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A Spannata : L’enfance de l’art


H.B le Jeudi 22 Juin 2017 à 23:43

L’association A Spannata expose, à Ajaccio, les peintures de Solange Galazzo et continue son travail d’inclusion des aînés. Une exposition où formes et couleurs stimulent la mémoire et la créativité de tous.



Détail d'une peinture exporée à A Spannata
Détail d'une peinture exporée à A Spannata

Des couleurs pour le dire

Chaque jour, au sein l’accueil de jour A Spannata situé dans les locaux de l’ADMR, rue Rossi, à Ajaccio, plusieurs aînés bénéficient d’une solution alternative au placement en établissement spécialisé. La démarche globale de l'association est un véritable un projet politique tourné vers les bénéficiaires du service. Ici il n’est jamais question de laisser les aînés dans une inaction qui serait vorace, mais l'objectif ici est la stimulation. Le programme peut paraître chargé : atelier contes, cuisine, musicothérapie, arts plastiques et même des sorties extérieures, mais l’encadrement humain et les conditions d’accueil offrent à tous la possibilité de participer (dans la mesure de ses capacités et de ses envies). Bernard di Scala, coordinateur de l’équipe d’Aide Médico-Spécialisé l'affirme. Ici c’est “la vision de ce que doit être un accueil de jour” qui est à chaque instant affirmé par l'association et ses membres.

Alors qu’à l'extérieur de l’établissement la canicule règne sans partage, l'association propose au sein des parties communes une chaleur bien plus douce à destination des aînés en leur proposant une exposition des oeuvres de l'artiste Solange Galazzo. Les oeuvres, ici, n’ont pas pour finalité d’être de simples artifices décoratifs, mais bien des éléments thérapeutiques. Là encore la vision de Bernard di Scala est claire :  “
L’intérêt d’avoir des oeuvres de qualité exposées dans notre lieu donne des résultats fabuleux. Dans la continuité de l’exposition nous proposons un travail autour des oeuvres au cours de notre atelier arts plastiques et l'on trouve un joli mimétisme voir une reproduction consciente du travail de la peinture. On constate qu’il y a chez les aînés une réaction positive à la couleur !”.

La rencontre avec l’artiste renforce cet intérêt pour les oeuvres : “
Un des aînés m’a demandé de l’accompagner et de faire le tour des peintures. Pour chaque tableau nous avons échangés autour des tableaux commentés, chacun ces dessins. Ensuite, il y a eu des ateliers pratiques et cet échange s’est prolongé entre eux tous.” Riches en couleurs, en symboles et figuratives, ces oeuvres présentent un véritable intérêt et suscitent la mémoire de ceux qui les regardent. Solange Galazzo, est ravie des sentiments que procurent ses oeuvres auprès de ce public. Elle trouve une continuité avec sa démarche personnelle. Elle, qui depuis de nombreuses années, peint le voyage et la découverte avoue placer la mémoire et les souvenirs au centre de sa démarche artistique : “Vous savez, ma découverte de l’Afrique a été un véritable choc ! Pendant 15 jours en revenant de Tanzanie j’ai gardé tous les images, les sons et les bruits de ce continent sans vraiment pouvoir peindre quoi que ce soit. Comment pouvais-je peindre l’Afrique ? Comment pouvais-je raconter tout cela ?” Cédant alors à la “toile blanche” l’artiste se souvient de sa rencontre avec un buffle... En 4x4, elle parcourait le pays quand un troupeau est passé à proximité. Au milieu une des bêtes s’arrête et l’observe, semblant lui demander du regard : “Mais que fais-tu là, toi ?”. C’est ainsi qu’est venu le désir de peindre le continent noir : peindre l’animal, peindre cette interrogation et tirer le fil de cette question.

 

Solange Galazzo, peindre l’imaginaire du voyage et faire voyager

La mémoire de l’artiste est ici déclencheur de sa peinture et permet de faire émerger la mémoire de ces aînés qui, tous les jours ou presque, voient dans ces couleurs et cette matière des éléments passés de leur vie. Solange Galazzo travail sur les traces… “J’ai commencé à peindre à l’âge de huit ans, mon grand père m’avait offert du matériel de peinture à l’huile ! Il m’a demandé de reproduire un tableau. J’ai apprécié l’exercice et je parvenais à faire un travail qui me convienne. Alors, j’ai continué, sans trop me poser de questions…” à quatorze ans la jeune femme, en parallèle de ses études secondaires, intègre une école des beaux-arts et termine avec le premier prix en poche. Elle réussi le concours de l’école Claude Bernard (école normale supérieure d’arts plastiques) et commence à enseigner aux Arts Décoratifs de Strasbourg et dans plusieurs autres écoles d’arts. Pourtant Solange Galazzo va désapprendre sciemment toutes ses techniques et se confronter au monde : elle aime voyager et puisqu’elle aime les peuples elle décide de partir à leur découverte. Au contact du quotidien, principalement au Mexique, elle oriente son travail : “Je n’ai jamais vraiment voyagé par loisir, je pars avec un travail de recherche en tête. Finalement, sur place, le réel me rattrape et je commence à dessiner ou à peindre sur place.” C’est certainement cette recherche qui touche les aînés, sensibles à la dimension du voyage dans l’âme et la mémoire d’êtres humains.

Ce qui touche les gens, c’est certainement ce qui me touche quand je fais une peinture : le rapport au sacré, l’équilibre des mondes. La Tanzanie, par exemple, est un univers différent. Au milieu de Massai qui vivent ainsi depuis plus de 2000 ans, j’ai vu l’Occident arriver et essayer de pénétrer cette culture.  Ce sont ces éléments à préserver que j’incorpore à ma peinture et qui parlent certainement à tous.

Assurément, dans les locaux d’
A Spannata, cet été 2017, les aînés sont sensibles à ce propos et à une technique picturale au service de la mémoire de tous.

 

Architecture au milieu des chants et des danses au Zòcalo !
Architecture au milieu des chants et des danses au Zòcalo !