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Cherté des carburants : pour Core in Fronte il faut "casser le monopole"


M.V. le Dimanche 13 Février 2022 à 06:13

En pleine crise d’énergie avec des prix à la pompe qui ne cessent de flamber, Core in Fronte a tenu ce samedi 12 février une conférence de presse devant le dépôt pétrolier de Lucciana pour réclamer la casse du monopole



Plus de 50 militants ont participé à la conférence de presse ce samedi
Plus de 50 militants ont participé à la conférence de presse ce samedi

Les prix des carburants continuent de battre des records en Corse où le prix moyen du gazole s'affiche à 1,77 euro, et le SP95-E10 a grimpé de 5 centimes en quelques semaines, pour atteindre 1,89 euro à Bastia et Ajaccio contre 1,73 euro dans le reste du pays. 
De quoi alourdir le budget des automobilistes insulaires déjà pénalisés par un coût de la vie plus cher qu'ailleurs. 

Si les prix affichés à la pompe dépendent des cours du pétrole brut fixé par le marché en fonction des variations de l'offre et de la demande, sur l'île, les carburants sont bien plus chers que sur le continent, et ce malgré une TVA réduite à 13% au lieu de 20.
Les coûts d’exploration importants et une situation de quasi-monopole du groupe Rubis, qui contrôle à 75% les DPLC (Dépôts Pétroliers de la Corse), expliqueraient les causes de ce surcoût qui pèse sur le pouvoir d'achat des familles corses. 

La casse du monopole

Si la question de comment réussir à diminuer le prix des carburants en Corse est récurrente et complexe, Core in Fronte a dégagé plusieurs solutions présentées ce samedi 12 février lors d'une conférence de presse donnée devant le dépôt pétrolier de la Marana. 

Pour le mouvement indépendantiste, il faut d'abord casser le système actuel avec une mesure législative forte de la part de l'État qui reconnaisse la spécificité du marché du carburant en Corse et qui casse le monopole de l'approvisionnement. "Aujourd'hui l'île est dans une situation de monopole qui est injuste et qui est favorisée par le laxisme de l'État qui a permis au groupe Rubis de contrôler le 75% de l'apprivoisement et le 50% de la distribution à travers les stations de sa marque Vito", explique Paul-Félix Benedetti pour lequel "il faut appliquer la notion de droit de "non-monopole sur une infrastructure essentielle et donner la possibilité à la Collectivité de Corse de prendre possession d'une part stratégique des dépôts pétroliers par une adaptation réglementaire." 

Un dispositif de régulation 

Parmi les mesures proposées par Core in fronte il y a le blocage - pérenne - des prix et des marges sur les carburants en faisant adopter pour la Corse un dispositif de régularisation semblable au décret Laurel pour les îles lointaines ce qui permettrait une régularisation de toutes les marges de la filière carburant (production, transport, stockage et distribution). 
"Il est anormal, s'indigne Benedetti, que le différentiel de TVA entre la Corse et la France (13% VS 20%° ainsi que la baisse de 1,5 centime le litre de la taxe générale sur les activités polluantes par décision de la Collectivité de Corse ne se retrouve pas à la pompe."

La faute de ce surcoût, pour l'élu à l'Assemblée de Corse, est à imputer au "système de prédation organisé" mis en place par Rubis."Avec sa filiale DPLC (Dépôts Pétroliers de la Corse), le groupe Rubis affiche un bénéfice de plus de 2 millions d'euroschaque année, soit 25% de son chiffre d'affaires, qu'il redistribue à ses actionnaires au mépris des investissements nécessaires tels que l'agrandissement des dépôts, regrette Paul-Félix Benedetti qui accuse le Rubis d'avoir mis en place un système de prédation organisé. 
"On n'est pas dans une logique de profit, mais d'aménagement du territoire et de gestion durable sur le long terme", continue l'indépendantiste, qui regrette que le manque d'investissement fasse de la Corse la seule région de France et d'Europe où il n'y a pas du biocarburant. 

Une société d'économie mixte 

Une autre mesure proposée par Core in Fronte est la création d'une société publique corse avec un triumvirat d'actionnaires associant pompistes, Collectivité de Corse et pétroliers. "On doit revenir sur quelque chose de concret, comme une société d'économie mixte, un système équilibré entre les petits pompistes indépendants de Corse, la CdC et les pétroliers, désireux de poursuivre en Corse une activité économique à la hauteur des enjeux, mais respectueuse des usagers" détaille Paul-Félix Benedetti qui rappelle que le 1er octobre dernier à l'Assemblée de Corse a voté une motion demandant un cadre législatif adapté pour fixer les prix des carburants au niveau de la distribution et aller vers la fin des monopoles dans l'approvisionnement et le stockage. 
"Nous interpellons l'Exécutif pour que cette délibération ne soit pas un simple vote de principe et pour qu'elle ait une continuité législative afin de garantir les intérêts de la Corse et des Corses", assure Benedetti.


Pour faire face à la flambée des prix du carburant dans l’île, le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse a demandé ce 11 février au gouvernement de prendre immédiatement par décret deux mesures conservatoires. La première est un blocage des prix en amont. La seconde est la majoration en Corse de l’indemnité inflation. 

Pour Paul-Félix Benedetti cette mesure ne sera pas suffisante : "le blocage des prix des carburants en Corse, par décret et pour une période de six mois n'est pas une mesure pérenne et elle ne fera qu'entériner un état de fait". 

Pour le moment, malgré la prise de conscience collective, en Corse le prix à la pompe reste le plus élevé du pays.




L'autorité de la concurrence autosaisie

En octobre dernier, après une enquête diligentée par les services d’instruction de l’autorité de la concurrence, celle ci s'était "saisie d'office de pratiques présumées dans le secteur de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution des carburants". 
Si l'Autorité qui refuse pour le moment d'en dire plus sur l'affaire, este qu'une saisine d'office est mise en place "lorsque des acteurs économiques enfreignent le droit de la concurrence, notamment en présence d’ententes ou d’abus de position dominante"


 
Paul-Félix Benedetti
Paul-Félix Benedetti