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Ghisonaccia : L'agence régionale de santé rencontre le collectif "per a salute in piaghja urientale"


Patrick Bonin le Jeudi 8 Décembre 2016 à 17:52

Au terme de quelques semaines de réunions publiques et manifestations sur la voie publique, la porte s'est enfin entrouverte dans les négociations entre le collectif "per a salute in piaghja urientale" et l'agence régionale de santé. Ce jeudi 8 décembre à 15 heures, en salle de réunion de la mairie de Ghisonaccia, Jean Houbeaut directeur adjoint de l'ARS, accompagné de plusieurs collaborateurs a pris note des requêtes émises par le porte-parole du collectif Esteban Saldana sans pouvoir toutefois s'avancer sur des réponses précises. Cependant, des rendez-vous sont pris à brève et moyenne échéance pour d'une part recevoir quelques assurances sur des points précis et d'autre part mettre en place un calendrier de travail qui permettra d'inscrire dans le futur projet régional de santé les revendications du collectif dont l'hôpital public de proximité.



Le collectif "per a salute in piaghja urientale" est resté ferme durant l'entrevue sur la nature des réponses à apporter.
Le collectif "per a salute in piaghja urientale" est resté ferme durant l'entrevue sur la nature des réponses à apporter.
Dans la salle de réunion de la mairie de Ghisonaccia ,  la représentation du collectif "per a salute in piaghja urientale " se compose d'infirmières libérales, de médecins libéraux de Ghisonaccia, Prunelli-di-Fium'Orbu et Sulinzara, de Xavier Luciani élu de l'exécutif territorial, de François Benedetti conseiller territorial, de Francis Giudici maire de Ghisonaccia, Pierre Siméon de Buochberg maire de Prunelli, Philippe Vittori maire de San Gavinu-di-Fium'orbu,  Jacky Bartoli maire d'Isulacciu , de François Tiberi maire de Ventiseri et de Louis Cesari président de la communauté Fium'Orbu-Castellu.  Sont aussi présents  dans l'assemblée des habitants particulièrement sensibilisés par la maladie ainsi que Ghjuvan Santu Le Mao président de l'association Femu Oriente Fium'Orbu Castellu.   Pierre Rossini et Philippe Ristorcelli promoteurs pour le premier du centre de rééducation fonctionnelle et pour le second du projet d'IRM sont également autour de la table.  En face du collectif, Jean Houbeaut directeur adjoint de l'ARS, Xavier Pieri chargé de mission auprès de l'ARS et Anne Marie L'Hostis déléguée départementale.


C'est le porte-parole du collectif Esteban Saldana qui entame la discussion en rappelant brièvement les cinq points identifiés qui doivent être mis en oeuvre " Certaines de nos demandes peuvent être traitées rapidement. Je pense au dossier du véhicule SMUR, à l'instruction et l'autorisation de l'IRM,  à à la prorogation d'un an de l'arrêté d'autorisation du centre de rééducation fonctionnel ainsi qu'à la mise en place de la maison médicale de garde.  La mise en place de structures pour aider les soignants et les aidants à exercer leurs métiers plus facilement peut être de traitement accéléré.  Le projet d'hôpital public local demandera il est vrai plus de temps mais nous voulons un engagement politique écrit et formel qui ne pourra fluctuer au gré des échéances électorales à venir. Il nous faut une inscription de nos projets au plan régional de santé 2018 2028, seule certitude du bien fondé de l'engagement de l'état" a déclaré Esteban Saldana qui a ajouté : " On ne lâchera rien. Aujourd'hui on vous tend la main. Des décisions peuvent être prises rapidement. Si ce n'est pas le cas, nos actions risquent de se durcir". 


Pour Xavier Luciani, élu de l'exécutif territorial, le problème est éminemment politique et implique des réponses claires et rapides :" Mardi et mercredi prochains, nous avons une session à l'assemblée de Corse. Le sujet sur la santé sera débattu. Nous attendons votre réponse avant que d'interpeller Paris sur ce sujet dans les jours à venir" a déclaré l'élu.  Pour Pierre Rossini, les requêtes du collectif sont tout à fait légitimes et non dérogatoires. S'adressant au directeur-adjoint de l'ARS, il déclare :" Ne considérez pas que ce que l'on vous demande est quelque chose d'extraordinaire. On vous demande seulement une normalité, une remise à niveau d'une situation anormale, un rattrapage en somme.  On vous demande de respecter la loi, comme par exemple le temps d'accès à une structure de soin qui ne doit pas dépasser les vingt minutes et sur notre territoire, nous sommes loin d'y être" a précisé Pierre Rossini qui a ajouté :"Certains dossiers peuvent aller très vite. Concernant le centre de rééducation fonctionnelle, il a fallu six décisions de justice en notre faveur avant que l'ARS ne donne son accord. On tergiverse pour nous accorder une prorogation. On acceptera pas de parasitage politique quand il s'agira d'appliquer simplement le droit et l'équité". 

