Corse Net Infos - Pure player corse

Sommet européen des régions et des villes : Carole Delga demande plus de liberté pour les régions


Nicole Mari le Jeudi 3 Mars 2022 à 19:38

Plus de 2 000 représentants des collectivités locales et régionales d’Europe, qui représentent plus d’un million de maires et d’élus locaux, sont réunis ces 3 et 4 mars à Marseille pour le 9ème Sommet européen des villes et régions. Si la guerre en Ukraine plane sur tous les débats, la présidente de la région Occitanie et présidente de Régions de France, Carole Delga, est revenue, lors de la session d’ouverture, sur la nécessité, face aux crises successives, de définir un nouveau modèle de développement. Avec deux objectifs : répondre aux enjeux de la transition écologique et créer de la mobilité en donnant aux régions plus de liberté et de responsabilités. Une demande, explique-t-elle à Corse Net Infos, contenue dans le Livre Blanc qui sera dévoilé le 8 mars aux candidats à la présidentielle française. Avec une mention à découvrir sur l’autonomie de la Corse.



Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie et présidente de Régions de France. Photo CoR.
Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie et présidente de Régions de France. Photo CoR.


- Vous voulez définir un nouveau modèle de développement dans les régions. Quel modèle ? Avec quel objectifs ?
- Nous voulons des régions avec plus de libertés et plus de responsabilités. Nous voulons plus d'autonomie en somme sur certains sujets pour pouvoir décider vite et de façon adaptée aux besoins de nos concitoyens. Ceci permettra de conforter l'ancrage territorial des entreprises, de consolider nos villes et nos campagnes en offrant des emplois pour tous, d'avoir un développement plus équilibré et plus respectueux des enjeux sociaux et environnementaux. 

- Concernant les enjeux écologiques, comment réagissez-vous au rapport du GIEC qui est très alarmiste ?
- Le GIEC nous rappelle que nous ne sommes qu'au début des efforts à conduire pour sauver notre planète et notre mode de vie. La transition écologique n'est pas une option ! C'est une obligation. Et elle sera coûteuse. Mais c'est le prix à payer pour l'avenir de nos enfants. Les Régions sont très engagées dans ce combat. Elles soutiennent les projets vertueux, distribuent les fonds européens dans le cadre du Green deal, s'engagent fortement dans la lutte contre la précarité énergétique, la production d'énergies renouvelables ou la lutte contre l'artificialisation des sols. 
 
- Vous voulez développer les énergies renouvelables, mais les éoliennes sont très controversées. L’enjeu n’est-il pas à double tranchant pour la Méditerranée ?
- Les projets d'énergies renouvelables font consensus, mais il est exact qu'on les préfère loin de chez soi. Ces projets doivent pouvoir faire l'objet d'un débat local approfondi. C'est aux élus de les faire émerger, pas à l'État de les imposer d'en haut. Ces projets peuvent avoir des retombées très fortes au plan économique pour les territoires qui les accueillent. Mais il faut qu'ils se déploient dans un cadre cohérent au regard du paysage et des modes de vie. C'est un enjeu crucial en Méditerranée où nous avons la chance de disposer d'un potentiel de vent et de soleil exceptionnel ! Et c'est une chance économique majeure !
 
- Vous dites qu’il faut créer de la mobilité. Comment ? Pourquoi ?
- La lutte contre le réchauffement climatique passe par la décarbonation. Le premier secteur émetteur de CO2 reste celui des transports et de la mobilité. Si l'on veut offrir à nos concitoyens des alternatives à la voiture thermique individuelle, il faut investir massivement dans des politiques de mobilité : réseaux ferroviaires, équipement du réseau routier en bornes de recharge électrique, pilotage intelligent de la mobilité pour entrer et sortir des grandes zones urbaines - voies réservées au co-voiturage, pôles d'échanges permettant de laisser sa voiture pour prendre un transport public, etc. Aujourd'hui, nous sommes encore loin du compte !
 
- L’Europe puise dans les fonds de cohésion pour faire face à la guerre en Ukraine. Ces fonds ne manqueront-ils pas aux territoires qui ont tant besoin ?
- Non ! L'effort budgétaire sur la politique de Cohésion 2021-2027 est du même ordre pour la France que celui de la programmation précédente. Et c'est sur cette dernière que les fonds offrent des possibilités d'accompagner la crise des réfugiés par la solidarité. Mais nous sommes très vigilants ! La crise sanitaire et, à présent, la crise ukrainienne ont montré que l'Europe pouvait être au rendez-vous budgétaire. Elle a développé des instruments très puissants au bénéfice des États membres. Mais le maintien d'un politique de cohésion, qui vient financer les projets aux cœurs de nos territoires, reste indispensable. Elle l'est d'autant plus qu'il s'agit du meilleur outil disponible pour renforcer la résilience et la souveraineté de notre économie !
 
- Régions de France a élaboré un livre blanc destiné aux candidats à la présidentielle française. Que devient-il dans le contexte de crise actuelle ?
- Il est plus que jamais d'actualité ! Pour régler toutes les difficultés qui vont naître de la succession de crises que notre pays a connu, le prochain gouvernement aura besoin de changer de logiciel par rapport aux élus locaux. Il faudra qu'il cesse de les considérer au mieux en exécutants et au pire en ennemis politiques. Il faudra qu'il engage avec eux une relation de partenariat. C'est ce que nous appelons la République de la confiance. Ce sera le titre de notre livre blanc. Rendez vous le 8 mars pour sa présentation !
 
- Vous demandez que les régions soient plus associées aux décisions. Concrètement qu’est-ce cela signifie ? Plus d’autonomie de décision ?
- Les régions ont des assemblées élues au suffrage universel et dotées à ce titre d'une forte légitimité. Celle de nos concitoyens. Celle de la proximité stratégique ! Les régions conduisent des politiques publiques d'accompagnement des porteurs de projet. Pour ces raisons, nous voulons que l'Etat respecte la légitimité et les compétences des régions. Qu'il développe le partenariat et la co-construction avec elles. 
 
- Vous avec accepté de plaider pour l’ouverture de discussions donnant une autonomie à la Corse. Quelle serait son périmètre ?
- Je vous donne rendez vous le 8 mars ! Mais je crois que ce serait un non-sens de ne pas prendre en compte, dans nos institutions, les particularités que la Corse tire, à la fois, de son insularité et de sa très riche histoire. Et j'observe que ce que l'autonomie, que souhaite mon ami Gilles Simeoni, s'inscrit pleinement dans la République. Il me semble qu'il existe des marges de progrès !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.