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Corte : "Une nouvelle mission, de nouveaux défis", pour le père Christophe Boccheciampe


Sylvie Gibelin le Samedi 27 Janvier 2024 à 10:13

Fraîchement nommé par le Cardinal Bustillo, le père Christophe Boccheciampe vient de quitter le secteur interparoissial Rive Sud/Prunelli pour Corte. À 44 ans, ce prêtre apprécié de ses paroissiens depuis 11 ans se confie sur sa nouvelle mission.



Christophe Boccheciampe (Photo Paule Santoni)
Christophe Boccheciampe (Photo Paule Santoni)

- Père Christophe, d’où vient votre choix de devenir prêtre ?
- Tout d’abord c’est un choix discerné. On ne se choisit pas, il y a quelque chose qui germe, qu’on laisse au discernement de l’église en entrant au séminaire. Pendant ces années on voit si l’on est fait ou pas pour ça. Mais ce qui dit qu’on est dans la bonne voie, c’est que l’on est heureux, on se sent à sa place. Ensuite, un jeune prêtre est façonné par ses rencontres, par les différents secteurs qu’il parcourt, par les différentes réalités à travers des accompagnements qu’il fait dans la joie comme dans la peine. Je crois qu’après, celui qui a la charge d’une paroisse a simplement à aimer ceux qui lui sont envoyés. C’est une histoire d’amour et de don de soi. Cet amour me fait vivre.

- Avec 11 années de recul, pensez-vous avoir réussi votre mission dans le secteur Rive Sud/Prunelli, et qu’avez-vous apporté à vos paroissiens ?
- Honnêtement et humblement je pense que oui. Je pense qu’ils retiendront de moi la joie, la simplicité et l’accueil. Une paroisse qui ne sait pas accueillir est morte. Mon rôle n’est pas d’avoir toujours raison ou de tout savoir. Je dois être à l’écoute pour apporter quelque chose. Je pense que pendant ces années j’ai apporté cette touche à cette paroisse. Ce qui a fait que nous avons eu une augmentation des mariages, des communions et des baptêmes. La demande est forte aujourd’hui'hui et il faudra rester attentif à ça pour pouvoir les accompagner. Depuis que ma nomination a été annoncée, j’ai été submergé d’appels de paroissiens heureux que je vienne à Corte, mais évidemment d’énormément de mes paroissiens malheureux que je les quitte. C’est compliqué de se retrouver au milieu de tout ça et je l’avoue, c’est difficile émotionnellement. Dans ces moments-là, il faut avoir la foi et la grâce d’avancer, mais ne pas oublier tout ce que l’on a pu vivre. La grâce nous fait remercier de tout ce qui a pu se passer. Lorsque j’ai été nommé sur la Rive Sud, cela n’a pas été facile non plus au début. Je ne connaissais personne, je n’avais pas mes “marques”. Tout est une question d’adaptation. Et quand je me vois dans la paroisse que je quitte aujourd’hui, 11 ans après, cela me conforte dans le fait que je vais m’adapter. Chaque mission est différente dans chaque paroisse, parce que les gens sont différents, et on ne peut pas calquer une action pastorale d’un lieu sur un autre. Le rôle du prêtre est de s’inculturer vraiment dans un territoire donné, dans une réalité donnée. Sa mission se fait aussi en 4X4 !

-  Justement, pourquoi le Cardinal Bustillo vous a-t-il choisi plutôt qu’un autre, et quelle mission vous a-t-il confiée ?
Tout d’abord, je le remercie de me confier cette mission ambitieuse. Je vais devoir mener la paroisse, ce qu’il y a à côté, aller en périphérie de la ville et du secteur rural qui me sera accordé, et à partir de là, monter des actions. Ensuite, je pense que mon âge y est pour quelque chose, je fais partie des plus jeunes en Corse. Mais aussi pour mon expérience du terrain si l’on peut dire. Un des défis du Cardinal c’est vraiment de renforcer le lien avec l’université, où le père Pio est déjà aumônier, pour la jeunesse qui monte sur Corte, tout en tenant compte des difficultés du rythme universitaire. Dans un premier temps, je vais beaucoup écouter, regarder comment cela se passe, pour ensuite proposer une action pastorale, au niveau global. Mon prédécesseur, l’abbé Culioli, a déjà fait un très gros travail de valorisation sur la paroisse pendant 10 ans, et maintenant on va voir comment apporter autre chose, une autre coloration si on peut dire. Le but du changement c’est justement de se renouveler. Je suis immensément triste de quitter la rive sud, mais il ne faut pas “s’empâter” dans un système, il faut parfois sortir de sa zone de confort. Lorsque l’on arrive dans un nouveau lieu, c’est à nous, avec notre discernement, de faire vivre ce qu’il y a à faire vivre et puis après d’améliorer ce qui peut l’être.

- Vous êtes connu et apprécié pour être un curé “nouvelle génération”, entre autres pour vos participations actives aux réseaux sociaux. Peut-on dire que vous êtes un curé 2.0 ?
- Je l’assume totalement ! Je pense qu’il faut casser une image d’Épinal que les gens ont du prêtre. Ce n’est pas parce que l’on est prêtre que l’on vit d’interdits. Le prêtre vit pleinement la vie comme il doit la vivre. Et ce n'est pas parce qu’il va au restaurant, parce qu’il sort avec ses amis, parce qu’il a un compte Facebook, Instagram, qu’il fait des selfies avec les mariés, qu'il en est moins prêtre…Et bien au contraire, il élargit la communauté. A un moment donné, on ne doit pas vivre dans le passé. On n’est pas prêtre du temps passé mais bien du temps présent, c’est le temps que Dieu nous donne. Bien sûr qu’il peut y avoir des dérives dans les réseaux sociaux et il ne faut pas s’y laisser enfermer, mais on peut en faire également un outil d’évangélisation, ce qui permet de faire passer ce que l’on a appris de la bonne nouvelle du Christ à travers ces réseaux. A son époque, Jésus s’est servi des moyens qui existaient pour communiquer, et plus de 2000 ans après on en parle encore. L’église a également toujours communiqué. Et je pense que s’il était né aujourd’hui, Jésus se servirait aussi de tous ces moyens auxquels il aurait accès !