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#Amnistia : Une O.N.G. dans la bataille


le Vendredi 23 Septembre 2016 à 22:53

L'ONG CNRJ est l'Organisation Non Gouvernementale des Cercles Nationaux de Réflexion sur la Jeunesse. Indépendante des gouvernements et des institutions gouvernementales de quelque pays que ce soit, elle sera présente à la manifestation, pour apporter son soutien à la démarche Amnistia.



Audrey Gautier, secrétaire générale internationale de l'O.N.G. C.N.R.J., et Frédéric Fappani von Lothringen, Président.
Audrey Gautier, secrétaire générale internationale de l'O.N.G. C.N.R.J., et Frédéric Fappani von Lothringen, Président.
  Présente dans une vingtaine de pays, l'ONG CNRJ regroupe près de 10.000 adhérents. Elle n'a pas de fonds publics. Ces financements proviennent exclusivement de dons. Elle n'a pas non plus de salariés, seulement des bénévoles. Ce mode de fonctionnement permet une certaine liberté de ton et d'action que n'ont pas d'autres structures.

Sur la question corse, elle n'est donc dépendante financièrement ni du gouvernement français ni d'une quelconque association, organisation indépendantiste ou de "proto-gouvernement corse". Son credo : observer, penser, agir sur la question de l'Homme et plus particulièrement la jeunesse. Elle dénonce la maltraitance faite à la jeunesse dans le monde et milite pour qu'elle puisse réaliser au mieux ses pleines potentialités.

Considérant la Corse à un moment historique et sa jeunesse comme "l'une des plus mobilisables et des plus implacables au monde", son président Frédéric Fappani von Lothringen, et sa secrétaire générale internationale Audrey Gautier, ont décidé d'être présents en Corse pour la manifestation du 24 septembre, afin de soutenir la démarche Amnistia impulsée par l'association Sulidarità.

 
Interview de Frédéric Fappani von Lothringen, président de l'O.N.G. CNRJ.

 

" Pourquoi avez-vous décidé de venir en Corse aujourd'hui ?

Dans le rapport qu'il y a entre la Corse et la France, on se rendait bien compte que certains organismes, qui dépendaient parfois de l'argent public, journaux, médias ou associations, ne relayaient pas du tout ce phénomène politique, et de participation de la jeunesse, que l'on voit en Corse. 

Ces organismes, quand nous nous rendons à Genève (Siège de l'O.N..U.) on ne les voit pas parce qu'ils n'ont pas le droit de rentrer, puisque financés par l'argent public... Il y a un phénomène sociologique important, et on se rendait donc bien compte qu'il n'y avait pas ou très peu de médiatisation autour de ce sujet. Il y a aussi une situation particulière, de gens qui ont milité et sont aujourd'hui emprisonnés qui n'est en rien relayée. Il y a enfin un statut politique particulier car quoi que l'on en dise, si l'on devait envisager ces gens comme des délinquants ou des criminels "communs", ils auraient un traitement moins dégradé... Et là encore, personne ne s'offusque, aucune association (à l'échelle nationale, ndlr.) ? Pourquoi ? Parce qu'ils sont corses ? Il y a selon nous quelque-chose qui ne va pas.

On voit bien l'émergence d'une certaine maturité politique, qui n'est pas accompagnée. Nous en tant qu'O.N.G., nous ne cherchons pas à appuyer un gouvernement émergeant en Corse, une occupation, ou le Gouvernement français. On voit simplement l'émergence d'un peuple, des jeunes qui veulent y participer et des droits de l'Homme bafoués ! On fait donc notre travail ! Voila ce qui nous a amenés en Corse aujourd'hui.

Quel est votre point de vue sur la situation en Corse aujourd'hui ?

On pense qu'il y a aujourd'hui un écroulement de l'Homme au niveau planétaire, et cet écroulement se manifeste dans les sociétés de manière différentes. Face à lui, une passation n'a plus lieu entre certaines générations, au niveau financier, intellectuel, patrimonial ou encore linguistique. 

Les Corses sont eux-aussi traversés par cet écroulement, mais une réponse est apportée, qui a pris ici une incarnation collective. Aujourd'hui, on pourrait dire que les nationalistes sont en train de prendre le pouvoir dans l'ensemble des différentes assemblées et structures, mais si l'on veut regarder la situation autrement : on voit qu'il y a des gens qui essaient une nouvelle voie qui dépasse le clivage Droite-Gauche, et essaient aussi de construire quelque chose. A un moment donné où les valeurs s'écroulent, un peuple essaie donc de trouver une incarnation, et ils ont choisi le Nationalisme : c'est donc une réponse.

Le problème lorsque l'on traverse un écroulement, c'est que l'on peut prendre des voies malheureuses, de repli idéologique identitaire très destructeur, d'un nationalisme exacerbé qu'on retrouve beaucoup en Europe aujourd'hui, ou une "religiosité" aiguë que l'on retrouve notamment dans les pays arabo-musulmans.

Je pense personnellement que ce qui se joue en Corse n'est pas qu'un Nationalisme exacerbé, étroit, etc.. Les indicateurs sont le dépôt des armes, le fait que l'on articule plusieurs valeurs, démarches... On essaie réellement selon moi de changer le logiciel. Je ne suis pas plus malin que les autres, je ne sais pas ce que cela va donner, mais on essaie en tout cas ici de faire face... Heureusement, mais malheureusement pour la Corse, au moment de cette démarche, ailleurs tout s'écroule, et je pense que les difficultés que connait la Corse, vis-à-vis des discussions avec le Gouvernement, viennent de là. De là ce Gouvernement, qui a déjà tellement de problèmes, se retrouve sur la défensive face à des propositions qui sont peut-être bonnes. Voilà un peu mon constat sur la situation qui m'amène ici aujourd'hui.

Quelles solutions pragmatiques pouvez-vous apporter en tant qu'O.N.G., vis-à-vis de la situation en Corse comme pour les différentes actions que vous avez menées jusqu'ici ?

Il s'agit souvent de Lobbying. Cela peut être un lobbying de proximité, on peut demander à des gens de faire des pétitions, etc... Mais le lobbying peut être aussi multi-niveaux, parce que pour faire basculer un vote il faut faire des enquêtes, et faire remonter des éléments que les élus n'ont pas. Quand il s'agit de faire changer l'opinion d'une personne, il s'agit, souvent au-delà de cette personne, du point de vue d'un pays qu'il faut faire évoluer. Quand on veut faire basculer un vote de l'O.N.U., si effectivement notre fenêtre d'action n'est que de trois jours, cela implique des mois de préparation en amont... Mais on peut faire bouger les choses, et demander des commissions d'enquête pour faire examiner des situations que l'on estime contraire aux droits de l'Homme, et des sanctions peuvent être prises contre des Etats. "