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Décès d'Yvan Colonna : en Corse, l'heure est au recueillement


Julia Sereni le Mardi 22 Mars 2022 à 13:57

Au lendemain de la mort d’Yvan Colonna, de nombreux lycées sont bloqués en Corse. A Ajaccio, les élèves se sont rassemblés devant la cathédrale avant de rejoindre la préfecture. Pour eux, l’heure est, plus que jamais, au recueillement.



Les lycéens ajacciens ont accroché une banderole aux grilles de la préfecture. Photo : Michel Luccioni
Les lycéens ajacciens ont accroché une banderole aux grilles de la préfecture. Photo : Michel Luccioni
Une journée de « deuil » et de « recueillement ». Les mots reviennent unanimement dans la bouche des lycéens , au lendemain de la mort d’Yvan Colonna. Un jour à peine après la reprise des cours, ils ont donc décidé de bloquer de nouveau les grilles de leurs établissements, qu’il s’agisse du Laetitia, du Fesch ou encore de Saint-Paul. « C’était viscéral », confient Lisa et Flora, 17 et 18 ans. Les deux jeunes filles, comme les quelque deux cents jeunes présents dans les rues d’Ajaccio, estiment « logique » de rendre un « dernier hommage » ce mardi au berger de Cargèse. « Aujourd’hui nous sommes dans le recueillement, toute la Corse est endeuillée », estime Matteu, 17 ans, élève du lycée Fesch.

« À la cathédrale ! »

Parti du lycée Laetitia vers 10 heures, le cortège, sobre et sans banderoles, prend la direction du cours Napoléon. Devant la préfecture, une voix s’élève : « À la cathédrale ! ». La jeune foule se remet alors en marche, rejointe désormais par un petit groupe d’adultes. À l’entrée du parking du Diamant, le regard de quelques uns est attiré par une inscription sur le mur : « Gloria à tè ! ». Nul besoin de préciser à qui ces mots sont destinés.
 
Devant la cathédrale, quelques bougies subsistent du rassemblement spontané de la veille« Nous voulons en allumer d'autres et chanter le Diu », expliquent Lisa et Flora. Vers 11 heures le chant finira par résonner sur le parvis, emmené par les professeurs de Corse Ceccè Lanfranchi et Paul-Vincent Mucchielli. Postée sur les marches qui surplombent le groupe, France-Angela Battini, filme la scène avec son téléphone portable. Enseignante elle aussi, elle a suivi la mobilisation des jeunes depuis ses débuts, jouant sans faiblir la carte de l’apaisement. Pour elle, ce moment est avant tout celui du deuil. « Yvan Colonna ce n’est ni un symbole ni un héros, c’est n’importe lequel d’entre nous. »

Quid de la suite ?

Comme en écho, le souffle de la colère, pourtant, s’élève déjà. « Un des nôtres est mort. Cela n’aurait jamais dû arriver. », affirme Matteu. Alors si « la politique passe à l’arrière plan aujourd’hui », des interrogations, voire des inquiétudes, commencent à naître. « Ce qui se passera par la suite, on n’a pas les clés », confie France-Angela Battini. Mais l’enseignante met en garde. « Il ne faudra pas jeter de l’huile sur le feu. Si des gestes forts n’arrivent pas rapidement, comme le rapprochement des autres prisonniers, il pourra se passer quelque chose », s’inquiète t-elle.
 
En toute fin de matinée, le cortège finit par rejoindre la préfecture. Le petit groupe d’adultes qui a rejoint les lycéens se poste dans la rue général Fiorella, pour prévenir d’éventuels débordements en direction du commissariat. Mais les appels au calme semblent pour l’heure être entendus. Une banderole « Yvan martiriu di a causa corsa » est simplement accrochée aux grilles de la préfecture. « A palatina », « A me patria » ou « È po marchjà »... Autour d’une guitare, les chants reprennent. Avant de se taire doucement, dans le calme. Jusqu’à quand ?

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni