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Femu à Corsica : Va pour la future Collectivité mais aucune avancée politique


Jean-François Vinciguerra le Lundi 4 Juillet 2016 à 20:04

C’est la première intervention de Femu à Corsica depuis les élections régionales. Jean Biancucci et Nadine Nivagioni ont tenu une conférence de presse hier après-midi au sortir des entretiens avec le Premier Ministre. Ils estiment que l’annonce de Manuel Valls est quelque peu contrastée sur la construction de la future Collectivité Unique avec néanmoins des avancées. En revanche, au niveau des revendications et notamment la co-officialité, la question foncière et l’amnistie des prisonniers politiques, les avancées attendues ne sont pas au rendez-vous



« Nous tenons tout d’abord à nous incliner devant le décès de Michel Rocard, ancien Premier Ministre, qui a su avec beaucoup de courage et de lucidité, prendre la pleine mesure de la politique Corse et des attentes du peuple corse » a déclaré Jean Biancucci en ouverture de la conférence. Il estime qu’à l’indice de satisfaction, la note qu’il donnerait à cette visite ministérielle serait de 8/20 !
Le maire de Cutuli e Curtichjatu est revenu sur la visite du Premier Ministre et ce qu’elle représente dans cette nouvelle étape pour la mise en place de la future Collectivité Unique, rappelant en substance que le prochain échange avec le gouvernement aurait lieu en septembre prochain :
 
« L’évolution institutionnelle se poursuit, dans le fil conducteur des statuts Deferre et Joxe, des accords de Matignon et de la dernière loi de 2002. Nous voilà au terme d’un processus. Nous nous devons cependant d’être attentifs à la forme que va prendre la future Collectivité Unique. Nous pourrions nous rapprocher, contrairement à ce que nous revendiquions, du droit commun. Au cours de ces dernières années, le consensus s’est construit sur plusieurs sujets majeurs, de la part des différents élus de Corse, à savoir :
 
- La question foncière
- La co-officialité de la langue Corse
- L’amnistie des prisonniers politiques
 
Arrêtés Miot, fiscalité, langue corse et  Etat de droit à deux vitesses..
En ce qui concerne la lutte contre la spéculation immobilière, Jean Biancucci estime que les outils de droit commun se sont avérés inefficaces en Corse : « Il nous est toujours refusé tout outil spécifique adapté à notre situation. Le problème de la spéculation demeure entier. Force est de constater qu’entre les propos de Mme Lebranchu sur les évolutions possibles de la Corse et ce que nous constatons aujourd’hui, il existe un écart trop important… »
Jean Biancucci a évoqué ensuite les arrêtés Miot et rappelé qu’entre les propositions faites par l’Assemblée de Corse et les solutions données aujourd’hui et qui sont des solutions techniques, il y a trop d’incertitudes :
« La seule proposition est de travailler sur une loi reportant la suppression des arrêtés Miot. A l’heure actuelle, le problème reste entier. Comment faire sans calendrier ni cadre législatif ? »
Pour ce qui est de la fiscalité, le Conseiller Exécutif a simplement rappelé qu’à la demande relative à la récupération de la TVA, aucune réponse convenable n’a été donnée mais la discussion continue sur ce point…
La langue Corse ? La réponse de Jean Biancucci est directe : « Nous aurions pu attendre des mesures fortes permettant de réduire le déséquilibre existant aussi bien dans le primaire que dans le secondaire, les propositions faites étant déjà actées… »
Paulu Santu Parigi est intervenu sur ce point :
«Nous n’avons rien obtenu de ce que nous attendions. C’est un niet catégorique ! Ce sont des effets d’annonce. En clair, un voyage pour rien… » 
Sur le plan humain et judiciaire, Jean Biancucci a rappelé « qu’une réponse favorable aurait pu intervenir sur le rapprochement des prisonniers politiques. Nous constatons une fois encore que nous sommes dans un état de droit à deux vitesses. »
La réforme des intercommunalités ? « Il semble qu’un consensus ait été trouvé dans la majorité des territoires. En ce qui nous concerne, les regroupements opérés n’ont fait, dans la plupart des cas, l’objet d’aucun consensus, bien au contraire… »
La Collectivité Unique ? « Au niveau de la fiscalité, nous avions revendiqué une autonomie fiscale et financière de la Corse. Or, comme Gilles Simeoni l’a rappelé, concernant l’autonomie fiscale, que ce soit aujourd’hui ou avec la mise en œuvre de la future Collectivité, nous sommes encore loin du ratio national des autres collectivités de droit commun qui est établi à 41%. »
La dette publique ? « Nous sommes une fois de plus désavantagés dans la mesure où nous atteignons un remboursement de 90 euros par habitant, alors que sur le continent, il est de 30 euros. La contribution est trop forte et sur ce point, aucune réponse n’est intervenue… »
 
Quelques satisfactions quand même…
C’est Nadine Nivaggioni qui a pris le relais et déclaré que la revendication politique a malheureusement peu avancé : « La Collectivité Unique s’inscrit dans le processus. Nous sommes dans une continuité, c’est insuffisant. Dans le cadre des ordonnances, cela ne nous convient guère mais nous avons joué le jeu. Nous nous satisfaisons néanmoins de quelques avancées, à savoir :
 
- La date de la Collectivité Unique est confirmée au 1er janvier 2018, ce qui pour nous marquera une rupture avec les pratiques claniques et le système
- L’Exécutif passe de 8 à 10 membres (11 avec le président) De nombreuses compétences nouvelles, comme par exemple que la compétence sociale
- L’idée d’un conseil des territoires est en débat
 
« Si nous devons remarquer la mise en place d’avancées institutionnelles avec les moyens nécessaires, nous ne pouvons que déplorer le fait que les avancées politiques ne sont pas au rendez-vous. Mais nous ne baisserons pas les bras, bien au contraire. Nous continuerons à maintenir la pression, le combat va continuer car le problème corse doit être pris sur toute sa dimension. La situation étant apaisée, on peut envisager des évolutions futures. Une étape a été franchie » a conclu Jean Biancucci.»
J.-F .V.