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La banque alimentaire agricole de Corse en première ligne face à la précarité


Pierre-Manuel Pescetti le Samedi 19 Février 2022 à 21:59

En 2021, 150 tonnes de fruits et de légumes ont été distribuées entre la Corse et le continent par la banque alimentaire agricole corse « A Spartera ». L’organisation caritative insulaire veut poursuivre sur cette voie en diversifiant ses productions.



Une distribution de clémentines au Secours Populaire de Vescovato en décembre 2021. Crédits Photo : Banque alimentaire agricole de Corse
Une distribution de clémentines au Secours Populaire de Vescovato en décembre 2021. Crédits Photo : Banque alimentaire agricole de Corse
Offrir les fruits et légumes invendus ou invendables de producteurs corses aux associations caritatives et aux collectivités. Le concept de la banque alimentaire agricole corse, « A Spartera » poursuit sa route. Elle a été créée en 2019 par l’agriculteur et président du Giec (Groupement d’intérêt économique) Corsica Comptoir, François-Xavier Ceccoli. L’’initiative regroupe près de 70 producteurs locaux dont la majorité est installée en plaine orientale. Elle est une première au niveau national.

Clémentines, pomelos, kiwis, pommes et bien d’autres. Plus de 150 tonnes de fruits et légumes frais ont été distribuées par A Spartera en 2021 à destination des populations les plus fragiles. « En majorité des fruits car historiquement les adhérents sont des producteurs de fruits. Les dons de légumes manquent cruellement », précise François-Xavier Ceccoli.

La crise des Gilets Jaunes comme déclencheur

Pour mieux comprendre la naissance de l’initiative il faut remonter à l’hiver de la fin 2018. La crise sociale des Gilets Jaunes entraîne une paralysie partielle des voies d’approvisionnement. Près de 700 tonnes de clémentines restent alors bloquées dans les camions en région PACA. « Les entrepôts logistiques de la grande distribution ne pouvaient pas être livrés », se rappelle François-Xavier Ceccoli. Les fruits avaient dû être jetés et la récolte avait marqué un arrêt.

Les fruits déjà récoltés devaient être livrés au maximum six jours après leur récolte surtout lorsqu’ils étaient sous le label IGP (Indication Géographique Protégée). Les producteurs se sont alors retrouvés confrontés à un dilemme. « Jeter les clémentines ou les donner », explique François-Xavier Ceccoli. Les agriculteurs font alors le second choix et se rapprochent d’associations caritatives insulaires et continentales.

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A Spartera voit alors le jour sous la forme associative. « Nous ne demandons aucune subvention par souci d’indépendance », confie François-Xavier Ceccoli. La banque alimentaire agricole se place comme « un facilitateur » pour les associations et les Centre Communaux d’Actions Sociales (CCAS), ses seuls destinataires. « Notre hantise serait d’alimenter des réseaux parallèles c’est pourquoi nous ne distribuons qu’aux associations qui connaissent leurs ayants droit », précise François-Xavier Ceccoli.  

La solidarité corse s’exporte

Si une grande partie des dons sont effectués en Corse, A Spartera porte les valeurs solidaires insulaires au-delà de la mer Méditerranée. Fin décembre, elle a fait don de 1 800 kilos de clémentines à la ville de Cannes et à son CCAS.

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« Nous utilisons gratuitement un dépôt réfrigéré dans la région de Cavaillon pour répondre à la demande des associations alentour », explique François-Xavier Ceccoli. Les fruits destinés à être vendus et ceux prévus pour les dons font la route ensemble jusqu’au dépôt avant d’être dispatchés.

Si les besoins restent constants sur l’île, A Spartera n’est pas la seule organisation à distribuer des denrées alimentaires. « La Corse reste prioritaire mais une fois que nous avons rempli les quotas de dons aux associations insulaires, le reste part sur le continent », explique François-Xavier Ceccoli.

Des jus de fruits frais pour les écoliers

Forte de son succès, A Spartera veut aller plus loin. Objectif : distribuer des jus de fruits frais et des confitures dans les écoles. Pour cela, A Spartera compte bien s’appuyer sur les futures installations de la filière. « Une unité de production de jus de fruits frais devrait bientôt voir le jour grâce aux financements de l’ODARC et du Plan France Relance. Nous voulons réserver une partie de cette production à la Banque alimentaire agricole. C’est un juste retour des choses pour nous agriculteurs », conclut François-Xavier Ceccoli.