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EN IMAGES - A Lisula, les Îles de la Pietra révèlent leurs secrets


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Vendredi 15 Septembre 2023 à 12:43

Au cœur des îles de la Pietra de Lisula, une équipe d'archéologues, dirigée par Jean Sicurani, mènent depuis une semaine une campagne de fouilles. Au fil des jours, les chercheurs ont mis au jour des vestiges fascinants, révélant un habitat en plein air vieux de 5000 ans avant J.-C., ainsi que des outils et des artefacts qui témoignent de l'évolution de notre société



Depuis quelques semaines les îles de la Pietra de Lisula sont en pleine effervescence.  D'un côté, le Conservatoire du Littoral entreprend des travaux de rénovation visant à redonner tout son éclat au site, tandis qu'un peu plus loin, une équipe d'archéologues s'est lancée dans la troisième campagne de fouilles sur sur un périmètre plus réduis, un peu plus dissimulé, mais tout aussi fascinant.

Sur place, une douzaine d'experts ont pour mission de scruter chaque recoin à la recherche de détails révélateurs. "Le premier sondage remonte à 1983, lorsque j'ai été mandaté par Michel-Claude Weiss pour sa mise en place. En 1985, nous avons entamé les premières campagnes de fouilles, qui ont duré jusqu'en 1988", explique Jean Sicurani, docteur en préhistoire et néolithicien, qui est également le responsable scientifique de l'expédition.
Après cette période, de 1988 à 2003, le site de la Pietra est resté en sommeil, sécurisé mais sans intervention majeure. "Nous avons repris les fouilles en 2003, et au cours des trois années suivantes, nous avons découvert de nouvelles informations. En 2018, la deuxième campagne de fouilles a été lancée pour recueillir le maximum d'informations avant la grande transformation du site dans le cadre du projet de valorisation des îles par le Conservatoire du Littoral." 

Aujourd'hui, c'est donc la sixième année de travaux de la troisième campagne de fouilles menée par Jean Sicurani qui a été entamé sur ce site particulièrement remarquable car il abrite un habitat en plein air datant du néolithique ancien, au milieu du 6e millénaire, soit entre 5500 et 5000 ans avant J.-C. "C'est l'un des rares sites qui présente un habitat en plein air à cette époque. Généralement, la plupart des sites sont des abris sous auvent", ajoute l'archéologue.

12 archéologues chevronnés
Le site révèle des vestiges de fondations de cabanes, de petites huttes ovales d'environ 6 mètres carrés chacune, qui auraient pu accueillir jusqu'à cinq personnes. "L'occupation était stable. Nous sommes au néolithique ancien, une période où l'homme devient sédentaire et développe l'agriculture. Nous avons découvert des éléments utilisés pour moudre des céréales, des outils de faucille, et les analyses palynologiques ont révélé la présence de céréales telles que le blé et l'orge. Les habitants étaient également éleveurs, et sous l'eau, il y a quelques années, nous avons découvert une source d'eau douce. C'est ici que se dessine le début de notre société moderne." détaille l'expert. 
 
Des objets tels que des morceaux de charbon de bois, des éclats de poteries, des pierres taillées, de l'obsidienne sarde, des anses d'appréhension, et bien d'autres trésors historiques ont déjà été méticuleusement enregistrés au cours de cette dernière campagne. Chaque pièce, si nécessaire, peut retrouver sa place d'origine, et près de 500 objets ont déjà été découverts. "Les archéologues sont en réalité des destructeurs. Nous détruisons tout pour découvrir le passé. C'est pourquoi les fouilles prennent du temps, car chaque élément est relevé, identifié, nettoyé, numéroté, et conservé." souligne Jean Sicurani,
 


Après la valorisation des îles de la Pietra, la question qui se pose est de savoir quel avenir réserve-t-on à ce site préhistorique. "L'idée initiale était de mettre en valeur ces fondations de cabanes et foyers avec des panneaux explicatifs, mais pour le moment, le projet n'a pas encore abouti. Toutefois, le site sera préservé et recouvert." 

Les fouilles se poursuivront jusqu'à la fin du mois de septembre sur ce site très prisé. Pour environ 300 candidats, seuls 12 archéologues, pour la plupart chevronnés, ont été retenus, venant de Balagne, de France et même de Grèce.