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Au CFA de Furiani, la Covid-19 a fait naître des vocations


Livia Santana le Dimanche 21 Novembre 2021 à 18:34

Ils s’appellent Dominique, Pascal, Greg et tous trois ont décidé de changer de profession après les confinements successifs. Pour eux, la crise Covid-19 a été l’occasion de se recentrer sur leur passion : la boulangerie et la pâtisserie. Tous trois ont intégré le centre de formation des apprentis de Furiani, ils racontent leur histoire.



Pascal et Dominique ont intégré le CFA de Furiani pour devenir pâtissier
Pascal et Dominique ont intégré le CFA de Furiani pour devenir pâtissier
Dans l’atelier de boulangerie du CFA de Furiani les mains s’activent sous les ordres de Didier Leoncini. Aujourd’hui, les apprentis sont initiés à l’art du croissant. Parmi eux, Pascal Casanova et Dominique Turchi-Duriani. Ces deux hommes respectivement chef d’entreprise et employé administratif de la communauté d’agglomération de Bastia (Cab) ont un point commun, ils sont en reconversion.

En mars 2020, au début du premier confinement, Pascal Casanova, 53 ans, père de 8 enfants et chef d’une entreprise de décoration spécialisée dans les plantes et les fleurs artificielles, a été obligé de cesser son activité créée il y a 13 ans. « La pâtisserie m’a toujours passionné. Quand j’étais adolescent j’ai voulu m’orienter vers ce métier mais il était mal vu. Alors, j’ai abandonné ce projet mais l’envie ne était toujours là. », confie l’homme qui durant le confinement s’est adonné à la confection de gâteaux avec ses enfants, pour passer le temps. Lorsque la vie a repris, il était temps pour lui de changer de travail. « Mes enfants m’ont poussé à le faire, je pense que ça a été un bon timing. Aujourd’hui je ne regrette absolument pas ma décision », reprend-il alors qu’il a débuté sa seconde année d’apprentissage en septembre dernier. Son diplôme en poche, l’ancien entrepreneur a pour ambition d’acquérir de l’expérience et de la technique pour devenir « un bon artisan» et pourquoi pas viser le très prestigieux concours de Meilleur ouvrier de France (MOF). 
 
« Pour changer de voie il faut beaucoup de courage »
 
A ses côtés, Dominique Turchi-Duriani, 39 ans, sourit lorsqu’on lui parle de pâtisserie. « Cela me rappelle l’enfance, quand j’étais petit j’allais vendre au village le pain avec ma tante et je me souviens toujours de l’odeur dans la voiture », se remémore-t-il. Durant la période de confinement, il a pris le temps de penser à son avenir. Employé de la Cab au service du tri sélectif depuis 13 ans, l’homme qui a toujours aimé les métiers manuels s’est remis en question durant plusieurs mois. L’été dernier, il a franchi le pas après avoir beaucoup réfléchi il a, avec l’accord de son employeur, posé des congés pour suivre une formation d’un an en pâtisserie.« Pour changer de voie il faut beaucoup de courage, cela n’a pas été facile mais à présent je suis épanoui », assure-t-il. 

« Est-ce que j’aime ce que je fais ? »

Greg souhaite ouvrir sa boulangerie
Greg souhaite ouvrir sa boulangerie
A quelques pas de l’atelier de pâtisserie, se trouvent les apprentis boulangers. Greg Jeannin, ancien magasinier de chantier naval à Saint Florent pétrit une pâte. En septembre, il a comme Pascal et Dominique, rejoint le CFA. Lui qui réalisait son pain quotidien avec beaucoup de plaisir, est passé de la passion à la profession. « Durant le confinement je me suis posé et je me suis demandé : Est-ce que j’aime ce que je fais ? La réponse je la connaissais. » 
Il a alors entamé une transition professionnelle pour quitter son CDI dans l’entreprise navale qui avait des difficultés. « La boulangerie c’est un secteur porteur. Avec une formation de boulanger, je suis sûr de trouver un emploi. »

Les métiers de bouche ont la côte

Xavier Luciani, directeur du CFA
Xavier Luciani, directeur du CFA
Cela fait trois ans que les filières pâtisserie et boulangerie du CFA de Furiani attirent les jeunes apprentis si bien que désormais, ils sont 67 au total.
Selon Xavier Luciani, directeur du CFA, cela s’explique par les nombreuses émissions mettant en lumière la profession : « Top chef, le meilleur pâtissier, le meilleur boulanger de France : cela fait la promotion de ces métiers. Leur image est mise en valeur sur les petits écrans. »
Le regain d’intérêt réside aussi dans le fait qu’elles n’ont jamais fermé durant la crise mais aussi parce que a main d’œuvre qualifiée est très recherchée dans ces secteurs. « Il y a un côté très spéculatif. Avec la crise sanitaire, beaucoup ont su qu’ils pourraient tirer économiquement leur épingle du jeu », précise le directeur du CFA.