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Ghisonaccia : Règlement de comptes post-législatif, le maire récuse ses adjoints nationalistes !


Nicole Mari le Vendredi 21 Juillet 2017 à 21:07

C’est ce qu’on appelle un règlement de comptes post-électoral ! Après sa défaite aux élections législatives face au Nationaliste Jean-Félix Acquaviva, le maire de Ghisonaccia, Francis Guidici, a décidé d’ôter les délégations à deux de ses trois adjoints nationalistes dont certains font partie de sa majorité plurielle depuis 2008. Le 1er édile évoque une refonte des délégations, une notion, selon les intéressés, inédite, qui n’a jamais fait partie du contrat de mandature. Jeudi soir, lors de la réunion du Conseil municipal qui compte six élus nationalistes sur 27 dont deux dans l’opposition, le maire a annoncé le retrait des principales délégations de Cécilia Sisti, élue Femu a Corsica, adjointe aux affaires scolaires, à la toponymie et à la charte de la langue corse, et de Pascale Simoni, élue Corsica Libera, adjointe à l’environnement, Agenda 21 et Nouvelles Technologies, avant de paraître se rétracter pour cette dernière. Un troisième adjoint, Dominique Santelli, est en charge du foncier et de la voirie. Les Nationalistes ont quitté la séance. Explications croisées pour Corse Net Infos de Pascale Simoni et de Cécilia Sisti.



Les deux conseillères municipales nationalistes de Ghisonaccia : Pascale Simoni, élue de Corsica Libera, et Cécilia Sisti, élue de Femu a Corsica.
Les deux conseillères municipales nationalistes de Ghisonaccia : Pascale Simoni, élue de Corsica Libera, et Cécilia Sisti, élue de Femu a Corsica.
- Quel est le problème qui vous oppose à Francis Guidici ?
- Pascale Simoni : Nous sommes partis sur la liste de Francis Guidici en 2008. Nous nous sommes beaucoup investis pendant cette première mandature, nous avons travaillé. En reconnaissance de ce travail, le maire nous a proposé, en 2014, des postes d’adjoints. Aujourd’hui, il nous annonce une refonte de toutes les délégations. Ce re-mixage fait qu’au bout du compte, Cecilia se retrouve uniquement en charge de la toponymie, le maire lui a enlevé la grosse délégation des affaires scolaires. En ce qui me concerne, il ne m’a laissé que la délégation Nouvelles technologies et m’a enlevé la grosse délégation de l’environnement.
 
- Le maire aurait, semble-t-il, fait marche arrière sur certains retraits ?
- Pascale Simoni : En cours de séance du Conseil municipal, je lui ai fait remarquer que je travaillais sur la mise en place de jardins partagés à Ghisonaccia et que je ne comprenais pas pourquoi je n’avais plus la délégation Environnement. Il m’a répondu : « C’est un oubli. C’est une erreur. Je te la laisse ! ». Donc, je ne sais pas, au final, ce qu’il en est. Je dirais simplement que tout cela est surprenant.
 
- Que s’est-il passé exactement pendant cette réunion du Conseil municipal ?
- Pascale Simoni : En début de séance, j’ai demandé au maire de nous expliquer les motivations de cette redistribution de délégations. Il a répondu qu’il s’agissait de mettre à plat le travail pour installer des commissions. Sauf que c’est du jamais vu ! Au cours de la précédente mandature, il n’y a jamais eu de remise à plat des délégations ! Que je sache, il n’y a jamais eu de redistribution ! Le problème, c’est qu’en amont de ce Conseil municipal et au lendemain des législatives, le maire nous a convoqués à deux reprises pour deux réunions d’adjoints. Les discussions ont tourné surtout autour de la campagne électorale, de mon rôle d’assesseur pour les candidats de Pè a Corsica, de notre vote sec ou pas … plutôt que sur des points de notre travail d’adjoint qui n’ont été abordés qu’en toute fin de réunion.
 
- Cécilia Sisti : A aucun moment lors de ces deux réunions, nous n’avons évoqué de redistribution ou de redéploiement des délégations. Nous avons parlé d’une organisation de travail, ce qui est un terme assez large. Après la réunion, nous avons appris par mail qu’il y avait une redistribution des délégations. Seulement, sur les huit adjoints de la commune, nous sommes les deux seules à qui le maire a enlevé les délégations ! Pascale, jeudi soir, semble avoir retrouvé la sienne, moi non !
 
- Savez-vous pourquoi ?
- Cécilia Sisti : Le maire prend le prétexte que le chantier des affaires scolaires est énorme. Mais, le chantier de l’école a toujours été énorme à Ghisonaccia ! Le groupe scolaire, entièrement bilingue, accueille 500 enfants. Nous travaillons sur divers projets, notamment l’extension de la cantine. Je gère cette délégation depuis 2014 quasiment seule, que ce soit le fonctionnement de l’école, les affaires scolaires, les créations de classe… Nous ouvrons, d'ailleurs, encore une nouvelle classe de CP au primaire… J’ai posé la question au Conseil municipal pour savoir si, à un moment donné, j’avais fauté sur ma délégation ! La réponse a été : « Non ». Tout en m’enlevant la délégation, le maire m’a dit que je pouvais continuer à y collaborer.
 
- Pourquoi avez-vous décidé de quitter la séance ?
- Pascale Simoni : Nous avons expliqué au maire que nous n’étions pas du tout convaincus par ses arguments. Nous avons demandé une interruption de séance. Nous nous sommes concertés avec tous les élus nationalistes, même ceux de l’opposition. Nous avons discuté entre nous et conclu que, dans ces conditions-là, il fallait quitter la séance pour montrer notre désaccord.
 
- Comment expliquez-vous cette décision de Francis Guidici ?
- Pascale Simoni : Pour nous, c’est une sanction !
- Cécilia Sisti : C’est une punition !
 
- A-t-il changé d’attitude après sa défaite aux Législatives ?
- Cécilia Sisti : Lors des deux réunions d’adjoints, il nous a fait part du fait qu’il n’avait plus confiance en nous. Après autant d’années de collaboration dans de très bonnes conditions avec le maire et les autres élus de sa majorité, s’entendre dire, de but en blanc, que la confiance n’y est plus, ça fait bizarre ! Cela sous-entend qu’il y a et qu’il y aura un changement de comportement.
 
- Le comprenez-vous ?
- Pascale Simoni : Non ! Quand nous avons été élus en 2014 sur la liste du maire, nous l’avons été sur un contrat de mandature. Cette liste est une liste d’ouverture, une liste plurielle où pratiquement toutes les étiquettes politiques sont représentées. Nous avons accepté d’y participer sur un accord verbal, clair et simple. Cet accord scelle que nous montons sur la liste individuellement, mais en conservant notre propre étiquette. Sur tout ce qui concerne la commune, nous nous sommes engagés à être à la même table que le maire, mais sur toutes les autres échéances électorales, nous reprenons notre liberté politique. Ce qui est normal ! Aux dernières territoriales, j’étais sur la liste de Corsica Libera, Francis Guidici était sur celle de Paul Giacobbi. Il n’y a eu aucun problème. J’ai du mal à m’expliquer qu’aujourd’hui, ça tourne mal ! En ce qui nous concerne, nous avons toujours respecté le contrat de mandature.
 
- Cécilia Sisti : Ce qui nous importe et qui nous a toujours importé est le travail au service de l’intérêt collectif de notre village. C’est pour cela que nous avons rejoint une liste plurielle. Nous avons travaillé ensemble convenablement. L’intérêt collectif primait. Aujourd’hui, nous n’arrivons pas à comprendre ce changement de comportement, suite aux législatives. Pendant la campagne, nous avons repris chacun notre étiquette politique, mais, pour nous, il n’y avait aucun souci, ça ne changeait pas la donne concernant l’intérêt collectif et le travail que nous avons fourni ensemble et que nous allions continuer à fournir !
 
- Qu’allez-vous faire maintenant ?
- Pascale Simoni : Nous prendrons le temps de la réflexion pour décider quelles suites donner à tout cela.
 
- Faites-vous toujours partie de la majorité municipale ou avez-vous rejoint l’opposition ?
- Pascale Simoni : Pour l’instant, nous n’avons arrêté aucune décision, ni dans un sens, ni dans un autre. Nous allons discuter entre nous et avec nos mouvements respectifs, faire le point et voir comment nous pouvons envisager l’avenir dans ces conditions. Nous ne prendrons pas de décision à chaud. Il n’y a pas d’urgence.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.