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Bastia, théâtre de heurts pour le quatrième jour consécutif


Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 10 Mars 2022 à 21:12

Ce jeudi 10 mars, de nouveaux incidents ont éclaté devant la préfecture de Bastia entre la police et une vingtaine de manifestants vers 18h30. Il s’agit du quatrième jour consécutif d’affrontements en centre-ville.



Les abords de la préfecture de Bastia encore enfumées par les gaz lacrymogènes ce jeudi 10 mars. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Les abords de la préfecture de Bastia encore enfumées par les gaz lacrymogènes ce jeudi 10 mars. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Tout est paisible en fin d’après-midi ce jeudi 10 mars à Bastia. Il est 17 heures et une centaine de lycéens, quelques collégiens et une minorité d’adultes sont regroupés aux abords de la préfecture de Bastia. Sur le terrain de boules de la gare, plusieurs équipes de personnes âgées jouent à la pétanque. Le train embarque ses derniers passagers. Les stigmates des violences de la veille semblent oubliés. Pourtant, le chemin de l’annonciade adjacent à la préfecture est bloqué par plusieurs camions de policiers des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), une grille de protection et des policiers équipés pour faire face à d’éventuels incidents.

À quelques mètres de là, des jeunes discutent sans détourner le regard du dispositif de sécurité. Les incidents des jours passés et la tentative d’assassinat sur Yvan Colonna du 2 mars dernier sont sur toutes les lèvres. Une certaine tension est palpable. Beaucoup moins que les jours passés et certains lycéens se confient. « Nous sommes là tous les soirs de notre propre chef pour manifester notre soutien à Yvan Colonna pacifiquement mais certains viennent pour tout casser. Nous ne voulons pas de la violence et le problème c’est que quand une minorité de jeunes met le feu aux poudres c’est toute la jeunesse corse qui est stigmatisée », râle Antone, 15 ans, en s’écartant d’un pétard qui vient d’atterrir à quelques mètres. À ses côtés, Santu acquiesce : « nous sommes d’accord sur le fond mais pas sur la méthode ! ».

Des incidents pour le 4e jour consécutif

Les manifestants ont allumé des feux devant l'entrée latérale de la préfecture. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Les manifestants ont allumé des feux devant l'entrée latérale de la préfecture. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Certains jeunes allument des capsules de grenades lacrymogènes ramassées la veille et les lancent sur leurs camarades. Les policiers ne bougent pas. Ils ne sont pas visés.

Soudain, vers 18h30, un groupe de personnes cagoulées remonte l’avenue du Maréchal Sebastiani en courant et se dirige vers l’entrée latérale de la préfecture, en face du jardin du Fangu. Sans prévenir, ils lancent des pierres sur les policiers en contrebas et les visent avec des feux d’artifices. Les CRS répliquent automatiquement avec des gaz lacrymogènes. Les insultes et les projectiles fusent. Le petit groupe repart en courant pour affronter les policiers positionnés sur le chemin de l’Annonciade, tentent de les contourner par la rue Carnot. Sans succès. Après quelques tentatives, ils remontent, escaladent les grilles du lycée du Fangu et se positionnent sur la butte en face de l’entrée latérale de la préfecture.

Après avoir rechargé leurs munitions de cailloux à la gare, ils reprennent les jets de projectiles. Quelques-uns descendent au plus près de la grille fermée et allument des feux de poubelles. L’escarmouche dure pendant quelques minutes avant l’intervention des pompiers placés à quelques mètres. Ils éteignent les feux en plein milieu des gaz lacrymogènes. Encore une fois, le bas du centre-ville de Bastia est enfumé et la respiration est difficile. Les incidents ont duré jusqu’aux alentours de 20 heures, dans un quartier déserté par les quelques badauds venus observer.