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L'année 2024 s’annonce encore difficile pour l’économie insulaire


Patrice Paquier Lorenzi le Jeudi 15 Février 2024 à 18:00

Jean-Luc Chaussivert, directeur régional de la Banque de France et Yannick Kalantzis, directeur de la conjoncture et des prévisions macroéconomiques, ont présenté ce jeudi matin 15 février le bilan de l’activité économique 2023 et les perspectives à venir. Si la Corse a fait preuve de résilience l’année dernière, elle devrait encore connaître un ralentissement en 2024 avant une reprise de la croissance envisagée en 2025.



Les responsables de la Banque de France ont dressé un bilan de l'activité économique 2023 et des perspectives pour l'année à venir.
Les responsables de la Banque de France ont dressé un bilan de l'activité économique 2023 et des perspectives pour l'année à venir.
« L’année 2023 a été moins rude que prévue, mais la Corse a quand même connu un ralentissement économique dans un contexte inflationniste. L’année 2024 semble être également difficile et il faudra que les chefs d'entreprises démontrent une nouvelle fois leur capacité d’adaptation » note Jean-Luc Chaussivert, le directeur régional de la Banque de France, dont les responsables ont dressé ce jeudi matin le bilan de l’année écoulée, en présence de nombreux acteurs de l’économie insulaire. 
Après les crises qui se sont succédé depuis 2020, la Corse a su globalement faire preuve d’une grande résilience malgré le contexte inflationniste, les tensions géopolitiques qui ont eu pour effet un ralentissement de la croissance. « Il faut rappeler que des dispositifs sont là pour aider une entreprise qui traverse une période difficile. Si l’entreprise est viable, il faut travailler pour qu’elle puisse continuer à dégager de la valeur ajoutée et à fonctionner. Mais, on ne méconnait pas le fait que des entreprises vont mal. On sait qu’il y a des tensions, il suffit de regarder tous les indicateurs » ajoute le directeur régional.
 
Une stabilité attendue dans l’Industrie et le secteur marchand
Les chiffres sont là en effet et même si les prévisions qui étaient très pessimistes ont été revus à la hausse par la suite, les trois secteurs ont connu une année marquée par un net ralentissement de leurs chiffres d’affaires. En Corse, le secteur de l’industrie enregistre ainsi une hausse de 1,9% en 2023 contre 6,3% en 2022. Pour l’année à venir, les prévisions tendent à une stabilité à 0,4 % : « Les carnets de commande peinent à se remplir. La demande est en nette baisse pour le début d’année 2024. Dans un contexte marqué par l’incertitude, les professionnels anticipent une très faible évolution de l’activité et de l’emploi ».

Le secteur marchand, prépondérant en Corse, a connu une saison touristique 2023 difficile, confirmés par les chiffres avec un CA en hausse de 1,6% en 2023 contre 8,20% en 2022 (des chiffres boostés par la période post Covid). Pour 2024, l’environnement économique instable conduirait à de faibles évolutions des transactions (+1,1%) et de l’emploi (+2,2%) : « Malgré tout, nous avons discuté avec des chefs d’entreprises des métiers de l’Hôtellerie-restauration, qui semblent avoir des réservations supérieures à l’année dernière concernant la saison 2024, mais il est encore trop tôt pour donner une véritable tendance à ce niveau-là ».
 
Le domaine du BTP particulièrement impacté en 2024
Dans le domaine du BTP, les chiffres montrent une hausse du CA en 2023 de 2% contre 5,10% en 2022. Mais, les prévisions pour 2024 montrent une nette baisse envisagée de l’ordre de 3% ! : « L’année 2024 serait marquée par un manque de visibilité sur la commande privée et publique ainsi que par des marges affaiblies par un injustement incomplet des devis ».
Un secteur également touché par l’inflation et le coût des matières premières qui a refroidi les ménages : « Les carnets de commandes ont du mal à se renouveler. Les coûts des matières premières et de la main d’œuvre a augmenté, ce qui conduit inévitablement à cette baisse de la demande ».
 
Seule bonne nouvelle, malgré la baisse de l’activité, les entreprises ont quand même maintenu et même augmenté leurs effectifs : « Ces entreprises ont compris que la main d’œuvre était rare et qu’il fallait la garder car l’activité est cyclique et amenée à reprendre. Il y a également la montée en force de l’apprentissage. Mais globalement ces entreprises anticipent également un regain d’activité pour 2025 et 2026 et préfère garder leur main d’œuvre » explique Yannick Kalantzis, directeur de la conjoncture des prévisions macro-économiques. « Au plan national, on estime en effet que la croissance sera modérée en 2024 avec une hausse estimée à 0,9%, tout comme en 2023 d’ailleurs. La reprise devrait même débuter au cours de l’année 2024 grâce notamment au retour de la consommation des ménages, galvanisés par une baisse de l’inflation, conjuguée à une hausse des salaires. L’effet négatif de la hausse des taux d’intérêt devrait s’estomper en fin d’année 2024 avec un regain d’investissement des entreprises puis début 2025, des ménages. Maintenant que nous sommes en phase de désinflation, les salaires vont retrouver du pouvoir d’achat. Nous devrions arriver à une inflation autour des 2% en fin d’année, ce qui était la cible de la BCE.
Au plan national, au premier trimestre 2024, le PIB, progresserait légèrement de l’ordre de + 0,1% à +0,2+, après deux trimestres de stabilité pour atteindre une hausse attendue de +0,9% pour 2024.