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Depuis le 8 février, les chasseurs corses doivent déclarer leurs armes en ligne


Julia Sereni le Mardi 8 Février 2022 à 18:53

Depuis ce mardi 8 février, les détenteurs d’armes, à commencer par les chasseurs, vont devoir s’enregistrer obligatoirement sur une plateforme en ligne, s’ils veulent conserver leur droit à détenir des armes.



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Le dispositif avait été présenté le 22 novembre dernier à Ajaccio, il est désormais sur le point d’entrer en application. Avec le système d’information sur les armes (SIA), chaque détenteur va devoir créer son compte en ligne sur la plateforme afin de conserver son droit à détenir des armes.
 
Selon le service central des armes et explosifs (SCAE) du ministère de l’Intérieur, la mise en place du SIA répond à « une exigence forte de sécurisation, de simplification et de dématérialisation ». Il s’agit notamment de contrôler la traçabilité en temps réel des armes.

Les chasseurs premiers concernés

En Corse, 40 000 personnes sont concernées par le dispositif. À commencer par les 20 000 chasseurs insulaires, qui ouvriront le bal des inscriptions obligatoires, à partir du 8 février. Suivront ensuite les tireurs de ball-trap et les biathlètes en mars, les non-licenciés en avril, les tireurs sportifs en mai, les collectionneurs en juin, et, enfin, les associations et métiers en juillet 2022. D’ici le 30 juin 2023, tous devront avoir créé leur compte.
 
Premiers concernés, les chasseurs ne semblent pourtant pas très au clair sur la question. À quelques jours de l’échéance, Christian Pietri, responsable technique de la fédération des chasseurs de Haute-Corse, l’avoue : « On va un peu à la pêche aux informations ». D’ici la semaine prochaine, l’organisation espère toutefois pouvoir diffuser quelques éléments sur son site internet. « De toute façon, ça ne va pas se faire du jour au lendemain », tranche Christian Pietri. Au quotidien, le responsable estime que « pour le chasseur lui-même, ça ne changera pas énormément de choses ». Si ce n’est pour les plus anciens ou pour ceux qui ne possèdent pas internet : « Là, cela peut poser problème ».
 
Cette dernière inquiétude est partagée par François Manenti, Vice-président de la fédération des chasseurs de Corse-du-Sud. Pour y remédier, la fédération tente de diffuser l’information auprès des chasseurs, tout en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une « action individuelle ». Mais pour l’heure, la nouvelle procédure ne soulève pas l’enthousiasme. « Nous avons eu quelques questions après la présentation du dispositif en préfecture, mais depuis, c’est très calme », indique François Manenti. S’il est difficile d’effectuer des pronostics, il estime que seuls « 20 à 25% des chasseurs » s’inscriront dans les premiers temps.

« En fichant les armes, on fiche les gens »

Pour les deux fédérations, le nouveau système profitera surtout à l’État. « Cela va tout centraliser, et ce sera plus facile de contrôler », explique Christian Pietri. Craint-il le « fichage » des détenteurs d’armes ? « En fichant les armes, on fiche les gens », soulève-t-il. « Mais désormais on dématérialise tout, les impôts, les armes, c’est ainsi. »
 
Du côté des armuriers, on expérimente le dispositif depuis octobre 2020. Et pour l’heure, il ressemble un peu à une « usine à gaz », selon Jacques Arnaud, de l’armurerie « A cispra », située à Peri. « Nous continuons l’ancien système tout en mettant en place le nouveau, donc pour l’instant, cela représente une surcharge de travail. Mais à terme, ce sera bien », indique-t-il. Jacques Arnaud est donc plutôt satisfait de la généralisation du SIA. « Avant, nous devions remplir des formulaires, les renvoyer avec tous les documents photocopiés… Avec la dématérialisation, nous aurons moins de papiers à faire. » Lui non plus ne craint pas le « fichage ». « Toutes ces informations existaient déjà, elles étaient juste plus complexes à obtenir, les recoupements sont plus faciles avec ce système. »

Reste à savoir comment les détenteurs d’armes accueilleront le dispositif. Début de réponse le 8 février.