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Voyage en Chine du maire de Bastia : règlement de comptes à OK Shanghaï


le Vendredi 22 Décembre 2023 à 08:40

Julien Morganti avait prévu de poser une question écrite à Pierre Savelli lors du conseil municipal de ce jeudi soir, pour lui demander de se justifier sur son déplacement en Chine. Mais le maire a coupé l'herbe sous le pied à son opposant en lisant un compte-rendu détaillé de ses quelques jours à Shanghaï. La suite a pris un tournant délétère et les invectives se sont conclues par un proverbe... chinois.



Entre Julien Morganti et Pierre Savelli, les débats sont houleux au conseil municipal de Bastia.
Entre Julien Morganti et Pierre Savelli, les débats sont houleux au conseil municipal de Bastia.
Les conseils municipaux se suivent et se ressemblent à Bastia, cristallisant l'inimitié que semblent nourrir l'un envers l'autre le maire de Bastia, Pierre Savelli, et l'élu d'opposition Julien Morganti. En novembre, ce sont des propos tenus sur les réseaux sociaux par Julien Morganti qui avaient fait sortir Pierre Savelli de ses gonds.

Et jeudi soir, le maire savait que l'élu du mouvement Un Futur pour Bastia allait le questionner sur ses cinq jours passés en Chine courant décembre. Il a pris les devants en lisant un communiqué pour se justifier. Ce déplacement, il l'a réalisé avec son adjointe à la culture, Mattea Lacave, mais sans son adjointe déléguée à la politique éducative, Ivana Polisini, pourtant prévue "mais contrainte d'annuler son déplacement pour des raisons médicales", a précisé le maire. Dernier membre de la mairie à avoir embarqué pour Shanghaï : son directeur de cabinet. Parmi la délégation, se trouvaient également le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, une partie de son équipe et des membres de la direction d'établissements scolaires bastiais.

"Le coût du voyage, payé par la ville de Bastia, s'élève à "6 358,43 euros" a indiqué Pierre Savelli : "Tout le reste des frais, les frais de déplacement sur place, les frais d'hébergement, de restauration, de représentation ont été intégralement pris en charge par les parties invitantes". L'invitation a été lancée par "le consulat de Chine à Marseille" et le maire justifie d'avoir accepté, car "Bastia compte en 2023 près de 180 élèves inscrits en filière chinoise au lycée Simon-Vinciguerra et au lycée Giocante de Casabianca".

Lors de ce séjour, des partenariats auraient été tissés avec une université chinoise et avec le lycée français de Shanghaï, en ce qui concerne "des projets pédagogiques" et "des échanges culturels" entre étudiants bastiais et chinois. "La présence du maire dans la délégation bastiaise au sein de la mission académique a permis de montrer aux parties chinoises - qui sont très attachées à ça, elles ne se déplacent jamais sans personnes politiques - le consensus institutionnel qui existe à Bastia et la volonté commune des élus, du recteur et des chefs d'établissements de développer la filière chinoise et son attractivité", a conclu Pierre Savelli.

Shanghaï Gate

Sur sa lancée, le maire a alors entrepris de répondre à la question écrite de Julien Morganti... qu'il n'avait pas encore posé ! "Peut-être qu'il serait bien que je la pose, la question, non ?", s'en est agacé son auteur, avant de s'exécuter : "Au regard des frais engendrés, quelle est la compétence communale qui justifie votre déplacement en délégation ?" "La commune a une clause générale de compétence qui lui permet d'agir en tout point, pourvu qu'il y ait dans cette action un intérêt public, lui a répondu Pierre Savelli. En Corse, il n'y a qu'à Bastia que l'on enseigne le chinois. À Ajaccio, c'est 25 élèves en tout..."

Le maire de Bastia a ensuite tenté de refermer le "Shanghaï Gate" : "On parle d'un coût de 6 400 euros... Quand on met en perspective les 26 millions d'euros d'investissement en 2023, la vacuité de cette question est vertigineuse !" Loin de se démonter, Julien Morganti entend "avoir communication de l'ensemble des frais de déplacement de votre cabinet pour l'année en cours, comme le propose le Conseil d'État. Ça nous permettra d'avoir des preuves de vos propos. Et concernant la compétence, on demandera au contrôle de légalité de se positionner sur ce voyage." 

"Accusations malsaines"

L'adjointe à la culture, Mattea Lacave, a ensuite regretté "les accusations malsaines" de Julien Morganti, ce qui a mis le feu aux poudres. "Il n'y a rien de malsain à poser une question", s'est défendu l'opposant. Derrière, le ton est monté : "Vous vous complaisez dans les caniveaux", a tonné Pierre Savelli, tandis que Julien Morganti continuait de lui indiquer que ce voyage en Chine ne relevait pas de sa compétence.

Finalement, celui qui a fait sortir du caniveau dans lequel s'était embourbé ce règlement de comptes, c'est Jean-Joseph Massoni, l'adjoint aux finances, qui en lisant un proverbe chinois, a réussi à détendre un peu tout le monde : "Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout lorsqu'il n'y est pas !"