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Des capteurs installés au fond des lacs de Melu et Capitellu pour mesurer l’impact du changement climatique


le Lundi 18 Septembre 2023 à 18:37

L'Office de l'Environnement de la Corse mené une opération scientifique d'envergure début septembre afin de mieux connaître les effets du changement climatique et de suivre l'état écologique des deux lacs de la Restonica. Réalisée en collaboration avec les SIS 2B et 2A et l'Université de Corse, et le Pr Balestra de l'Université de Bruxelles, cette action a également permis de mesurer l'impact de la plongée en altitude



(Photo : Office de l'Environnement de la Corse)
(Photo : Office de l'Environnement de la Corse)
La quiétude des lacs de Melu et Capitellu s’est vue troublée durant quelques heures les 5 et 6 septembre à l’occasion d’une opération scientifique d’envergure menée par l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC). « Nous sommes engagés dans un groupement national de lacs sentinelles qui a pour but d’étudier l’impact du changement climatique et qui rassemble des gestionnaires et des chercheurs dans les Alpes et en Corse. L’idée c’est d’avoir des protocoles standardisés et communs pour que nous ayons des données comparables entre nos espaces naturels. Durant deux jours, des capteurs de températures et d’oxygène dissous ont ainsi été placés dans les lacs de Melu et Capitellu », dévoile Pierre-Jean Albertini, conservateur de la réserve naturelle du massif du Monte Ritondu pour l’OEC et responsable du programme d’études des lacs de montagne corse, en relevant que « ces deux paramètres influent sur l’ensemble de la vie d’un lac ». 
 
Installés grâce à la collaboration de 10 plongeurs des Services d’Incendie et de Secours (SIS) de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, ces capteurs permettront de récolter des données qui seront ensuite analysées annuellement par l’OEC pour fournir un état des lieux. Elles seront également mises à disposition des scientifiques et des partenaires de l’office, dont le laboratoire d’hydrobiologie de l’Université de Corte afin d’engager des études complémentaires sur d’autres paramètres. « À un niveau plus large, ces données seront bancarisées au niveau national dans l’initiative lacs sentinelles, ce qui nous permettra d’avoir une analyse sur une échelle plus grande que la Corse et de voir où se situent nos lacs en termes d’état écologique comparé à des lacs de l’arc alpin ou pyrénéen », ajoute Pierre-Jean Albertini en précisant : « Pour avoir une analyse rigoureuse, scientifique et fiable vis-à-vis du changement climatique, il nous faut une donnée suffisamment importante. Sur la température d’un lac, pour lisser les épiphénomènes, les canicules ponctuelles ou les coups de froid, il nous faudrait au moins une dizaine d’années de données pour pouvoir dégager les premières tendances ».

 

Une étude inédite sur l'impact de la plongée en montagne

L'opération a mobilisé plus d'une vingtaine de personnes parmi lesquelles des agents de l'OEC, des hydrobiologistes de l'Université de Corte, et ainsi que des plongeurs des SIS 2A et 2B et une équipe de secours en montagne (Photo : OEC)
L'opération a mobilisé plus d'une vingtaine de personnes parmi lesquelles des agents de l'OEC, des hydrobiologistes de l'Université de Corte, et ainsi que des plongeurs des SIS 2A et 2B et une équipe de secours en montagne (Photo : OEC)
Par ailleurs, le but de l'opération dans la Restonica était aussi de poursuivre un programme développé par l’OEC depuis 2005 afin de suivre l’état écologique des lacs de Melu et Capitellu. « Ce programme permet d’observer un certain nombre de paramètres sur les lacs qui ont un double forçage lié aux activités anthropiques et au changement climatique. Nous faisons des prélèvements d’invertébrés, d’eau, d’algues et de phytoplancton pour pouvoir analyser l’état du milieu et voir si ces lacs sont en bonne santé écologique ou non », explique Pierre-Jean Albertini en notant que là aussi, la collaboration avec les SIS s’avère indispensable. « Une grande des parties des prélèvements est réalisée sur le fond des lacs et nécessite donc l’intervention des plongeurs. Depuis 2005, nous menons ce programme de prélèvements avec l’ancien SDIS 2B, car les lacs étudiés sont en Haute-Corse. Cette année nous avons inclus le SIS 2A dans nos dispositifs, car cela permet à leurs équipes de réaliser une mission d’entraînement s’ils sont un jour amenés à intervenir dans ce type de milieu » livre-t-il encore. 
 
Enfin, cette action sur les lacs de Melu et Capitellu a également été l’occasion pour le Pr Costantino Balesta de l’Université de Bruxelles d’étudier les conditions de récupération des plongeurs suite à la décompression. « Cela n’avait jamais été fait en montagne », souligne Pierre-Jean Albertini. « Le lac de Capitellu fait 40m de fond à 2000m d’altitude, et ce sont donc des conditions très particulières qui correspondent à des milieux extrêmes qui n’avaient jamais étudié. Cela a été l’occasion de faire de l’échographie cardiaque sur les plongeurs après les plongées pour suivre ce qui se passe dans l’organisme », détaille-t-il. 

 

(Photos : Office de l'Environnement de la Corse)