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Ange-Pierre Vivoni, président de l'association des maires de Haute-Corse : " l’économie d’en bas c’est nous"


Livia Santana le Jeudi 8 Octobre 2020 à 20:23

Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco depuis 1989, vient d'être élu président de l'association des maires de France. C'est la deuxième fois que le capcorsin occupe cette place. Il l'avait déjà été pendant deux mandats de 2001 à 2014 puis ne s'était pas représenté laissant la place à Pierre Mancini et à une longue période d'intérim de la mairesse Anne-Marie Natali. Ce mercredi 7 octobre, à Borgu, c'est sans surprise que le seul candidat à la présidence de l'association a été élu.



Ange-Pierre Vivoni, nouveau président de l'association des maires de Haute-Corse.
Ange-Pierre Vivoni, nouveau président de l'association des maires de Haute-Corse.
Quel est le rôle du président des maires de Haute-Corse ?
- Nous  communiquons avec les services de l’Etat et si je puis dire, nous les harcelons pour avoir des financements. On défend les dossiers de tout le monde peu importe les étiquettes politiques. Le maire est comme le curé dans sa paroisse, il est seul. Il est souvent le secrétaire, l’avocat le juge car tout le monde passe par le maire quand on a un problème. Nous on est là pour le soutenir. Par exemple il est important qu'ils sachent que si un maire ou un adjoint porte plainte contre X,  nous le soutiendrons et on se portera partie civile.

- On vous a évincé en 2014, cette élection c’est une revanche ? 
-Absolument pas, non. J’aurais pu être candidat à cette époque mais on se serait affronté. Or, l'esprit de l'association des maires de Haute-Corse est au consensus, à l'union et non pas à l'affrontement. Vous savez, je suis plus démocrate que républicain. D'ailleurs je tiens à saluer Pierre Mancini et Anne-Marie Natali qui ont fait un gros travail pendant la crise des masques. Dans les grandes villes il était impossible de s'en procurer et ils ont réussi à en faire venir 200 000.

-Comment avez-vous réussi à faire l’union autour de vous ?
- Au départ il n’y avait pas vraiment d’union. A de nombreuses reprises mes collègues maires me demandaient de revenir à l’association, mais je leur répondais que je ne suis pas indispensable. 

-Sous la présidence de votre prédécesseurs, certains de vos adhérents ont créé l'association des maires ruraux et ont quitté la vôtre. Comptez-vous les reconquérir ? 
-On peut adhérer aux deux associations ce n'est pas incompatible. Celle des maires ruraux en regroupe une quarantaine, je délèguerai une personne du conseil d’administration pour établir des relations étroites avec eux. On peut, et nous devons, cohabiter et travailler avec cette association.

- Quelle sera votre priorité en tant que président des maires ? 
-Aider les petites et grandes communes en établissant des documents d’urbanisme pour sortir la pression des épaules des maires. Il faut savoir que seulement un tiers des communes ont un plan d’urbanisme. Je suis favorable à un schéma de cohérence territoriale (Scot) à l’échelle intercommunale. Le plan local d'urbanisme de la commune dépendra de ce Scot. Il faut penser développement des territoires, à ce titre, il sera beaucoup plus simple pour les maires d’expliquer aux gens pourquoi ils ne peuvent pas construire à tel ou tel endroit. Les maires ont la maîtrise du foncier et ce Scot permettre d'arrêter de dire que certains sont corrompus. 
  
Aujourd’hui, quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les maires de Corse ? 
- Sans aucun doute le manque de moyens lié à la crise sanitaire. Sur 236 communes on en a 190 qui ont moins de 1 000 habitants. La moitié ont moins de 500 habitants. 50 ou 60 communes en ont moins de 100.  Les petites communes sont pauvres car les budgets très faibles. Heureusement que les maires sont des bons gestionnaires. Ils gèrent leur commune comme le ferait une bonne mère ou un bon père de famille. Nous sommes des petits soldats de la République mais nous n'avons pas l’artillerie qui va avec et pourtant nous sommes en première ligne. 

 - Comment pallier le manque d'argent ?  
- Le 16 octobre au congrès de la NEM (Association nationale des élus de la montagne) à Corte, je demanderai au Premier ministre qu’il inclue dans le plan de relance de 100 milliards d’euros les communes et les communautés de communes. Il faut une enveloppe pour les collectivités, 20 milliards sur les 100 milliards du plan. C’est bien de donner à Renault et Air France mais il faut savoir que dans nos communes les petits entrepreneurs dépendent de nous. Il faut parler du concret. L’économie d’en bas c’est nous, nos administrés. On fait travailler l’artisan sur la toiture des églises, le petit électricien sur l’éclairage public par exemple. Aujourd’hui on est à 70% de subventions de l’Etat pour l’investissement et il nous en faudrait 90%.

- Et l'exonération de la taxe d'habitation pour certains foyers, encore une perte de revenus ? 
-Aujourd’hui les deltas vont être immenses entre la suppression de la taxe d'habitation et les dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire ça sera difficile. On sera obligé de remonter d’autres taxes et diminuer des dépenses mais certaines sont incompressibles.

- Quelle sera la suite pour vous ? 
En 2026, je laisserai ma place à quelqu’un d’autre. J'aurai fait mon temps.