Michel Ucciani c’est d’abord « une gueule », que l’on découvre sur la couverture, celle d’un homme né en 1960 qui a cumulé entre 1978 et 2018 vingt années de réclusion. Une vie entre militantisme nationaliste et existence de braqueur qu’il raconte dans un livre sans concession et sans fioriture.
Un ouvrage qui démarre par ces mots : ‘J’ai la rage, la colère. Il s’est produit l’impensable, l’inimaginable, Yvan Colonna a été assassiné dans la prison d’Arles". La disparition tragique d’Yvan Colonna le 21 mars 2022, faisant suite à l’agression mortelle survenue 19 jours auparavant dans la prison d’Arles est le point de départ d’un livre où Michel Ucciani raconte sa vie. Une existence qui débute à Paris avant de se poursuivre en Corse en 1976 où, deux ans plus tard, elle va prendre une tournure particulière avec une « connerie » et plus exactement un vol de quatre pneus engendrant un premier séjour en prison à Ajaccio. Le pied était mis à l’étrier et dès lors la face cachée de la lune allait prédominer. Michel Ucciani enchaînait un passage au RPIMA où il était l’auteur de ses premiers braquages, avant de rencontrer le nationalisme et particulièrement le FLNC en 1983.
Dès lors le parcours de Michel Ucciani, classé DPS, va ressembler à un véritable tour de France des « taules » plus ou moins modernes, plus ou moin...
Pendant vingt-cinq ans, Marc Fratani a été aux côtés de Bernard Tapie, entre coups durs et coups bas, à la fois bouclier humain et agent d'intervention, dans une histoire marseillaise se transformant peu à peu en saga nationale. Fasciné au départ par la personnalité de celui qui apparaît comme un « homme providentiel », et qui allie « le charisme,la séduction, la force de conviction », il devient le fidèle compagnon, ou plutôt « l'instrument » d'un leader porté par « la culture de la gagne », dans les épisodes victorieux et surtout troubles de sa carrière.
Mais le volontarisme poussé au paroxysme a son revers : un égoïsme forcené. Bernard Tapie « se moque de ses semblables » et n'a « aucun sens de l'amitié ». Cela, Marc Fratani l'apprend à ses dépends. Devenu retraité, alors qu'il n'est plus dans la galaxie Tapie, il tente une aventure professionnelle à Marseille. Tout se passe bien jusqu'à ce que son ami de vingt-cinq ans, oublieux du passé, le démolisse... « J'ai cru au Père Noël sans en attendre de cadeaux », écrit-il. Mais entre l'absence de cadeaux et les crocs-en-jambe, il y a une marge inadmissible.
Vulgarité et brutalité
En bon Corse, Fratani n'est pas du genre à tendre l'autre joue... Marqué par la trahison de celui en qui il avait cru au point « de manipuler et de mentir » pour lui, il se sent libéré de tout engagement. D'où ce livre dans lequel l'auteur, en décrivant tout ce qu'il a fait pou...
Et comme dans chacune de ses histoires tout se joue dans les dernières pages avec, comme cela est déjà le cas dans Horrora Borealis et Le Miroir des Ames, un retournement de situation en dernière limite. C'est d'ailleurs la marque de fabrique de Nicolas Feuz qui n'apprécie pas un scénario du type happy end : "quand je lis un ouvrage j'aime bien être bluffé et je veux que ce soit la même chose pour mes écrits. J'aime piéger le lecteur".
La découverte de la Corse a été un révélateur
Avec L'ombre du Renard, Feuz affiche le même souc...
Premier titre de la collection Pulitica, aux éditions Clémentine, voici un entretien avec Laurent Marcangeli, maire d'Ajaccio, ou l'itinéraire d'un politicien de la nouvelle génération, un politicien dans le sens positif du terme. Enfant du cœur de la ville aux attaches cruzzinaises, Laurent entremêle sur plus de 400 pages d'un échange intelligemment mené par Frédéric Bertocchini, les événements auxquels il a assisté, ceux auxquels il a participé comme ceux qui ont marqué l'évolution du monde. Sensibilité et lucidité font chez lui bon ménage, entre la suprématie du noyau familial et la projection vers le leadership auquel il aspire depuis l 'adolescence.
Ses parents sont de sensibilité nationaliste, dont une mère syndiquée STC, mais son attachement à l'âme corse dépasse tout engagement. Laurent Marcangeli ressent les blessures, souvent d'injustice et d'incompréhension, liées à l'insularité. Cela a a-t-il favorisé son engagement ? Sans doute. Mais il définit la philosophie de celui-ci de façon plus globale, teintée d'humanisme (il croit au progrès humain) et d'une forme d'idéalisme que le contact des réalités atténue parfois. Laurent Marcangeli parvient à dater le « déclic » qui a décidé de sa vocation : un discours de Jacques Chirac au début de l'année 1995. Il a trouvé son modèle.
