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Elle a accouché à Ajaccio en plein confinement : un grand moment de solitude pour Laura


Livia Santana le Mardi 7 Avril 2020 à 17:39

Alors que le Coronavirus fait des milliers de morts sur le territoire, Laura a mis au monde son petit Léonard le 4 avril à l'hôpital d'Ajaccio. Port du masque pendant l'accouchement, pas de visites, confinement dans la chambre... la jeune femme raconte son calvaire pendant l'un des moments les plus heureux d'une vie.



Leonardo est né pendant la crise sanitaire du Coronavirus.
Leonardo est né pendant la crise sanitaire du Coronavirus.
" Quand j'ai calculé que mon terme tomberait en plein confinement, j'ai été prise de panique." 

Laura 30 ans a vécu une fin de grossesse confinée avec ses fils Andrew trois ans et demi et Louis deux ans. Le vendredi 3 avril, alors qu'un pic épidémique de Coronavirus s'annonce, elle sent son troisième enfants pointer deux semaines avant le terme. " A cause du confinement je n'ai pas pu faire garder mes fils à mes parents, mon mari travaille donc j'ai du m'occuper d'eux. Cela a sans aucun doute précipité l'accouchement.", assure-t-elle

​Quand les contractions commencent, Laura n'a pas d'autre solution que de demander à ses parents de braver le confinement pour venir chercher leurs petits-enfants. "A ce moment-là, on ne sait pas ce que les grands-parents doivent cocher sur l'attestation. En plus on sait que c'est risqué parce que les enfants peuvent être porteurs sains, mais on a pas le choix..." 

Un hôpital sans vie 

Elle se rend rapidement à l'hôpital de la Miséricorde d'Ajaccio. Elle et son mari sont accueillis dans une tente et le personnel soignant équipe les jeunes parents de masques et gants pour rentrer dans l'enceinte de l'hôpital. Tout de suite c'est le choc : " Une ambiance très spéciale règne dans l'hôpital. Le hall d'accueil habituellement très animé est sans vie. On voit seulement quelques soignants avec des masques qui passent rapidement. C'est un peu stressant parce que moi je suis là pour mettre un enfant au monde." 

​Lorsqu'elle arrive à la maternité, Laura est séparée de son mari qui est prié d'attendre ailleurs. Pendant une heure et demie il patiente dans une cage d'escalier. Lorsque les médecins pensent que la jeune femme est sur le point d'accoucher, le père équipé d'une blouse, d'un masque, de gants et de sur-chaussures peut venir dans la salle d'accouchement.
Dès lors, Laura s'attelle à un travail des plus compliqués : accoucher avec un masque sur le visage. Au bout d'un certain temps elle ne le supportera plus et demandera à l'enlever.

Un grand moment de solitude

Dans la nuit du vendredi au samedi, Léonard nait. Deux heures après l'avoir rencontré son papa doit quitter la maternité,  le confinement ne lui permet pas d'y rester. Le lendemain il sera le seul à pouvoir rendre visite à son fils, de 14 à 18 heures comme l'impose les règles de l'hôpital.

Pour Laura commence un grand moment de solitude seule, confinée dans sa chambre : "C'est dur car le personnel soignant effectue des passages éclairs. D'habitude dans la maternité il y a une ambiance conviviale. C'est compliqué avec les hormones quand on vient d'accoucher de se retrouver ainsi. seule. "

Le bain, la pesée du bébé, les soins... tout se fait dans la chambre. La jeune maman ne peut pas se rendre à la nurserie comme elle l'avait fait lors de ces deux premiers accouchements pour "discuter avec les puéricultrices de l'allaitement", mais elle en est consciente :"C'est le contexte qui veut ça."

Seule dans sa chambre, Laura pense à ses deux petits garçons : "Pour eux j'ai complètement disparu de la circulation. Ils n'ont pas pu voir leur petit frère."  Elle se demande aussi quand ses parents et sa sœur pourront voir Léonard, dans un mois ? Dans deux peut-être ? Il aura beaucoup changé d'ici là...

Ses pensées sont interrompues par le bruit de l'hélicoptère qui se pose au-dessous de sa fenêtre et ramène des victimes : "Peut-être du Conavirus, ils ont des masques, des combinaisons... A ce moment-là forcément on s'inquiète, on se dit qu'au même endroit que notre bébé qui vient de naître il y a des personnes très malades et contagieuses.", explique-t-elle. 

Avec le Covid-19, les séjours à l'hôpital sont écourtés. Le 6 avril, soit deux jours après son accouchement, la jeune maman rentre chez elle et retrouve ses deux garçons qui font connaissance de leur petit frère. Laura envoie beaucoup de photos de Leonard à ses proches, "heureusement que les smartphones existent".

Entourée de ses fils et de son mari, elle relativise : "Mon bébé est en bonne santé et grâce au confinement je resterai avec lui plus longtemps. Il faut juste se dire que ce n'est pas de chance, que c'est une aventure inédite qu'on pourra lui raconter. La vie continue !"