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Barreau d'Ajaccio : Me Stéphane Nesa succédera au bâtonnier Jean-François Casalta


le Vendredi 20 Janvier 2017 à 21:14

Vendredi matin se déroulait à Ajaccio l'élection du futur Bâtonnier. Une élection sans surprise puisque Me Stéphane Nesa était le seul candidat en lice. Il succédera donc à Me Jean-François Casalta en janvier 2018.



Au premier plan Me Casalta, et au second plan Me Nesa.
Au premier plan Me Casalta, et au second plan Me Nesa.
Qui est Me Nesa ?
Jeune avocat de 39 ans, Me Nesa est spécialisé depuis une dizaine d'années dans le Droit public. Il est actuellement membre du Conseil de l'Ordre du Barreau d'Ajaccio. 

La suppression des Dauphins 
Me Casalta est le dernier Bâtonnier ajaccien à être passé par une année de Dauphinat. Dans l'ancien système, une élection permettait d'élire un Dauphin, qui avait ensuite une année pour se familiariser à sa future fonction. Aux termes de cette année, le Dauphin se représentait au suffrage des confrères pour devenir bâtonnier.

Dans le nouveau système, les avocats du Barreau d'Ajaccio élisent désormais un Bâtonnier par anticipation. Me Nesa est donc élu, mais il ne prendra effectivement ses fonctions qu'en janvier 2018. Durant l'année 2017, il siégera toujours au Conseil de l'Ordre, mais seulement en tant que Bâtonnier en devenir, et n'aura donc plus de voix délibérative. Stéphane Nesa aura un an pour se familiariser avec Me Casalta à sa future fonction ainsi qu'aux dossiers en cours.
  
 
Interview de Me Stéphane Nesa,  bâtonnier en devenir

- Que représente cette transmission du bâton pour vous ?
- J'en discutais amicalement avec des confrères: toute proportion gardée et en toute laïcité, le passage de bâton c'est un peu comme la soirée de transmission de la prière pour enlever l'Ochju. C'est-à-dire que j'ai un an pour prendre connaissance avec le bâtonnier d'un certain nombre de sujets dans lesquels on intervient avec énormément de diplomatie et de discrétion. Ca c'est la première phase. Je ne vais pas être initié aux discussions avec les différentes institutions judiciaires avec lesquels nous discutons de manière paisible, puisqu'en tant que membre du Conseil de l'Ordre je suis déjà de fait au courant. La seconde phase, consistera aux côtés du bâtonnier à prendre des attaches avec la Conférence des Bâtonniers, qui est l'organisation représentative des bâtonniers de France, et tisser des liens avec d'autres Barreaux. Nous avons déjà bien entendu de très bonnes relations avec nos confrères de Haute-Corse.


- Quels seront vos challenges en tant que bâtonnier ?
- On a des défis devant nous très importants comme la dématérialisation des procédures par exemple. On est un barreau jeune, ce qui est un bon signe de vitalité. Il y a aussi des difficultés avec l'aide juridictionnelle, et potentiellement des cabinets qui se retrouvent dans des situations délicates, mais c'est là aussi tout l'enjeu qui est le notre: il y a eu ce fameux  rapport sur la justice du 21ème siècle, qui ambitionne de replacer le justiciable au coeur de l'institution judiciaire. C'est un début de raisonnement, mais pour cela il faut replacer l'avocat au centre de la société. Aujourd'hui encore, bon nombre de procédures ne nécessitent pas obligatoirement l'aide d'un avocat. On est dans un système qui se mondialise économiquement, et qui devient de plus en plus sournois dans l'application des règles de tous les jours de la vie civile. Il faut qu'on arrive à faire comprendre aux justiciables qu'il est dans leur intérêt de venir frapper aux portes de nos cabinets. Nous avons donc un réel travail de communication à faire. Notre préoccupation n'est pas seulement de faire vivre nos cabinets, mais que nos cabinets vivent au mieux des intérêts du justiciable, car si la profession est mis en danger, à terme c'est le justiciable qui trinque ! Le terme "avocat" vient du latin "ad vocatus", celui que l'on appelle. On ne vit que par les dossiers que l'on vient déposer sur nos bureaux. Il faut donc redonner du sens au rôle de l'avocat dans la société.


- Un rôle qui se perd selon vous ?
- Regardez, on est tellement en perte de repère qu'on en arrive à des dérives totalement inacceptables, comme ce qu'il s'est passé dernièrement à Ajaccio avec le bâtonnier Me Gatti ! Me Gatti a été insulté pour avoir défendu une personne et ce en raison de l'origine de cette personne, et parce qu'il a eu l'audace d'évoquer un certain nombre de sujet à la barre. C'est inacceptable, donc je le répète : il faut que l'on recentre aussi l'avocat, au coeur de la société.