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20 ans de réclusion contre le détenu qui a attaqué deux gardiens de Borgo


La rédaction avec AFP le Vendredi 19 Novembre 2021 à 21:52

Une peine de 25 ans de réclusion criminelle a été requise ce vendredi 19 novembre devant les Assises de Bastia à l'encontre de Morad Akaouch un détenu qui en 2018 avait agressé deux gardiens de la prison de Borgo. Il a été condamné à 20 ans de détention



Archives CNI
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Morad Akaouch, 32 ans, encourait la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir attaqué, le 19 janvier 2018, à six mois de sa sortie de détention, deux gardiens à de multiples reprises à la tête, au niveau des cervicales et des clavicules, avec une arme blanche jamais retrouvée.
Pour Arnaud Viornery, l'avocat général, qui a assorti la peine requise d'une période de sûreté des deux tiers, "on a tenté de tuer avec préméditation des surveillants pénitentiaires", c'est-à-dire "le visage de la République", deux hommes "qui ne méritaient pas ce qu'il leur est arrivé".Insistant sur le nombre de "coups de couteau" visant "les zones vitales", le représentant du ministère public a affirmé que "l'intention d'homicide" était "évidente et patente".
Les deux gardiens présentaient 11 et 13 plaies, chacun ayant "deux plaies profondes", sans pronostic vital engagé, a témoigné cette semaine le médecin légiste qui les avait examinés.

"Allah Akbar"
M. Viornery a néanmoins "totalement écarté le mobile terroriste", reconnaissant simplement "une connotation religieuse" dans cet acte. Après les faits, le détenu avait crié "Allah Akbar" puis s'était drapé d'un drapeau palestinien. Pour le magistrat, l'acte de l'accusé s'inscrit dans "un tunnel de vengeance qu'on se construit soi-même et qui conduit au sang": "M. Akaouch s'est enfermé dans un trait de personnalité où "tout le monde lui en veut" et a fini par céder à ce qu'il "a vécu comme une injustice de trop".

"Détruit et broyé" 
"Elles sont où les preuves ? A six mois de la fin de sa peine, il a pris un bout de fer et a agressé des surveillants devant des caméras. J'appelle ça une grosse connerie. Ce n'est pas de la préméditation", a martelé Me Yassine Maharsi, l'un des deux avocats de l'accusé, évoquant un "acte irrationnel, sans calcul" et demandant "une justice libre", sans évoquer de peine.
Me Lola Dubois, son deuxième conseil, a évoqué un gâchis : "Rien ne le prédestinait à être là. Il rêvait d'être joueur de football. On sait qu'il va être condamné. Mais il faut apprécier les circonstances qui entourent ces faits. Cette mesure d'isolement est en train de le tuer à petit feu. Il est presque déjà mort", a-t-elle mis en garde.
Morad Akaouch avait expliqué son geste par "un accès de colère" lié au "harcèlement des surveillants". Pour sa défense, "on l'a détruit et broyé", a-t-elle tranché, dénonçant "l'hypocrisie des surveillants" à la barre.
Les trois avocats des parties civiles ont demandé "une décision juste, à la mesure de la souffrance des victimes", en décrivant en Morad Akaouch "un monstre tapi qui ne demande qu'à surgir".

Dernier à s'exprimer, hors de son box, sur ordre de la présidente, Morad Akaouch a présenté une nouvelle fois "ses excuses" aux gardiens, comme il l'avait déjà fait au premier jour du procès: "J'ai commis un acte qui n'est pas normal. Je ne me reconnais pas là dedans. Je n'avais nullement l'intention de porter atteinte à leur vie. Je ne suis pas partie pour les tuer", a-t-il insisté.

Le verdict est tombé quelques heures plus tard : Morad Akaouch  a été condamné à 20 ans de réclusion .