne peut tomber sans l’union préalable des Nationalistes, « seule garantie d’un vrai changement ». Il réagit, pour Corse Net Infos, au dernier sondage qui le crédite de 5% d’intentions de vote.



Eric Simoni, candidat de Corsica Libera aux élections municipales, tête de liste d'Una alba nova per Bastia.
Eric Simoni, candidat de Corsica Libera aux élections municipales, tête de liste d'Una alba nova per Bastia.
Faire tomber la citadelle par l’union du mouvement national et ouvrir la voie à un changement profond en agrégeant des forces de progrès, c’est l’objectif visé par Eric Simoni et sa liste « Une alba nova per Bastia » lors de ces élections municipales. Avec ses colistiers, le candidat indépendantiste a martelé le message tout au long du meeting, à l’intention non seulement des électeurs bastiais, mais aussi de Gilles Simeoni que le tout dernier sondage, tout juste publié, place encore en pôle position pour remporter le scrutin. En l’absence d’accord et de discussions finalisées entre les deux camps du mouvement national bastiais, au moment où le divorce consommé à gauche rend l’espoir crédible et où les rues de la ville bruissent de multiples rumeurs sur de possibles alliances au soir du 1er tour, Eric Simoni tient à mettre les choses au point. Fermement et sans langue de bois.
 
Les fossoyeurs de la Corse
Le feu nourri pourfend, d’abord, la citadelle Zuccarelliste et ses héritiers.
Petr’Anto Tomasi, qui joue le maître de cérémonie, tire la 1ère salve contre « les attaques infamantes de Jean Zuccarelli et de Francis Riolacci à l’encontre des Nationalistes. Ces gens représentent les fossoyeurs de la Corse et de son peuple, ceux qui ont toujours dit Non à tout ! Nous ne leur ferons aucune concession ! ». Justifiant le choix de Lupino comme « symbole du chantage à l’emploi, à l’aide sociale et de toutes les dérives clientélistes », il brocarde la politique sociale de la « bourgeoisie pseudo-communiste bastiaise ».
A sa suite, Culomba Sicurani, 6ème sur la liste, évoque, en langue corse, les problèmes de la jeunesse, « I prezzi so troppu cari » et tacle la politique patrimoniale de l’équipe sortante qui veut « faire de Bastia une cité qui n’est plus Bastia. U nostru patrimoniu he distruttu per fa parkings. Nous ne voulons pas d’une cité qui ressemblerait à une cité française sans âme, ni piéton ! ».
 
Un appel à la jeunesse
La dénonciation est tout aussi virulente chez Josépha Geronimi, en 2ème position sur la liste, qui fustige l’identité stéréotypée de la ville et la destruction du Puntettu : « une véritable hérésie ! On massacre un quartier pour le donner à un promoteur, pour construire un parking et un immeuble de standing avec vue sur la mer ! ». La jeune militante s’en prend également à la politique culturelle « désastreuse » et au discours électoral de certains candidats « où subitement la langue corse apparaît. C’est très tendance d’aimer la langue corse en période électorale ! ». Avant de lancer un appel à la jeunesse bastiaise « qui se reconnaît dans un avenir commun, pour vivre dans une ville qui nous ressemble ».
Pierre Louis Penciolelli, à la 3ème place, enfonce le clou contre la municipalité sortante et pose la question de la corsisation des emplois : « Le travail, les postes à responsabilité à Bastia, ce sont les Français qui les ont ! Nous, nous voulons que ce soit les Corses ! Nous devons nous battre pour que ces postes soient occupés par des jeunes Corses issus de notre université ».
 
Des pharaons de pacotille
Eric Simoni tire à boulets rouges sur le bilan économique et social du maire sortant : « Emile Zuccarelli s’enorgueillit du nombre d’entreprises créées, mais combien ont déposé le bilan, étouffées par les prélèvements ! La vraie action économique a été sacrifiée sur l’autel de la spéculation. Un développement économique, qui ne crée pas du bien-être social, n’est pas un développement économique, mais obéit à des intérêts particuliers souvent extérieurs à la Corse ». Son cheval de bataille, c’est le port de la Carbonite : « ce port du mensonge et de la peur, symptomatique de leur manière de faire les choses, de faire table rase de tout ce que nous sommes… Cette transmission dynastique du pouvoir a quelque chose de choquant. Elle se fait au détriment des projets, des compétences, du bien et de l’intérêt commun. C’est inadmissible. Ces pharaons de pacotille ne vont pas léguer à la postérité les pyramides de Khéops, mais le port de la Carbonite ! ».
 