A l'âge où l'on affiche les posters des stars, il épingle le portrait du futur Président de la République au mur de sa chambre. A 14 ans, il le sait, il fera de la politique, non pour une simple participation militante, mais « dans l'idée de diriger. » C'est dans cet état d'esprit qu'il adhère au RPR. La machine est lancée. A vingt ans, en 2000 voici Laurent Marcangeli candida...
- De quelle manière ?
En Corse, culturellement et affectivement, nous sommes au croisement de l'oralité et du Livre, de la foi et des mythes fondateurs méditerranéens, d'Homère et de la Bible. Cela a un avantage : la parole et l'écrit ne sont pas en concurrence dans le champ de la parole, dans le « bruit de fond » (l'expression est de Michel Serres) d...
Jean-Claude Rogliano et sa fille Agnès, universitaire, nous proposent une incursion au coeur de l'âme corse, avec son imaginaire nourri d'une réalité parfois cruelle. Entretien.
- Comment vous est venue l'idée de ce travail en commun ?
- La proposition d’un éditeur d’écrire un livre à quatre mains fut le début de ce que nous avons vécu comme un aventure, ou parfois comme un défi suivant nos manières respectives de prendre certains sujets à bras le corps.
- Les histoires que vous racontez sont-elles issues de l'oralité ou sont-elles le fruit de votre imagination ?
-,Certaines, comme A Sposata ou La Biscia sont des légendes revisitées avec la sensibilité et l’imagination de l’auteur. D’autres, sont tirés d’événements majeurs de notre histoire ; c’est le cas de l’épisode des Dui seini où Cardone, un vieillard misérable et infirme, en tenant tête à un collecteur génois, par le seul pouvoir des mots, déclenche une révolution ; au pays de l’oralité, pourquoi ne pas étoffer le récit en l’imaginant crier sa haine de l’oppresseur par un chant improvisé ? Certains contes sont inventés, mais comme pour Le Chasseur de la nuit, sont utilisés les croyances, les fantasmes, les peurs tirés de notre mémoire collective. Certains autres, comme Le banquet de l’évêque, sont construits à partir de témoignages d’événements burlesques agrémentés de souvenirs personnels qui le sont tout autant : beaucoup d’entre nous se souviennent de la récurrente homélie de monseigneur Llosa qui...
Pour beaucoup de lecteurs nés dans les années cinquante, le nom des Chênes Verts de Vico évoquera quelque chose. Cette colonie de vacances, où le séjour avait le goût du bonheur, est évoquée avec fraîcheur dans le livre d'Antoine Alessandri « Les Chênes Verts ou ma belle colonie de vacances. »
L'auteur déroule ses souvenirs avec le ton juste que donne la mémoire heureuse. Car c'est bien là ce qui ressort de cette lecture : on n'est pas face à quelque nostalgie passéiste, mais on est transporté par la chronique d'une jeunesse encore marquante et vivace.
Antoine Alessandri, en apparence, n'a qu'à laisser se dérouler le fil de ses réminiscences, avec un style qui s'adapte sans effort à la pente du temps. Tout commence à l'école primaire de garçons Pascal-Paoli, qui se trouvait montée du tribunal à Ajaccio. A la récréation, les petits jouaient devant le tribunal et les grands investissaient la place Abattucci. On prend plaisir à suivre le quotidien de ces gamins dans une ville à leur mesure, où ils allaient pêcher au port, faire du chariot à roulements à billes dans les rues et se baigner au Ricanto... Antoine Alessandri déroule un catalogue de plaisirs simples, dont le point culminant était le séjour estival aux Chênes Verts, un véritable château où tout était organisé pour que les enfants venus de toute l'île profitent au mieux du séjour. Et pas question d'y dépérir : une pesée à l'arrivée, une pesée au départ, comme une preuve pour les parents qu'ils avaient bien « profité. » En fonction de l'âge et du sexe, les organisateurs constituaient des équipes et des groupes, placés sous l...
Antoine Albertini, journaliste àCorse-Matin, correspondant pour Le Monde, est l’auteur du livre « Les invisibles » paru chez l'éditeur J.-C.Lattès pour lequel il est devenu directeur de collection, cette dernière baptisée du nom de son dernier ouvrage et qui sera consacrée à des affaires criminelles diverses.
