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Lycée agricole de Sartène : Des rêves et des enjeux !


Ugo COLOMBANI le Mercredi 29 Mars 2017 à 20:50

L'Etablissement Public Local d'Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole (EPLEFPA) de Sartène a reçu le 17 mars et durant trois jours le 7ème Salon des métiers agricoles qu’il a organisé en partenariat avec la Chambre d’agriculture de Corse-du-Sud. Un moment privilégié durant lequel lycéens et professeurs ont animé une vingtaine d'ateliers sur l'élevage ou la fabrication de produits artisanaux. Jean Marc ANDREANI, directeur du lycée agricole, et Stéphanie PIREDA, élève en BP REA, nous offrent leur vision de cet établissement.



Lycée agricole de Sartène : Des rêves et des enjeux !
Situé au cœur de la vallée du Rizzanese, entre Propriano et Sartène, le lycée agricole dispose de nombreux atouts :
-Une équipe pédagogique expérimentée.
-Des méthodes pédagogiques privilégiant les apprentissages en situation professionnelle : Chantiers professionnels, Sorties pédagogiques, Voyages d’étude...
-De nombreuses structures d’accueil : Internat (ci-dessus), Self-service, Cafétéria, CDI, Salle informatique, Plateau omnisports, Salle de musculation, Terrain de football, Salle de jeux...
L’EPLEFPA de Sartène forme ainsi les agriculteurs corses de demain en leur enseignant le savoir-faire des métiers agricoles mais aussi en les accompagnant dans l'exercice d'un métier difficile dans des territoires ruraux.

Interview de Jean-Marc Andreani, directeur du lycée agricole de Sartène

- Tout d’abord, en quoi consiste la fonction de directeur du lycée agricole de Sartène ?
- Il est à la fois un proviseur de lycée (comme dans l'Education nationale), un acteur majeur de la formation d'adultes et de l'insertion professionnelle (à travers le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole), le responsable de la formation des jeunes par l'apprentissage (un Centre de Formation des Apprentis), et un agriculteur (une exploitation agricole avec 120 brebis lait-fromage, et 40 cochons charcutiers). Il cumule cela avec une mission d'accompagnement et de développement économique du territoire (sur le plan agricole et forestier).

- Pouvez-vous nous faire un bref historique du lycée ?
- Ouverture en 1985. En 1992, un second lycée agricole ouvre en Haute Corse, ce qui empêchera les deux établissements d'atteindre une taille critique et viable. En 1993, une crue hors normes emporte les bâtiments du CFPPA, situés au bord du Rizzanese. Hébergé depuis dans les locaux du lycée, cette situation crée des tensions dans la gestion des locaux, insuffisants pour accueillir l'ensemble de l'activité. En 2017, premiers coups de marteau (enfin ! ) qui mèneront à la rénovation totale du bâtiment de l'internat et à la création de trois nouvelles salles de cours .

- Quelles sont les fonctions du lycée, sur un plan théorique et pratique ? En quoi consistent sa mission principale et ses missions secondaires ?
- La mission principale reste l'enseignement et la formation. Mais l'enseignement agricole a également une mission d'accompagnement des territoires, sur le plan économique et d'innovation agricole. Cette dernière reste la plus difficile à remplir pour les lycées corses. L'existence de l'ODARC renvoie le financement et les choix politiques inhérents à cette activité vers cet organisme. Il a fait le choix (situation unique en France) de privilégier la station expérimentale d'Altiani, au détriment des lycées agricoles de l'île. Nous essayons d'avoir d'autres partenariats avec l'ODARC, et je remercie au passage son président, et les techniciens de terrain pour l'appui qu'ils nous apportent.

- Concernant les formations, quelques précisions ?
- Tous les centres de formation de l'établissement forment des jeunes et moins jeunes du CAPA au BTS. Les deux champs de formation sont l'agriculture (la production agricole) à travers le BPREA et le BTS ACSEA, la forêt (exploitation/gestion forestière avec un BAC PRO Travaux Forestiers et un BTS Gestion Forestière), et enfin l'environnement avec les CAPA Aménagement de l'espace et travaux en forêt, le BAC PRO Gestion des Milieux Naturels et le BTS Gestion et Protection de la Nature. Le BPREA reste à ce jour le diplôme phare menant à l'installation agricole qui conditionne l'obtention des aides de l'ODARC. Le BTS ACSE est censé prendre de plus en plus d'importance dans le processus d'installation, mais nous n'en sommes qu'aux prémices.

