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DOSSIER. À Ajaccio, une friperie pour montrer "qu’une autre consommation est possible"


le Dimanche 29 Janvier 2023 à 20:16

Depuis presque un an, la boutique Influen’s Vintage à Mezzavia propose des vêtements de seconde main à ses clients. De quoi faire des économies tout en réduisant son impact environnemental.



Aurélie Lucas a ouvert sa friperie en mars 2022 à Mezzavia (Photo : Influen's Vintage)
Aurélie Lucas a ouvert sa friperie en mars 2022 à Mezzavia (Photo : Influen's Vintage)
Si populaires dans certains pays, les friperies sont encore extrêmement rares en Corse. Pas de quoi dissuader Aurélie Lucas qui a décidé d’ouvrir sa boutique Influen’s Vintage en mars 2022 à Mezzavia. « J’ai toujours été fan de la fripe », confie-t-elle en poursuivant : « À la base je voulais faire uniquement quelque chose sur Internet et au final je me suis retrouvée avec un appartement de 75m2 de stockage plein, et là je me suis dit que cela ne partait pas assez vite. Il a donc fallu trouver des alternatives rapidement parce que sinon j’allais nager dans les vêtements ».
 
Si au départ la jeune femme a sillonné les routes de l’île pour trouver de la matière première, elle prend aujourd’hui volontiers les dons de vêtements que les gens ne portent plus directement dans sa boutique. « Ils peuvent me les apporter au lieu de les mettre dans les bornes et que cela parte sur le continent, au moins cela sert aux gens d’ici », lance-t-elle en précisant trier, réparer et désinfecter tous les vêtements qu’elle récolte, afin qu’ils puissent repartir presque comme neufs dans leur seconde vie. « Il faut que l’article soit vraiment en très bon état. Les personnes cherchent toujours quelque chose d’impeccable », appuie-t-elle. D’autre part, Influen’s Vintage propose aussi une petite partie dépôt vente à ses clients. « C’est réservé aux articles de luxe ou articles d’exception originaux qu’on ne peut pas forcément trouver ici », spécifie Aurélie Lucas

Refaire sa garde-robe sans impacter son portefeuille ou l’environnement

Des produits de tous les jours aux produits de marques, les différents vêtements de seconde main vendues par la friperie attirent donc un large public. « Les jeunes en-dessous de 25 ans restent plutôt rares. Ils n’ont pas encore la mentalité de consommer différemment », mentionne toutefois la créatrice d’Influen’s Vintage en confiant que la plupart des clients sont avant tout convaincus par l’aspect économique. « La crise est là et fait du mal à tout le monde. Donc à un moment donné si les gens ne peuvent plus vivre comme ils le faisaient avant, la fripe leur permet de pouvoir continuer à pouvoir acheter des vêtements pour beaucoup moins cher et consommer sans changer leurs habitudes. Les personnes qui viennent peuvent ainsi refaire leur garde-robe et celles de leurs enfants », note-t-elle. « J’ai quelques personnes qui viennent pour chercher des pièces bien précises ou parce qu’ils recherchent des pièces uniques. Mais j’ai surtout beaucoup de gens viennent m’acheter des vêtements agréables pour rester à la maisonEt puis cela permet de retrouver des pièces qui n’existent plus dans le commerce et qui durent dans le temps, c’est ce que l’on appelle le vintage. Ce sont des pièces made in France des années 1950 ou 1960 qui n’ont absolument pas bougé.  Aujourd’hui tout est fabriqué à la chaine dans des usines, et on voit très bien que la qualité n’est plus du tout la même », ajoute la jeune entrepreneuse.
 
Pour d’autres de ses clients, c’est aussi l’argument écologique qui a été décisif dans le choix de la seconde main. « Nous pourrions vivre des décennies sans avoir à fabriquer de nouveaux vêtements avec ce qui existe déjà dans ce monde. Donc à quoi sert de continuer à fabriquer et à polluer, alors que l’on pourrait déjà utiliser ce qui existe », instille d’ailleurs Aurélie Lucas en soulignant dans ce droit fil qu’une autre consommation est possible. « Il faut que cela change. Nous n’avons plus le choix aujourd’hui avec tout ce qui se passe. Les friperies ont toujours existé et se développent de nouveau aujourd’hui. J’estime qu’il devrait y en avoir beaucoup plus aujourd’hui », conclut-elle.