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"Un ciel bleu comme une chaine", un roman inspiré par le double assassinat de Bastia-Poretta


Philippe Jammes le Jeudi 2 Mai 2024 à 10:12

Un roman de Valérie Van Oost, inspiré par le double assassinat de l’aéroport de Bastia-Poretta dont le procès se déroulera aux Assises des Bouches-du-Rhône à partir du 6 mai. Rencontre avec l’auteure.



- Valérie Van Oost, un mot sur votre parcours...
- Je suis originaire de la région d’Aix-Marseille. J’ai dû laisser la Méditerranée pour finir mes études à Paris. J’ai longtemps été journaliste avant de devenir consultante éditoriale. J’ai toujours eu une activité professionnelle en lien avec l’écriture, le fait de raconter le monde qui m’entoure, la rencontre avec les gens. C’est ce qui m’a toujours intéressée.

- Comment êtes-vous venue à l’écriture ? Des auteurs qui vous ont inspirée ?
- J’ai mis du temps avant d’oser me lancer dans un roman et d’écrire des histoires plus personnelles. J’écrivais des nouvelles, je participais à des ateliers d’écriture. Mais cela me taraudait. Je me souviens qu’à la lecture de « Chaos calme » de Sandro Veronesi, je m’étais dit que je voudrais pouvoir écrire un livre comme ça. Peut-être parce que son personnage principal observe les autres et perçoit ce que dissimulent les masques. Cela ressemble à ce que j’aime dans l’écriture ! J’apprécie beaucoup les auteurs italiens et je suis fascinée par la littérature russe.

- D’autres livres avant celui-ci ?
- J’ai publié deux romans, « Hurler sans bruit » et « Les garçons russes ne pleurent jamais ». Ils sont plutôt intimistes, traversés par les questions de maternité ou de non-maternité pour le premier ; de filiation, de crise adolescence et de quête identitaire pour le deuxième. La place que l’on a dans la société et les injonctions sociales sont des questionnements qui se retrouvent dans mes romans. Dans « Un ciel bleu comme une chaîne » également.

- Comment l’idée de ce roman sur le double assassinat de l’aéroport de Bastia Poretta est -elle venue ?
- A la lecture de l’article d’Ariane Chemin et Antoine Albertini dans Le Monde, « La double vie de Cathy la « matonne ». Cette femme m’a absolument fascinée. J’ai immédiatement mis ces deux pages de côté, pour laisser mûrir le sujet. Mais j’étais sûre que j’allais en faire quelque chose un jour.

- Roman mais sur fond de réalité … Comment vous êtes-vous plongée dans ce dossier ?
- Je voulais me détacher de l’histoire du double homicide de Bastia Poretta. J’ai lu ce qu’en rapportait la presse, mais j’ai utilisé l’affaire comme un prétexte, une trame de fond pour me concentrer sur un personnage inspiré par Cathy Sénéchal. J’ai inventé une rencontre imaginaire entre elle et une avocate commise d’office, en transposant l’affaire dans la région aixoise et à la prison de Luynes. J’ai voulu détacher mon histoire de la Corse. La Corse ne peut pas être un simple décor, elle est une personnalité à part entière qui aurait pris le pas sur l’histoire que je voulais raconter. J’ai créé une Kathy, avec un K, en tirant le fil de sa fascination pour les séries télé, comme Mafiosa. C’est un personnage qui cherche sa place, se rêve un destin, une vie plus intense et glisse dans une affaire de grand banditisme comme si elle devenait une héroïne de fiction. Mon histoire raconte la rencontre de deux femmes qui, chacune pour ses raisons, s’inventent des scénarios pour gagner une place dans la société, mais vivent dans des illusions.

- La Corse ?
- Comme je vous le disais au début, je suis originaire de la région d’Aix-Marseille, une région très attachée à la Corse. Je me souviens encore de la toute première fois où j’ai vu apparaître Calvi au soleil levant depuis le ferry de Marseille. Depuis, je n’ai jamais eu envie d’aller en Corse en avion !

- Des projets ?
- J’ai une idée de roman en train de germer et je cherche à adapter « Les garçons russes ne pleurent jamais » en roman graphique. Mais, j’ai d’abord envie de faire connaître aux lectrices et lecteurs mes héroïnes et leur quête d’un bout de ciel bleu.

« Kathy est aussi fascinée par les séries télé que par les caïds. Elle a quitté Bondy avec mari et enfants pour Vitrolles, une carrière de surveillante de prison et la mer. Placée en garde à vue, sa trajectoire percute celle de Laure, une avocate enserrée dans un scénario qu'elle a imaginé. Leur face-à-face va agir comme un révélateur. Mais peut-on s’évader d’une histoire construite sur des illusions ? ». Le roman, édité aux Editions La Trace, sortira le 9 mai.