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Les communistes corses exécutent Mélenchon


Jacques RENUCCI le Vendredi 10 Novembre 2017 à 17:30

Le Parti communiste juge inappropriés, si ce n'est insupportables, les propos de Mélenchon sur la liste d'union*



Les communistes corses exécutent Mélenchon
Dans un article en principe consacré à la situation catalane, Jean-Luc Mélenchon se lance dans une violente attaque contre l’union réalisée en Corse entre ses anciens représentants aux législatives 2017 et le Parti communiste français. 
Mélenchon ne supporte visiblement pas que nos alliés insoumis n’aient pas obéi à la fatwa anticommuniste qu’il avait lancée par un tweet incendiaire, le 3 septembre dernier. 
Et il a choisi son vocabulaire : après avoir commencé par affirmer, s’agissant de la Catalogne, que «pour un responsable français, il est indispensable de faire preuve de retenue et de peser soigneusement ses mots et ses propositions », il se lance, s’agissant de la Corse, dans une entreprise tout à fait inattendue de séduction idéologique à l’égard des «autonomistes » dont il salue le leadership au sein du mouvement nationaliste.   

Selon lui, « ceux qui sont attachés à l’unité de la République française ont une chance (!) : les nationalistes en Corse sont dirigés par des autonomistes. Ceux-ci réaffirment dans la plate-forme électorale de leur liste aux prochaines élections territoriales leur volonté d’inscrire leur projet d’autonomie institutionnelle de la Corse dans le cadre de la République française une et indivisible. Et cela alors même que cette liste comporte des indépendantistes avérés (sic) ». Il ajoute même que, à son avis, « il faut faire le pari de le croire ». 


On passera, pour le moment, sur l’étrange analyse du mouvement nationaliste corse et du résultat des législatives que voudrait nous servir, avant les territoriales, le patron de la France insoumise. On se souviendra qu’il n’a pas osé venir faire campagne en Corse, ni à la présidentielle ni aux législatives pour soutenir ses propres candidats. 
On remarquera surtout que ses propos, très violents à notre égard et à l’égard de ses anciens mandataires, se concluent par un appel aux électeurs pour qu’ils sanctionnent notre liste ; cet appel contre nous et les mots doux qu’il adresse aux nationalistes valent soutien explicite à la liste conduite par Gilles Simeoni. 



Les cabrioles idéologiques de l’Insoumis ne surprendront pas grand monde. D’autant qu’elles s’accompagnent des fulminations dont il est coutumier contre ceux qu’il a choisi de combattre et d’isoler : ses anciens représentants et le Parti communiste français, accusés sans preuves d’avoir procédé à « une lamentable usurpation de [son] sigle ». Il dénonce les « manipulateurs » qui seraient en quelque sorte des habitués de la contrefaçon. ; il invente une «nouvelle provocation » de la direction du PCF et fustige sa « détestable méthode » qui l’aurait conduite à prétendre que la France insoumise était alliée en Corse avec les communistes. Il appelle, en conséquence, les électeurs insulaires « à sanctionner cette façon de tenter de les duper ». 


En réalité, c’est Mélenchon lui-même qui tente de duper les Corses en essayant de leur faire croire qu’il aurait changé d’avis concernant la Corse. Il évoque la position publique d’hostilité qui a été la sienne au moment des discussions de Matignon ; mais il évite de reproduire la réalité de ses insultes de l’époque où il confondait tous les Corses en un même opprobre : [en Corse] la Justice y est jugée comme une flétrissure (…). Le rappel à la loi y est souvent vécu comme une offense personnelle (…). Le déshonneur ordinaire de l’île contamine l’État républicain » ! Ou encore : « il serait préférable de perdre la Corse que d’être obligé de lui ressembler. Car, bien sûr, mieux vaut perdre la Corse que la République » !  

Chacun appréciera la délicatesse du propos et la hauteur de vue de son auteur. Mais ça, c’était avant… Aujourd’hui Mélenchon croit pouvoir se racheter en cajolant les nationalistes ! 
Malheureusement pour lui, il ne connaît pas la Corse. En 2012, après le beau meeting unitaire de Bastia, il avait fait des déclarations hostiles à la langue corse (sans même prendre l’avis de ses partenaires) et puis, face aux réactions qu’il avait provoquées, il avait déclaré que concernant les problèmes corses, il s’en tenait aux positions défendues par « ses amis communistes » ! 
Sur ce point, en effet, il a changé de posture. Aujourd’hui, Il veut « fédérer le peuple », autour de sa personne, en absorbant le PS et en isolant le PCF. Tous les coups lui semblent permis pour atteindre son objectif et devenir président de la République tout seul…en 2022 ! 



Cette ambition démesurée reste son affaire personnelle ; elle ne l’autorise pas pour autant à se déchaîner contre ceux qui l’ont puissamment aidé à réaliser son score de la présidentielle, y compris en lui apportant les parrainages qu’il n’était pas parvenu à réunir tout seul. Aujourd’hui, il rejette les alliances à gauche. Il ne se contente pas de les critiquer, il appelle même à l faire barrage à la seule liste de gauche présente dans cette élection ! Il lui préfère visiblement la liste conduite par Gilles Simeoni, étonnamment créditée d’inscrire sa démarche, non dans le « pacte girondin » de Macron, mais « dans le cadre de la République française une et indivisible… ». 
Mais ses embardées idéologiques et ses injures n’aideront pas Mélenchon dans son projet. Sa tambouille n’a aucun avenir chez nous : le peuple corse a horreur des retournements de veste. 
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*Cette tribune est signée de : Etienne Bastelica et Paul-Antoine Luciani, conseillers municipaux d'Ajaccio, ; Toussainte Devoti et Francis Riolacci, conseillers municipaux de Bastia ; Nicole Alaris et Dominique Bucchini, conseillers municipaux de Sartène.