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Bastia, place forte de la langue chinoise en Corse


le Mercredi 14 Octobre 2015 à 20:02

"L’art du jardin en Chine : une approche du monde" : c'est le thème de la conférence donnée mardi en fin d'après-midi dans l'amphithéâtre Giocante de Casabianca de Bastia par Joël Bellasen, inspecteur général de chinois au ministère de l’Education nationale et directeur de recherche à l’institut nationale des langues et civilisations (Langue O’) et vice-président de l’Association mondiale de l’enseignement du chinois. Il était l'hôte de Marc Leccia, proviseur l'établissement, de l’amicale de la classe Prépa Lettres du lycée et de Xin Devichi, la seule professeure de Chinois exerçant en Corse. L'occasion d'évoquer avec lui l'enseignement du Chinois à Bastia.



Marc Leccia, proviseur du lycée Giocante, Xin Devichi et Joël Bellasen
Marc Leccia, proviseur du lycée Giocante, Xin Devichi et Joël Bellasen
« L’art du jardin en Chine, une approche du monde », tel a été le thème de la conférence donné mardi 13 octobre au lycée Giocante devant un amphithéâtre bien rempli par Joël Bellassen, inspecteur général de chinois au ministère de l’éducation nationale. Le jardin à la chinoise représente à ses yeux une composante majeure de l’identité culturelle chinoise, au même titre que la langue et l’écriture chinoise (qui avait été le sujet de sa conférence précédente) ou que la culture culinaire chinoise (qui pourrait être le thème d’une prochaine conférence).
L’art du jardin, là où il existe (le jardin à la française ou le jardin Zen à la japonaise par exemple), beaucoup plus que de simples lieux d’agrément et de détente, sont d’abord la projection d’une approche spécifique du monde : si les jardins Zen au Japon sont caractérisés par une stylisation épurée, une certaine abstraction et un dépouillement mystique, si le jardin à la française reflète une relation frontale de l’Homme à la Nature, le premier façonnant le jardin en y imprimant sa marque faite de symétrie, d’allées rectilignes, d’eaux jaillissantes et mettant en avant la pierre (celle du château, des statues, des cailloux bordant les allées, il en va tout autrement du jardin à la chinoise. Celui-ci sera fait de constructions en bois, offrira une apparence de « beau désordre », comme l’avait dit le missionnaire jésuite français Jean-Denis Attiret au 18ème siècle, privilégiera les trajectoires sinueuses, fera un lieu de repos, de contemplation esthétique, avec des « plans » de plus en plus éloignés.
La conférence était agrémentée de photos, le plus souvent personnelles prises par le conférencier durant ses séjours en Chine, et celles-ci illustraient en particulier l’idée selon laquelle le jardin chinois était un lieu ont été pensés tout à la fois les éléments vivants ou inertes du monde (l’eau, la pierre, le « souffle » censé circulé à travers ce cosmos en miniature) et le regard du promeneur à tel ou tel moment de son parcours dans le jardin. Cette conférence, qui était à la fois invitation au voyage et évasion vers une autre façon de sentir et penser le monde qui nous entoure, s’est conclue par un caractère chinois, que Joël Bellassen interprétait comme signifiant tout à la fois l’état des choses et les sentiments que l’on éprouve.
Langue dépaysante, culture dépaysante…
Le lycée Giocante était ce soir-là dans la découverte de l’ailleurs, en attendant celle d’une culture culinaire probablement tout aussi déroutante, lors de la prochaine conférence…