Qu’il écrive des livres ne fait pas de lui, explique-t-il, un auteur ou un écrivain, il est avant tout un journaliste qui écrit des livres, il a choisi de traiter des sujets « légers et frivoles » dit-il, employant cette antiphrase d’un ton fin et amusé. « Par tropisme professionnel local, je me suis dirigé assez rapidement vers ce type de sujet, je dirai presque cette discipline, qui ne risque pas de mettre les journalistes locaux au chômage car comme nous le savons, le crime nourrit à la fois la réalité mais aussi l’imaginaire de cette île depuis très longtemps. »
Il a suffi qu'un invisible parle
Son livre « Les invisibles » fait partie d’une affaire qui l’a touché indirectement au point d’envisager même d’arrêter le journalisme, en 2009. Il travaillait à l’époque pour France 3 Corse, il a ainsi proposé à la direction de consacrer un documentaire à l’immigration clandestine, montrant ces hommes cachés, non visibles mais dont le traitement est connu de tous.
Il s'appelait El Hassan M'Sarhati, il souhaitait vivement raconter comment il avait été acheminé jusqu'en Corse, parler des conditions d...
De plus, cette année le Prix a été remis à Auddè, le village de ma tante Olga Natali. Cela lui a donné une dimension encore plus importante. La cérémonie a été un moment très émouvant, j’étais entourée de mes proches et j’ai été très touchée par le discours de Dumenica Colonna qui a parfaitement compris ce que je voulais exprimer à travers ce livre.
- Vous écrivez en langue corse tout en poursuivant vos études universitaires en Études corses. Comment jugez-vous les critiques qui çà et là disent que le corse universitaire n'est pas celui du « pays réel » ?
- En toute franchise, les propos de ce genre ne me touchent pas. Pour moi ils n’ont pas de sens. La filière corse est un pilier pour notre Université. C’est une filière qui est chère à mon cœur et je serai toujours fière de dire que je suis issue du cursus Studii Corsi. Il es...
Adolescent, il a bien entendu connu la guerre d’Algérie et ne se prive jamais de revenir sur cette expérience où se s’entremêlent les souvenirs heureux et bien d’autres qui le sont moins… La guerre, les attentats, les morts, la guerre civile. Le conflit, dont les blessures sont encore tenaces. On peut d’ailleurs s’e...
- Il y a en effet beaucoup de références littéraires et historiques dans votre texte. Faut-il être érudit pour vous lire ?
- Jorge Luis Borges, que je choisirais pour maître si j’avais la prétention d’être le disciple d’un très grand écrivain, a exprimé l’idée que dans un monde fini, totalement exploré, l’éruditio...
"En apparence" raconte un moment de la vie d'Elsa où la routine bascule.
"C'est une histoire simple qui s'enracine rapidement dans la tragédie. Le personnage qui a une vie extrêmement rangée, va tout à coup être prise d'une passion transgressive qui prendra finalement le dessus sur tout le reste. Elle n'éprouve pas vraiment de culpabilité mais petite à petit elle va sentir son destin lui échapper. Ce qui m'a intéressée pour ce roman c'est ce moment de la vie où tout basculer et on glisse peu à peu vers la tragédie alors que l'on se pense maître de son destin. J'ai toujours écrit, j'ai une formation littéraire. Évidemment, professionnellement je me suis orientée vers la communication, néanmoins j'ai toujours écrit avec plus ou moins de succès. Cette fois ci, j'ai été publiée par les éditions Maïa, ce qui a été un vrai bonheur, c'est l'aboutissement d'un travail. Je ne perds pourtant pas de vue mon vrai métier. Je suis consultante en communication et management auprès des entreprises. Je pense que mon activité professionnelle a développé un certaine acuité dans l'observation des comportements humain. En particulier ce qui relève de la communication interpersonnelle. L'inspiration m'est venue des films de Claude Sautet, toute cette ambiance et cet imaginaire qu'il y a dans ces films m'ont inspirée".
Cette différence c’est ce que ce livre veut exprimer et montrer. Afin que rien ne se perde tout a fait. Afin que les enfants d’aujourd’hui puissent en prendre connaissance. Et s’étonner peut-être. S’y intéresser, pourquoi pas ? Ce livre est un livre de mémoire, celle de l’auteure et celle de ses amies d’enfance retrouvées ou jamais perdues.
Il est dédié a un pays qui est le leur et qui les a en quelque sorte façonnées a son image. Entre tendresse et humour, il invite a se souvenir et a la découverte. . .
Héléne Bresciani est née a Valle d’Orezza, un village dont il est beaucoup question dans "Journal d'une amnésique". Elle a vécu a Loretu di Casinca puis a Bastia. Elle réside et travaille aujourd’hui a Marseille. D’avoir écrit dans différents journaux, et plus particulièrement le quotidien La Provence et l’hebdomadaire Les Nouvelles Publications, lui a sans doute inspiré le titre de ce cinquième ouvrage.
Signature ce samedi 19 août de 17 à 19 heures à Valle d'Orezza sur les parvis de la très belle église rénovée et ouverte au public pou...