Les réponses de l'ARS par écrit dès lundi, une nouvelle réunion programmée pour début janvier

Une réunion qui en appellera d'autres notamment début janvier.
Une réunion qui en appellera d'autres notamment début janvier.
Dès que Jean Houbeaut directeur adjoint de l'ARS prend la parole, le scénario est posé :" Venir vous voir ici n'est pas pour moi une contrainte. Je visite tous les personnels de santé du territoire et la plaine orientale est un territoire sur lequel l'attention de l'ARS est portée. Cependant, nous ne pourrons ce jour répondre à toutes vos attentes. Je n'ai pas matière à prendre des décisions. Je ferai part de nos échanges à mon directeur général". 
Une réunion donc qui ne donnera pas de réponses formelles de la part du fonctionnaire santé de l'Etat. Cependant, plusieurs actions ont été actées, à commencer par le véhicule SMUR qui devrait courant 2017 être remplacé par un véhicule plus performant, les dotations financières du SAMU de Haute-Corse devant être revues à la hausse.  


Concernant les maisons médicales de garde, le choix entre deux projets, celui de Prunelli-di-Fium'orbu ou celui de Ghisonaccia n'a pas été encore validé. Au cours de la réunion, le docteur Alain Lardeaux a cependant précisé que cinq de ses confrères et lui même avaient répondu positivement pour le projet de maison de garde à Ghisonaccia. 
la balle est donc dans le camp de l'agence régionale de santé qui validera le choix du  lieu d'implantation de cette structure.

Quant à l'IRM, les choses ont également avancé au cours de cette réunion puisque Jean Houbeaut a proposé au docteur Ristorcelli, porteur du projet, de représenter un dossier: " Nous n'avons pu instruire votre premier dossier car légalement nous ne pouvions le faire, ce dernier n'étant pas inscrit au SROS en cours (Schéma Régional d'Organisation Sanitaire).   Je vous invite à le représenter réactualisé. Il passera en commission et nous verrons la marche à suivre à ce moment là" a expliqué le directeur-adjoint qui a enchainé: "Quant au centre de rééducation fonctionnelle, l'arrêté prononcé n'est pas caduque et court toujours". Une réponse peu satisfaisante pour le collectif car la non caducité d'un projet de telle ampleur n'a pas la même valeur qu'une prorogation prononcée en bonne et due forme.


Le directeur de l'agence régionale de santé s'est engagé à fournir avant la session parlementaire de l'assemblée de Corse de mardi prochain des éléments écrits de réponse. Il s'est également prononcé favorablement pour une nouvelle entrevue avec le collectif début janvier afin d'établir un calendrier de réunions de travail destinées à prendre en compte les projets importants notamment l'hôpital public de proximité.  Ces actions devant être inscrites sur le prochain projet régional de santé.  Evoquée également l'urgence  liée au traitement des analyses sanguines et médicales qui ne semble pas satisfaire les professionnels de santé de par les difficultés liées aux délais de transport vers les laboratoires. 

Quand l'humain doit supplanter les considérations techniques et administratives

Moment rempli d'émotion, la prise de parole de Marie Martine, membre du collectif,  touchée par le décès de son mari et qui vient de subir récemment les affres de la problématique santé en plaine orientale : " J'ai tout quitté pour accompagner mon mari dans sa longue maladie. Si l'on m'apprend que j'ai un cancer, je ne suivrai pas le même chemin que lui. Faire deux heures et demi de route aller en plein été, deux heures et demi de route retour parfois sans faire de soins car mon mari arrivait trop fatigué en unité de traitement, je ne le supporterais pas.  Faire des kilomètres pour aller passer une IRM dans un tel état de faiblesse est également insupportable. Alors je vous en supplie au nom de tous les patients et de leurs familles, accordez nous votre attention et une réponse favorable" a déclaré Marie Martine immédiatement soutenue par une autre habitante de la région elle même atteinte d'un cancer et en cours de soins : " Mettez de l'humain au centre des choses. On a l'impression d'être un sous département.  Je veux qu'on mette de l'humain dans le traitement de ce dossier" a déclaré l'intervenante.

La plaine orientale souffre incontestablement d'un manque d'équipements médicaux, d'un vieillissement de sa population de médecins et d'une carence certaine en structures d'accueil qui permettraient de soulager personnels médicaux et aidants notamment dans les pathologies lourdes telles que les maladies neurodégénératives ou des cancers imposant des soins palliatifs.  L'agence régionale de santé se doit d'apporter une réponse rapide, perenne et structurée à une population qui ne supporte plus une certaine forme d'inéquité. Une réponse qui devra comporter également, comme l'a souligné Xavier Pieri de l'ARS, une participation pleine et entière des professionnels de santé dans l'élaboration d'un projet médical local. Lequel devra s'inscrire dans le prochain projet régional de santé.  P.B

Interview vidéo du directeur adjoint de l'Agence Régionale de Santé


Interview du porte parole du collectif Esteban Saldana

Esteban Saldana
Esteban Saldana
interview_esteban_saldana_1.mp3 Interview Esteban Saldana.mp3  (2.05 Mo)