Corse Net Infos - Pure player corse

Le PNC entre en campagne et appelle à l’union de Femu a Corsica et du mouvement national


Nicole Mari le Dimanche 14 Juin 2015 à 21:34

Démonstration de force réussie pour le PNC (Partitu di a nazione corsa) qui a rassemblé, dimanche à Corte, lors de son Assemblée générale, près de 500 militants, dont un grand nombre de jeunes. Une éclatante réponse à sa mise en cause une semaine auparavant, par A Chjama, à laquelle il refuse de répondre. Le mouvement nationaliste modéré, qui a renouvelé son Cunsigliu et reconduit son secrétaire national, Jean-Christophe Angelini, a voté une motion définissant sa ligne politique pour les élections territoriales. Il annonce son entrée en campagne, se met en ordre de bataille pour faire de Femu a Corsica la première force politique au soir du 1er tour et lance un appel à l’union stratégique de tous les Nationalistes. Explications, pour Corse Net Infos, de Jean-Christophe Angelini, secrétaire national du PNC, président du groupe Femu a Corsica à l’Assemblée de Corse (CTC).



L'Exécutif du PNC : autour de Jean-Christophe Angelini, leader du PNC et président du groupe Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse, entouré de Fabienne Giovannini et Saveriu Luciani, conseillers territoriaux, Anne Tomasi du PNC Ghjuventu, de François Alfonsi, président de l'ALE (Alliance Libre européenne) et d'Antonia Luciani, membre du Cunsigliu du PNC.
L'Exécutif du PNC : autour de Jean-Christophe Angelini, leader du PNC et président du groupe Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse, entouré de Fabienne Giovannini et Saveriu Luciani, conseillers territoriaux, Anne Tomasi du PNC Ghjuventu, de François Alfonsi, président de l'ALE (Alliance Libre européenne) et d'Antonia Luciani, membre du Cunsigliu du PNC.
- Avec cette assemblée générale, entrez-vous en campagne ?
- Oui ! C’est même l’intitulé de notre motion d’orientation générale. A compter d’aujourd’hui, nous rentrons en campagne. Nous espérons concrétiser un accord avec nos partenaires, dans tous les prochains jours, pour formaliser, dès le mois de juillet, une entrée en campagne collective. Aujourd’hui, il y avait plus de 500 militants présents, un enthousiasme débordant, du débat, de la jeunesse, une volonté de porter les vrais sujets sur la place publique… Tout ceci nous conduit à penser que si Femu a Corsica entre tôt en campagne, nous atteindrons des scores inédits et nous donnerons au mouvement national, dans sa pluralité, une assise électorale et politique particulièrement forte.
 
- Avec quelles alliances ?
- Aujourd’hui, le PNC est en ordre de bataille au profit de Femu a Corsica et, ensuite, comme nous l’avons dit, du rassemblement de la totalité du courant national. Je pense, notamment, à Un Soffiu Novu, que nous avons rencontré ces derniers jours et qui est, pour nous, un partenaire essentiel, mais aussi à d’autres mouvements politiques. Un dialogue est à construire avec Corsica Libera, c’est l’évidence ! Il faut faire en sorte que toutes les forces convergent pour faire, du mouvement national, l’élément moteur de la majorité. Celle-ci aura vocation à s’élargir, mais sur les bases d’un projet à discuter autant avec les uns qu’avec les autres.
 
- Le discours, aujourd’hui, est très brouillé au sein même de Femu. A Chjama vous met en cause. Que lui répondez-vous ?
- A la Chjama, rien ! Nous ne voulons pas polémiquer. Tous les gens nous disent qu’ils en ont assez de ces polémiques stériles, de ces querelles d’ego. Ils disent : « So cume l’altri ! ». Ils nous regardent, un peu las, un peu dégoutés et écœurés. Ils ne comprennent pas qu’à six mois du 1er tour, nous soyons encore dans ces attitudes-là. Donc, à la Chjama, nous ne répondrons rien ! Ce que nous dirons à tous, c’est qu’il est temps de sortir du PNC-Bashing qui consiste à critiquer le PNC pour ne pas reconnaître un certain nombre de choses. En ce qui nous concerne, nous affirmons notre volonté d’arriver très vite à un accord, en même temps de la fermeté et la nécessité d’être respecté en toutes circonstances, de la même manière que nous respectons tout le monde.
 
