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Per l’Avvene : « La ligne de fracture avec la majorité, c’est notre pragmatisme »


Nicole Mari le Jeudi 17 Janvier 2019 à 23:49

Un total de 121 interventions en séance publique, 8 tribunes politiques, 21 amendements dont 5 adoptés, 18 motions, 17 questions orales et 3 écrites… Per L’Avvene, groupe de droite à l’Assemblée de Corse, a décidé, en ce début 2019, de dresser le bilan de cette première année de mandature et de donner plus de lisibilité à son action et à sa démarche. Se définissant comme un groupe résolument d’opposition, mais constructif et responsable, il explique voter près de 90 % des rapports de l’Exécutif, mais accuse ce dernier de manquer de pragmatisme et de rester enfermé dans des dogmes sur des questions essentielles comme les déchets, la précarité ou l’énergie. Explications, pour Corse Net Infos, de Jean-Martin Mondoloni, président du groupe.



Des membres de Per l'Avvene autour du président, Jean-Martin Mondoloni.
Des membres de Per l'Avvene autour du président, Jean-Martin Mondoloni.
- Quel bilan tirez-vous de votre action en 2018 ?
- Un bilan simple. D’abord, nous sommes un collectif, une équipe, un groupe d’individus qui se sont saisis de façon pertinente de tous les dossiers qui traversent la vie de la Collectivité de Corse (CdC). Ensuite, ce qui nous distingue très clairement aujourd’hui de la majorité, ce n’est pas de savoir qui est de gauche, de droite ou nationaliste, mais de constater que nous sommes des pragmatiques là où la majorité, très souvent, se laisse enfermée dans le dogmatisme.
 
- C’est-à-dire ?
- Je prends à témoin les Corses sur les problématiques des déchets, des transports, des finances de la CdC, des institutions, de la précarité… Nous avons formulé des propositions qui nous semblaient aller dans le bon sens. Nous sommes au regret de constater que lorsque la majorité va dans le bon sens, neuf fois sur dix, nous sommes au rendez-vous. Quand nous estimons aller dans le bon sens, neuf fois sur dix, la majorité vote contre nos propositions. Même si les droits de l’opposition sont garantis – j’aurais mauvaise grâce à dire le contraire -, je trouve cela dommage quand on prétend travailler au service de la Corse et des Corses.
 
- Est-ce pour cela que vous qualifiez votre groupe de « résolument d’opposition, mais constructif et responsable » ?
- Oui ! A chaque fois que nous nous opposons, nous proposons toujours une alternative. Il ne s’agit pas de s’opposer pour s’opposer, sans rien proposer de concret. Si nous prenons l’exemple des déchets, dossier qui a été l’un des marqueurs de l’année 2018, une fois que l’on a dit qu’il faut trier et sur-trier, que faut-il faire ? Etre pragmatique. Nous disons qu’il faut aller regarder, observer, étudier ce qui se fait ailleurs, expertiser ce qu’on peut faire pour éviter le pire. Ce qu’on nous met sous les yeux est, quand même, le pire : soit on enfouit les déchets, soit on les transporte. D’un point de vue, à la fois, sanitaire, économique et écologique, c’est une aberration ! Arrêtons de nous enfermer dans ce qui a fait le succès de la majorité actuelle il y a dix ans : le « Non à l’incinérateur » ! Et de laisser croire que nous sommes capables de trier cinq fois plus en 3 ans que nous n’avons trié en 25 ans ! La ligne de fracture se situe entre les pragmatiques et les dogmatiques.
 
- Quelle sera votre priorité pour cette nouvelle année ?
- Il faudra, très probablement, remettre en cause le pack énergétique. On ne peut pas continuer à expliquer aux Corses que le gaz est la solution ! Là aussi, il faudra sortir des dogmatismes et rentrer dans un pragmatisme de bon aloi. Nous pensons, à force d’expertises que nous essaierons de conforter, qu’aujourd’hui, le soleil, notamment, doit être une voie d’avenir dans l’alimentation énergétique des Corses. Le gazoduc, qui est une énergie fossile, polluante et coûteuse, est plutôt une solution du passé que de l’avenir. Ce sera sans doute un des marqueurs qui fonderont notre année.
 
- Vous avez assisté, lundi dernier, à la conférence sociale. Quelle est votre position par rapport aux Gilets jaunes ?
- Nous avons entendu leur colère qui avait besoin de s’exprimer. Il fallait l’entendre. Ceci étant, il faut maintenant entre gens de raison contribuer à faire émerger des solutions qui dépassent cette colère. Il faut pouvoir travailler de façon pertinente au service, pas des Gilets jaunes, mais de ceux parmi les plus démunis, dont les Gilets jaunes, qui ont besoin qu’on leur apporte des solutions.
 
- Deux mois vous semblent suffisants pour y arriver ?
- Pour ma part, je n’aurais pas fixé d’échéance tant la problématique est complexe. Cela peut durer deux mois, comme trois mois. On ne va pas s’interdire de travailler un mois de plus quand il s’agit de résoudre de telles problématiques.
 
- Prendrez-vous part au grand débat national qui s’ouvre ?
- Oui ! Naturellement ! Nous y participerons, mais il ne faudrait pas qu’il y ait doublon entre ce qu’opère, de façon tout à fait légitime et, à mon avis, intéressante, la Collectivité de Corse, et le débat national tel qu’il a été encadré et présenté par Emmanuel Macron. Si les choses s’opèrent de façon complémentaire, bien entendu nous y participerons. C’est tout simplement notre devoir de responsable politique.
 
- Des échéances électorales – européennes et municipales – se rapprochent. Y participerez-vous ?
- Oui ! Per l’Avvene est un groupe politique qui fait de la politique et qui, donc, à l’approche de toute sollicitation du suffrage universel, devra se positionner sous une forme ou sous une autre. Ce n’est pas de la langue de bois ! Nous sommes là pour faire de la politique et l’expression du suffrage universel est le moment déterminant d’une action politique. Nous serons amenés à nous positionner et à participer aux élections.
 
- Serez-vous candidat à Bastia ?
- Notre participation à l’élection municipale de Bastia se posera au même titre que d’autres municipales sur le territoire. Le groupe Per l’Avvene sera naturellement présent, sous des formes qu’il reste à déterminer - participative, active, isolée ou conjuguée à d’autres -, dans les grandes villes de Corse et dans des petites communes.
 
- Peut-on imaginer qu’à cet effet, les différents courants de la droite corse se retrouvent unis sur une liste ?
- Je vous répondrai très simplement : il n’y a pas de raison d’imaginer le contraire !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.