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Terra di i Turmenti : Un documentaire sur les années de braise du nationalisme corse


le Mardi 13 Octobre 2015 à 01:18

Ce lundi matin à l’Espace Diamant, le réalisateur De Gaulle Eid a présenté à la presse son nouveau documentaire : Terra di i Turmenti. Durant 1h20, celui-ci retrace les heures noires du nationalisme corse, notamment vues au travers les yeux de l’abbé Mondoloni



Terra di i Turmenti : Un documentaire sur les années de braise du nationalisme corse
C’est un portrait sans fard de l’histoire contemporaine corse. Le bilan des heures sombres qu’a connu l’île entre les évènements d’Aléria et les années 1990. Ce lundi matin, à l’Espace Diamant d’Ajaccio, le réalisateur De Gaulle Eid présentait son nouveau documentaire : Terra di ii Turmenti, la Corse: les années de braise.
Aucune voix off. Pas d’images d’archives non plus. Durant 1h20, la parole est donnée à ceux, acteurs ou témoins, qui ont vécu cette époque de l’intérieur. Ce sont eux qui dessinent les pourtours d’un bilan, d’une rétrospective de ces années tourmentées qui frappèrent la Corse et la meurtrirent au cœur.  « Ce film offre à voir un bilan assez lourd de la Corse depuis 1975 en passant par la guerre fratricide », prévient le réalisateur, « Même si assez lourd pour les Corses, il fallait le faire. Pour toujours mieux regarder le présent et le futur, il faut faire un bilan ».

L'abbé Mondoloni (Photo: Terra di Turmenti)
L'abbé Mondoloni (Photo: Terra di Turmenti)
Au centre du documentaire, un personnage qui s’est imposé comme une évidence pour le réalisateur. « Dès le départ je voulais faire un film sur l’abbé Mondoloni », dévoile-t-il. Figure ô combien emblématique de ces années noires, le curé de Morosaglia intrigue par son ambivalence. Homme de paix, il n’hésite pas à avouer avoir souhaité exterminer le général De Gaulle alors qu’il faisait parti de l’OAS. C’est en rentrant dans les ordres, après un séjour en prison, qu’il rejoindra la Corse, dont il est originaire. Embrassant alors les idées nationalistes, il deviendra bientôt militant de l’ANC et se fera connaître de par ses homélies cinglantes et ses démêlés avec l’ordre public. Un personnage propulsé en plein cœur de ces années de braise, qui devient pour l’occasion témoin privilégié pour raconter ces évènements qui ont marqué la Corse. Mais pour autant, De Gaulle Eid a également souhaité faire appel à d’autres acteurs de l’époque afin d’appuyer le récit et de donner d’autres visions des choses que celle de l’abbé. « Je ne voulais pas faire un portrait. Je voulais faire quelque chose qui raconte la Corse. Et la Corse on ne peut pas la raconter avec un seul personnage, fût ce t-il un personnage fort comme l’abbé », explique-t-il.

Monseigneur Thomas, évêque de Corse de 1974 à 1987, est ainsi invité à partager son vécu, notamment de l’affaire Bastelica-Fesch, dans laquelle il avait été médiateur. A l’évocation de ses souvenirs, il ne peut d’ailleurs contenir quelques larmes.
Edmond Simeoni, Pauline Sallembien, Jean-Jérôme Mondoloni – le frère de l’abbé-, et Jean-Pierre Bonnafoux, viennent compléter la liste des intervenants de ce documentaire. Avec ses mots, chacun revient sur les dérives dans lesquelles le courant nationaliste s’est trouvé emporté. La guerre fratricide, le « système pourri », le racket, et surtout l’argent, toile de fond de la décadence, « devenu pour beaucoup le moteur de l’action », comme le déplorera Jean-Jérôme Mondoloni.
« Ils racontent la Corse, racontent ces évènements avec leur émotion, sans tabou », souligne le réalisateur,  « Je n’ai pas voulu faire un film d’historien sur le nationalisme. Ce n’est pas mon travail. Je voulais faire un film sur le ressenti, sur la réflexion, sur la mémoire de ces gens là ».

L'abbé Mondoloni et Edmond Simeoni (Photo: Terra di Turmenti)
L'abbé Mondoloni et Edmond Simeoni (Photo: Terra di Turmenti)
Au travers ces interviews qui prêtent  à l’émotion, souvent, à l’interrogation, parfois, et arrachent un sourire voire mêmes quelques éclats de rire, lorsque l’abbé frôle le burlesque en racontant l’épisode où il envoie six gendarmes à l’hôpital, De Gaulle Eid nous entraine dans les paysages majestueux des quatre coins de l’île. Pour lui, il était en effet impensable de ne pas replacer ces personnages dans ces lieux si ardemment défendus par le courant nationaliste. De ne pas montrer la terre pour laquelle tant se sont battus. Pour laquelle tant sont morts.

(Photo: Terra di Turmenti)
(Photo: Terra di Turmenti)
Le regard perdu dans la vallée, l’abbé Mondoloni dresse le bilan : « Il fallait défendre cette terre ». Défendre la terre corse. La préserver envers et contre tout. Mais à quel prix ?  A l’heure où le FLNC a déposé les armes, et où la situation semble apaisée dans l’île, dans la mémoire collective est encore frais le souvenir de ces années tragiques. Le souvenir de tant de vies brisées. « Y a-t-il eu des morts utiles ? », s’interroge l’abbé en guise d’épilogue.

Manon PERELLI

Terra di i Turmenti : Un documentaire sur les années de braise du nationalisme corse
Sortie officielle prévue en Corse le 21 octobre
 
A l’occasion de plusieurs avant-premières, des débats seront également organisés avec les personnages présents dans le documentaire aux dates et lieux suivants :
 
Furiani ■ Le 7ème Art - le 16 octobre à 18h30
Ajaccio ■ L’Ellipse - le 19 octobre à 21h
Ile Rousse ■ Le Fogata -  le 21 octobre à 19h00
Sartene ■ Cinéma du centre culturel – le 23 octobre à 21h15
Ajaccio ■Le 22 octobre à 21h15 à l’Espace Diamant
Corte ■ Le 22 octobre à 18h30 à l’Alba
 
 
La bande annonce de Terra di Turmenti : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=241209.html