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Elections territoriales : Un report possible divise les élus corses


Livia Santana le Lundi 12 Avril 2021 à 19:40

A la demande du Gouvernement, les maires de Corse avaient jusqu’à midi ce lundi 12 avril pour adresser aux préfets leur avis sur le report ou non des élections. Sur l'île, les avis sont partagés puisque 50% des édiles ont voté pour et 50% contre.



Elections territoriales : Un report possible divise les élus corses
Le vendredi 9 avril en fin de journée, le Gouvernement a demandé aux préfets de solliciter l’avis des maires avant le débat au Parlement sur la tenue des élections régionales les 13 et 20 juin prochains. Les élus corses devaient, comme leurs collègues du continent, avant ce lundi 12 avril à midi "indiquer par oui ou par non si les conditions préconisées par le comité scientifique (leur) semblent réunies pour (les) maintenir" à ces dates.

D'après les résultats de la consultation parvenus en fin d'après-midi, ce lundi, l'avis des maires insulaires est partagé.

En Haute-Corse, sur les 236 élus, 173 se sont exprimés.  87 ont voté pour un maintien des élections en juin, 84 contre et 2 ont préféré ne pas répondre.

Du côté de la Corse-du-Sud même tendance, sauf qu'ils ont été moins nombreux à répondre à la sollicitation du Gouvernement. Sur les 124 maires du Sud, seulement 55 se sont exprimés : 27 sont favorables au maintien de la consultation, 23 y sont opposés, et 5 ont préféré ne pas répondre.

Au niveau national, 24 257 maires, soit 69%, ont répondu à cette consultation. 13 513, soit 56% des maires, ont répondu « oui ». 9 812, soit 40%, ont répondu « Non ». 932 (4%) n’ont pas répondu à la question posée.

L'avis des élus

Parmi les élus insulaires favorables au maintien, Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco et président de l'association des maires de Haute-Corse indique qu'en  juin prochain, 60% de la population corse devrait être vaccinée. De nombreuses préconisations pourront être prises pour que les électeurs puissent s'exprimer sereinement, estime-t-il. "Je pense notamment à faire vacciner tous les membres des bureaux, les assesseurs, ainsi que les candidats. Les meeting pourront se faire à l'extérieur avec des masques. Le système de deux procurations par personne simplifiera le vote.... Si c’est comme aujourd’hui et que les variants ne viennent pas encore tout compliquer, je pense que ça pourra se tenir."

Laurent Marcangeli, maire d'Ajaccio estime qu'au regard de la situation épidémique de la Corse et des capacités de la Ville d’Ajaccio à organiser la tenue d’un scrutin, "il est possible que l’élection territoriale se déroule les 13 et 20 juin prochains, conformément aux préconisations du Conseil scientifique. Par ailleurs, le fait de ne pas avoir d’élections départementales à organiser facilite aussi cette tâche."



Le maire de Bastia, Pierre Savelli, est aussi favorable au maintien du scrutin. "Nous avons fait savoir au préfet qu’à moins d’une détérioration de la situation sanitaire dans les prochaines semaines, nous y sommes favorables. Nous avons désormais une vraie connaissance des protocoles sanitaires à mettre en place pour éviter la propagation du virus et nous serons très vigilants sur la jauge et la désinfection. Les études du conseil scientifique ont, par ailleurs, démontré que les taux de participation aux élections en Europe étaient satisfaisants avec la mise en place d’un protocole sanitaire adéquat. Nous n’avons de plus pas de double scrutin en Corse. Le succès de la campagne de vaccination en Corse nous laisse également entrevoir de bonnes perspectives sur l’immunisation de notre population."


Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio est aussi favorable, mais "sous réserve d’un strict respect des prescriptions sanitaires. Et au cas où la pandémie ne nous affecte pas trop durement..."


La crainte de l'abstention
Le risque d’une abstention record qui mettrait en cause la légitimité du scrutin a poussé Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, à se prononcer pour le report des élections. Pour l'élu "l’absence de visibilité et donc de certitude sur la situation sanitaire du Pays, et ce malgré les mesures courageuses et indispensables quoi ont été prises, l’impossibilité de faire campagne jusqu’au début du mois de mai (a minima) et donc d’aller présenter nos projets respectifs à nos concitoyens, les difficultés matérielles inhérentes à la constitution des bureaux de vote justifient  un report au mois d’octobre quand l’immunité collective aura progressé notamment grâce à la campagne généralisée de vaccination" 
Jean-Baptiste Luccioni maire de Pietrosella y est, quant à lui, opposé : "Je souhaite un report au mois d’octobre compte tenu de la situation sanitaire, sociale et économique, et aussi de la légitimité des élus qui seraient potentiellement désignés avec une forte abstention."


Le débat parlementaire qui se tiendra les mardi 13 et mercredi 14 avril tranchera.