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Invendus non alimentaires à redistribuer : quel impact sur les associations caritatives corses ?


V. B. le Dimanche 30 Janvier 2022 à 22:39

D’après une étude de l’Ademe, seulement 21 % des invendus de produits non alimentaires font l’objet d’un don, précieux pour les publics précaires. Grâce à la loi Agec (Agir contre le gaspillage et pour l'économie circulaire) qui interdit leur destruction, ce pourcentage pourrait augmenter, à condition de lever certains freins.

CNI est allé à la rencontre des associations caritatives locales pour leur demander quel impact aura, concrètement, cette mesure en Corse



Le président des Restos du Coeur de Corse-du-Sud Raymond Ceccaldi (Photo Michel Luccioni)
Le président des Restos du Coeur de Corse-du-Sud Raymond Ceccaldi (Photo Michel Luccioni)


Depuis le 1er  janvier, les invendus non-alimentaires ne peuvent plus être détruits par incinération. La loi antigaspillage et pour l‘économie circulaire (Agec), oblige producteurs, importateurs et distributeurs à réemployer, réutiliser ou recycler les produits non alimentaires invendus, pour réduire le gaspillage et les émissions de gaz à effet de serre et créer de nouvelles solidarités. Un décret du 28 décembre stipule qu’ils doivent, en priorité, faire "l’objet d’un don afin de bénéficier aux individus et familles en situation de précarité”.
Une décision qui après l’alimentaire concerne cette fois les produits électriques et électroniques, les piles, les cartouches d‘encre, les vêtements et chaussures, les meubles, les produits d’hygiène et de puériculture, les livres et les fournitures scolaires…

Ces dons pourraient être précieux pour les associations caritatives insulaires même si pour le moment la prudence est de mise. Le président des Restos du cœur de la Corse du Sud, Raymond Ceccaldi, est, par exemple, assez dubitatif sur cette avancée : « Les dispositifs de lutte contre la précarité, sont en général louables. Cependant, ils sont rarement suivis de décrets pour mise en application. Cette dernière mesure, entrée en vigueur le 1e janvier 2022 ne nous a pas été communiquée, donc attendons de voir… »
 

Concernant les invendus, il indique que les entreprises semblent ces dernières années, optimiser de mieux en mieux leur stock. Diminuant ainsi le surplus. « Les enseignes soldent ce qui reste, donc au final, il ne reste pas grand-chose… »
 
S’il attend de voir l’impact qu’aura cette nouvelle mesure sur les Restos du cœur, il précise tout de même que l’association bénéficie régulièrement de dons, notamment venant de particuliers «  Des gens qui vident leurs bibliothèques, ou encore qui font le tri après un décès… »
 
Hyacinthe Choury, secrétaire général de la de la Fédération de Corse du Secours populaire, observe que « certaines enseignes font déjà dons de leurs invendus : vêtements, petits équipements, objets de décoration, l’Association étant d’utilité publique, cela a un impact fiscal pour les entreprises… ». Cependant, un grand nombre ne le fait pas. Etant franchisées, la plupart des enseignes ne gère pas ses stocks, et les décisions de gestion reviennent à la maison mère. Pour Hyacinthe Choury une telle mesure, si bien exécutée, s’insèrerait parfaitement dans une politique d’économie sociale et solidaire.
 
 
Pour Germaine Bourdais, déléguée pour la Corse du Secours catholique la démarche est bonne. Cependant, elle craint que les entreprises se déchargent sur les associations : « Il ne faudrait pas que nous nous transformions en fourre-tout et que les entreprises nous donnent des choses dont elles ne savent quoi faire, et qui ne correspondent pas à nos attentes. Qui gèrera les stocks chez nous ? Nous n’avons pas la logistique pour… »
  
Habituée à faire des demandes auprès des grandes enseignes la Croix Rouge d'Ajaccio est aussi souvent habituée au refus « les invendus sont renvoyés sur Paris. Mais cela était avant la nouvelle mesure, il faut voir ce qu’il en sera à partir de maintenant ! » souligne un bénévole.
 
Il ne reste plus qu'à espérer que cette mesure permette une gestion des stocks au niveau local, en évitant les surplus dûs au coût des transports, afin d’améliorer le quotidien de corses, de plus en plus dans le besoin.