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A Porto-Vecchio, un séminaire pour que les institutions s’adaptent enfin aux personnes en situation de handicap


le Jeudi 18 Avril 2024 à 08:05

Ce mercredi, l’Agence régionale de santé (ARS) a choisi Porto-Vecchio comme lieu d’accueil d’un séminaire, dont l’objectif est de renverser la pyramide de la prise en charge des personnes en situation de handicap. Autrement dit, ce ne sont plus à ces dernières de s’adapter à ce que l’institution leur propose, c’est à l’institution d’entendre leur voix et de tenir compte de leurs choix de vie. Un peu plus de 11 millions d’euros vont être consacrés à cette « transformation de l’offre » en Corse.



Le séminaire a eu lieu ce mercredi dans la salle rouge de l'espace culturel Jean-Paul De Rocca Serra à Porto-Vecchio.
Le séminaire a eu lieu ce mercredi dans la salle rouge de l'espace culturel Jean-Paul De Rocca Serra à Porto-Vecchio.
Repeindre un mur, c’est autorisé par la loi, qu’on soit propriétaire ou locataire. Ca permet de satisfaire une envie, un besoin. Mais repeindre un mur quand on est une personne en situation de handicap hébergée dans un foyer pour adultes handicapés, ce n’est pas aussi simple. Pourtant, l’envie ou le besoin sont les mêmes, mais la personne est prise dans une machinerie institutionnelle qui ne lui octroie pas la même liberté. « L’autodétermination, c’est un besoin que nous avons tous. Et les personnes que l’on accompagne, également », confirme François Bernard, le directeur général du GAPAS (groupement des associations partenaires d’action sociale), une structure des Hauts-de-France qui fait référence dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. 

Ces personnes « sont-elles obligées de prendre leur petit-déjeuner entre 7 h et 7 h 30 ? Ont-elles le droit de dîner dans leur chambre ? », interpelle le directeur, invité par l'ARS à s'exprimer durant le séminaire porto-vecchiais. Il veut « faire en sorte que la vie collective (dans ces structures d’accompagnement) ne prenne pas forcément le dessus sur l’individualisation et l’accompagnement des personnes. »

"Se sentir utile"

Lui qui a déjà géré un foyer de vie interroge le personnel accompagnant à repenser les activités qui peuvent parfois être proposées : « Franchement, qui fait de la pâte à modeler quand on est adulte ? Il faut qu’on arrête avec ça et qu’on oriente plutôt les personnes en situation de handicap sur des actions où elles pourront se sentir utiles, comme dans le milieu associatif, avec un rôle social ou d’insertion. » Pour ce faire, François Bernard en convient, « il manque un pilotage national, c’est laissé au bon vouloir des organismes gestionnaires ».

Conscient de ce retard, l’État a acté l’an dernier durant la Conférence nationale du handicap le déploiement de son plan d’action, intitulé 50 000 solutions. Comme son nom l’indique, ce plan prévoit de mettre en œuvre 50 000 nouvelles solutions à l’horizon 2030, afin d’améliorer les quotidiens des personnes en situation de handicap, adultes comme enfants. Et dans le cadre de ce plan, 11,1 millions d’euros ont été alloués à la Corse, qui en aura besoin, souligne Audrey Colonna, directrice du pôle médioc-social de l’Agence régional de santé : « La Haute-Corse, notamment, fait partie des territoires déficitaires. Un état des lieux global est en cours avec la Collectivité de Corse. »

En milieu scolaire aussi

Pour accélérer la dynamique de transformation de l’offre, différentes priorités ont été identifiées, comme accompagner l’inclusion sur les lieux de vie, améliorer la scolarisation des élèves en situation de handicap ou soutenir l’accès ou le maintien à l’emploi. « Il y a ce sentiment que le secteur du médico-social se voit souvent taxé d’un certain immobilisme. Je suis persuadée que cette transformation de l’offre, c’est la survie de ce secteur », a noté la directrice de l’Agence régionale de santé, Marie-Hélène Lecenne. Elle estime qu’il est temps « d’arrêter avec une approche médicalisée du handicap. Il faut reconnaître le droit à l’autodétermination des personnes en situation de handicap, en leur permettant l’accès à des prestations individualisées à l’accompagnement. »

Ce séminaire doit servir à remplir la feuille de route qui sera transmise le 31 mai au CNSA, la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Des ateliers et des formations proposées par le GAPAS seront ensuite accessibles aux professionnels du médico-social en Corse, pour une mise en œuvre des mesures échelonnée sur la période 2024-2028.