Les cauchemars cagoulés
Revenant, ensuite, sur un terrain plus politique, le candidat indépendantiste raille celui qu’il désigne comme son seul véritable adversaire : « Jean Zuccarelli se pose beaucoup de questions. Il se demande si c’est l’eau qui monte ou si c’est lui qui coule ! Nous pouvons lui dire que c’est un peu des deux. Ses attaques réitérées avec Mr Riolacci et son politburo contre les Nationalistes, ses attaques indignes, qui voulaient réactiver les vieux démons de la triste et défunte CFR, ne le sauveront pas du naufrage ! ». Il ironise sur les « cauchemars » de Jean Zuccarelli, qui « se réveille la nuit en sueur et rêve de monstres cagoulés qui, le couteau entre les dents, investissent ce qu’il considère comme étant sa mairie ». Et conclut, caustique : « Cette peur indicible, ils essayent de la distiller au peuple, mais la peur, cette fois-ci, ne marchera pas ! ». Il précise que, seul, Corsica Libera doit se sentir insulté par ces attaques « parce que nous sommes les seuls à nous opposer véritablement à ce système. Sans nous, rien ne se fera ! ».
 
Pas de compromission
Le mot a été lâché dès le début du meeting et martelé comme une évidence par chacun des orateurs. D’emblée, Jean-Guy Talamoni avait posé le mouvement national comme « colonne vertébrale du changement ». Pour lui, « sortir les sortants » est nécessaire, mais pas suffisant pour « changer profondément les choses et l’avenir de nos enfants ». Rappelant les avancées obtenues à l’Assemblée de Corse sur les fondamentaux nationalistes, il distingue « l’ouverture au compromis » du « plongeon dans la compromission » et refuse, à Bastia, comme ailleurs, de sacrifier les fondamentaux politiques aux objectifs électoraux. « Les Nationalistes n’ont pas vocation à gérer ou à cogérer la Corse, mais à la gouverner ! ».
 
Des choix clairs
Rosa Prosperi enchaine avec une démonstration en 3 points : « La citadelle doit tomber. Mais avec qui ? Elle ne pourra tomber qu’avec tous les Nationalistes. Elle ne tombera pas sans nous ! Pourquoi ? Bastia doit rester une ville corse, retrouver son attractivité et faire triompher la justice sociale. Comment ? Par des choix politiques clairs que nous sommes les seuls à porter et à pouvoir imposer au soir du 2ème tour, quelque soit le gagnant. Les alliances improbables ne pourront pas balayer la citadelle ! ». Elle lance un appel à la mobilisation générale : « On a besoin de vous. Aidez-nous à continuer à défendre les Corses ! C’est pour vous que nous nous battons ! ».
 
La pérestroïka bastiaise
Eric Simoni conclut sur les coalitions potentielles qui pourraient se dessiner au soir du 1er tour. Il n’est pas contre une alliance large, mais à condition que le mouvement national ait la priorité. « Nous sommes ouverts à toute coalition qui peut faire tomber la citadelle. Bastia, et c’est historique, pourrait connaître sa pérestroïka. Dans la pérestroïka, il y a les garants du changement, ceux qui se sont toujours battus contre le système et ont payé le prix fort : c’est nous ! La pérestroïka peut inclure des techniciens qui ont servi la mauvaise politique, mais peuvent, grâce à leurs compétences, servir une meilleure politique ». Pour qu’aucune alternative ne se réalise sans eux, le candidat indépendantiste explique que les dix jours à-venir sont décisifs et appelle à un « vote utile et nécessaire » en faveur de sa liste.
 
N.M.



La réaction d’Eric Simoni au dernier sondage Opinion Way qui le crédite de 5% des intentions de vote.
 
- Comment réagissez-vous à ce sondage ?
- Nous n’avons pas les yeux rivés sur les sondages. Ce qui nous intéresse, c’est le projet ! Notre action politique n’est pas rythmée par le résultat du sondage, mais par la force de nos convictions et par la défense des intérêts des Bastiais. Nos retours de terrain sont excellents. Nous avons, actuellement, une dynamique qui nous rendra incontournable.
 
- Dans le cas d’une alliance nationaliste au 2nd tour, comment expliquez-vous que, selon le sondage, seulement 1% de votre électorat se reporterait sur Gilles Simeoni ?
- Nous pensons que l’interprétation des sondages et les projections de 2nd tour sont erronées. On s’aperçoit que des listes qui, dans ce même sondage, ne franchiraient pas le 1er tour, se retrouvent encore représentées, comme, par exemple, la liste de Jean-Louis Milani sur certaines projections. Tout cela nous paraît un petit peu farfelu ! Quoi qu’il en soit, il est certain que la représentativité de nos idées sera un élément important pour créer une dynamique de victoire. Il n’y aura de dynamique victorieuse qu’avec la convergence des forces nationalistes à Bastia qui nous permettraient d’affirmer notre identité sans renoncer à rien de nos objectifs et de nos solidarités.
 
Propos recueillis par Nicole MARI