- Femu a Corsica part-il, donc, uni en ordre de bataille ou y-a-t-il risque de fracture comme certains le pensent ?
- A mon avis, ceux qui le pensent, soit ne sont pas nationalistes et espèrent à travers la fracture que Femu a Corsica ne sera pas à la hauteur du rendez-vous de décembre, soit spéculent à tort sur des trajectoires personnelles ou des querelles d’ego. Femu a Corsica doit impérativement être rassemblé dès le mois prochain. Nous serons, dans les toutes prochaines heures, au contact de nos partenaires pour définir avec eux les termes d’un accord. Pour nous, Femu a Corsica est une évidence ! Il n’y a pas l’ombre d’un doute là-dessus ! Même s’il y a beaucoup de sujets à traiter, nous les traiterons avec sérénité !
 
- Quels rapports entretenez-vous avec Inseme per a Corsica ?
- J’ai de très bons rapports avec Inseme. J’ai défilé, ces derniers jours, à Aiacciu avec Gilles et d’autres. Nous avons construit ensemble une démarche politique qui a rassemblé des dizaines de milliers de Corses tout au long de la mandature, lors des Territoriales, des Législatives, des Municipales, des Européennes et des Départementales. Il n’y a vraiment pas lieu d’en changer ! Il y a eu, c’est vrai, des difficultés, des petites périodes de tension, mais quelle famille politique n’en connaît pas ! Regardez aujourd’hui l’état de la Gauche ou de la Droite ! Je ne vois pas pourquoi le mouvement national, et Femu en particulier, échapperaient à cela. Il y a eu, aussi, quelques excès et débordements auxquels nous ne voulons pas répondre par l’excès ou par le débordement, mais par le souci d’apaiser et de régler les problèmes. L’important est de rassembler Femu, pour rassembler, ensuite, la totalité du mouvement national. Le reste n’a pas d’intérêt !
 
- Inseme vous a adressé une charte éthique et un contrat de gouvernance. Lui avez-vous répondu ?
- Nous devions attendre un mandat de notre Assemblée générale pour pouvoir y répondre. Nous sommes, désormais, en mesure de le faire et de faire, nous-mêmes, des propositions. Ce sera l’objet de notre motion d’orientation et l’occasion de confronter les textes et les points de vue que nous formaliserons, ensuite, je l’espère, de manière unitaire. Je n’ai pas d’inquiétude ! Je pense que nous y arriverons assez vite !
 
- La motion écrite s’adresse à vos partenaires. Vous avez également défini un contrat de mandature. Quelle est la différence ?
- La motion comporte cinq points que nous avons rendu publics et distribués aux militants. Le contrat de mandature, étant une proposition, est restée sous forme orale. Il n’est pas gravé dans le marbre, mais comporte dix points que le PNC donne à débattre. Cela ne concerne pas les Nationalistes, mais ceux qui, au 3ème tour, seraient tentés par une démarche stratégique avec nous. Notre ligne, je le répète, est, d’abord, de renforcer Femu a Corsica, ensuite de réaliser l’unité stratégique de tous les Nationalistes et, enfin, bien sûr poser la question de l’ouverture dont on verra ce qu’elle deviendra.
 
- Vous critiquez la droite et la gauche. A qui s’adresse, alors, cette offre d’ouverture ?
- La droite, aujourd’hui, ne nous pose pas, en soi, de difficultés de principe. Nous entendons et respectons le débat démocratique et les options libérales conservatrices. Ce qui nous pose problème, ce n’est pas la droite ou l’UMP, mais cette tendance ultralibérale, au sein de la droite et de la Corse en général, qui, lors de la précédente mandature, au travers des transports aériens, du PADDUC, de l’énergie ou d’autres sujets, a porté une vision de la société qui n’est pas la nôtre ! Ceci est clairement, pour nous, non compatible avec nos exigences !
 
- Et en ce qui concerne la gauche ?
- Il y a, aussi, une gauche conservatrice qui refuse l’évolution et, même, une gauche qui prône l’évolution tout en étant engoncée dans des pratiques que nous n’acceptons pas ! Là aussi, il y a la nécessité de clarifier. Nous l’avons fait ! Aujourd’hui, au PNC, nous ne voulons, ni d’un accord avec les uns, ni d’un accord avec les autres ! Nous voulons, d’abord, renouveler l’accord au sein de Femu, puis construire une union avec l’ensemble des Nationalistes. Ces questions doivent être réglées en septembre.
 
- L’accord général entre tous les Nationalistes est-il possible ?
- Il est indispensable ! Si nous ne l’obtenons pas, nous ne pourrons pas être, au soir du 2nd tour, la 1ère force politique dans ce pays. Le nationalisme rassemblé pèse plus de 40% ! Divisé, ce sera aux Corses de le dire ! Même si Femu pèse, à priori, la part la plus significative, il n’est pas, pour autant, en situation majoritaire. Passer le seuil de 40% nous prémunit de certains risques et nous place en situation de moteur de la majorité nouvelle, quoiqu’il arrive ! Les fractures à gauche et à droite me portent à penser qu’il en sera ainsi, mais à la condition impérative d’être rassemblés. Alors, l’accord n’est ni possible, ni concevable, si nous voulons gagner, il est indispensable !
 