- Comment le lycée s'inscrit-il dans la région ?
- Le lycée agricole est le deuxième employeur de la commune de Sartene. Les retombées économiques sur la micro région du Sartenais-Valincu ont été évaluées à environ 400 000 € par an. Tous les acteurs agricoles, politiques, économiques sont conscients de l'importance de l'établissement pour le territoire.

-  L'élection récente à la CTC a-t-elle changé des choses ? Les élections présidentielles peuvent-elles avoir un impact ?
- Les élections présidentielles n'auront aucun impact. Les élections régionales n'ont plus sur un établissement qui reste à ce jour un service déconcentré de l'état, dirigé par un fonctionnaire d'État. Ce dernier  entretient d'excellentes relations avec toutes les majorités qui se sont succédées aux affaires, car, même si elles sont composées de personnes avec des positionnements politiques différents, ce sont tous des gens sincères, qui n'ont jamais sous estimé l'importance du soutien dont devait bénéficier ce lycée.

- Les projets futurs du lycée ?
- Ah... L'enjeu majeur de l'établissement reste la rénovation de son offre de formation. De nouvelles voies doivent être ouvertes. Elles rendront l'établissement plus attractif. Nous travaillons actuellement sur l'ouverture d'un BTS GeMeau (gestion des métiers de l'eau), ainsi que d'un BAC PRO rénové et intégrant la production agricole et l'agro-machinisme. Ce sont des projets qui s'inscriront dans la carte régionale de l'enseignement agricole qui est en cours d'élaboration. Il faut compter au moins deux ans pour voir se concrétiser les choses.

- Avez-vous des exemples de réussite ?
- Plein. De belles installations de jeunes agriculteurs, en production de plantes aromatiques, en viticulture, en transformation charcutière et fromagère... Trop long de tous les citer!

- Comment s’est déroulé le Salon des métiers agricoles ?
- Il s'est bien déroulé. La journée grand public à connu une affluence moindre que les années précédentes, dû à la concurrence d'autres manifestations sur le territoire, et à une météo un peu capricieuse. Mais rien d'alarmant en soi.

- Si vous aviez un souhait réalisable pour le lycée ?
- La création de notre atelier d'agro-machinisme, avec l'aide de la CTC qui s'y est engagée pour fin 2018/début 2019.

- Et un souhait rêvé?
- La rénovation complète des bâtiments scolaires (les salles de classe) qui nécessitent une remise à niveau importante en matière d'isolation énergétique et de mise en sécurité anti-intrusion. Mais c'est un très gros chantier. Chaque chose en son temps !

Constats et envies de Stéphanie Piredda, élève du lycée agricole de Sartène

C’est une voix enjouée qui répond au téléphone. Celle d'une jeune femme de 36 ans qui a choisi d’entamer une reconversion professionnelle. Son souhait : reprendre une entreprise fromagère. Elle s’est inscrite en BP REA, c’est-à-dire Responsable d’Exploitation Agricole, spécialité transformation fromagère. Elle suit une formation adulte de 8 mois, ponctuée d’un stage en entreprise d’une durée de 20 à 30 jours. Elle en est très satisfaite sur le contenu, seul petit bémol, le mélange des âges, avec les apprentis. La tranche d’âge s’échelonne de 21 ans à 48 ans et, forcément, les ambitions et l’attention ne sont pas nécessairement similaires, même si cela peut générer un principe d’émulation.
La formation repose sur un dossier à monter, un pré-diagnostic d’installation. Il s’agit, tout bonnement, de vérifier si le projet professionnel d’installation ou de reprise est viable. Par exemple, il faut fournir un projet comptable sur 5 ans. Les 8 mois sont donc clôturés par une présentation orale du projet professionnel. Pour réussir cette épreuve, le contenu des cours mélange théorie et pratique.
Au rayon des souhaits, le jeune femme estime qu'un focus plus intense sur la création d’entreprise et les aides ne serait pas de trop, en plus des cours déjà existants dans ce domaine. Plus de cas par cas serait le bienvenu, mais cela implique aussi plus de financement, sujet toujours épineux. Dernier aspect pratique, trouver des solutions pour le logement car seuls les lycéens bénéficient de l’internat.
Quand on aborde le registre des regrets éventuels, la réponse est claire : « absolument pas ! » La volonté est limpide : devenir agriculteur. L’outil est là : le lycée agricole de Sartène. C’est un mariage heureux et, comme tous les mariages, cela s’entretient quotidiennement.
 

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