- Souhaitez-vous l’union au 2nd ou au 3ème tour ?
- On verra ! Tous dépendra des résultats du 1er tour ! Je pense que Femu a Corsica sera en tête au soir du 1er tour. La droite renvoie, aujourd’hui, une image relativement pitoyable. La gauche est engoncée, à la fois, dans des pratiques conservatrices et dans des dispositifs qui ne correspondent plus aux attentes des Corses. Il faut, donc, changer d’attitude et de logiciel. Nous pensons que les Corses vont adhérer au projet que nous leur proposerons. Il faut faire vite et se mettre en campagne rapidement !
 
- Antoine Mondoloni, président de la Chambre de commerce régionale et membre de votre Cunsigliu, dit que les Corses ne se soucient ni de langue, ni de réforme constitutionnelle, mais d’emploi et de précarité. Qu’allez-vous privilégier dans votre projet ?
- Antoine a raison d’insister sur l’aspect entrepreneurial et sur la question économique et sociale en général. Nous sommes attachés, en tant que Nationalistes corses, à des questions fondamentales : l’autodétermination, le statut de résident, la coofficialité…, mais nous savons, en même temps, qu’elles ne fondent pas un projet de société ! Aujourd’hui, faire projet, c’est faire mouvement autour de questions quotidiennes qui concernent, très intimement, les Corses dans leur rapport au travail ou au chômage, à la production ou à la consommation, à l’espace... La Corse est sous la menace d’un conflit maritime, compte près de 23000 chômeurs, des dizaines de milliers de gens au seuil de la précarité… Il faut une doctrine claire dans tous les grands domaines.
 
- Que proposez-vous ?
- Nous pensons, au PNC, qu’il faut une croissance inclusive avec un développement du secteur privé soutenu et encouragé par la puissance publique, mais qui ne laisse personne au bord de la route. L’enjeu est de parvenir à rassembler un maximum de monde sur un développement partagé et durable. On peut tout à fait réconcilier l’approche d’un chef d’entreprise et d’un président de Chambre de commerce avec celle d’un militant nationaliste de longue date. Il n’y a pas d’antinomie ! Il faut résoudre les deux questions pour poser, globalement, une solution pour la Corse.
 
- Votre vote de la 2ème mouture du PADDUC est très contesté, y compris par vos militants. Comment le justifiez-vous ?
- Nous sommes tout à fait conscients que l’attitude du groupe Femu, lors du dernier vote, n’a pas été comprise. Nous avons sillonné la Corse et rencontré un certain d’organisations de militants qui, tous, nous ont fait part de leurs inquiétudes et de leur incompréhension. Nous leur avons répondu très clairement que le groupe Femu était au travail pour énumérer précisément les amendements sans lesquels ce projet, effectivement, ne serait plus viable. Nous ferons des propositions. Femu a Corsica n’est pas prêt à ce que l’on revienne sur l’esprit et la lettre du PADDUC de novembre dernier.
 
- Vous lancez un appel général à tous les militants de Femu a Corsica. Que leur demandez-vous ?
- Le temps presse et joue, à tous points de vue, contre nous. La Corse est au seuil d’un basculement de société. Si les Nationalistes ne se rassemblent pas et n’accèdent pas, ensemble, à des responsabilités publiques pour transformer en profondeur la vie des gens, ce pays, à l’horizon court de cinq à dix ans, ne sera plus le pays que nous connaissons. Il sera soumis à un développement qui n’en sera pas un, à des contraintes démographiques de toute nature, à un vieillissement de population, à un phénomène de marchandisation et de prédation… Tout cela conjugué nous mènera à l’abîme ! Aujourd’hui, nous devons nous ressaisir, arrêter définitivement avec les querelles d’ego, les problèmes de personnes, les positionnements pré-électoraux et renouer avec le projet et l’union. C’est ce que les Nationalistes attendent et c’est ce que les Corses veulent !
 
- Pensez-vous réellement gagner ?
- Je suis persuadé que, si nous agissons ainsi et que nous entrons en campagne le mois prochain, Femu a Corsica va susciter une dynamique sans précédent, y compris par rapport à 2010. Oui ! Nous comptons gagner ! Je pense qu’au soir du 1er tour, voire même du 2nd, nous pouvons être en tête !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.