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A Madonnuccia : Le message d'espoir de l'Évêque d'Ajaccio


MV le Mercredi 18 Mars 2020 à 14:08

Dans l'homélie de la messe de A Madonnuccia, célébrée à huis clos ce mercredi 18 mars, l'évêque d'Ajaccio, Olivier de Germay a parlé de la crise que nous traversons. Une épreuve qui "va causer beaucoup de souffrances" mais qui aura peut-être des effets positifs… "si elle nous aide à revenir à l’essentiel, à revenir à Dieu."
Pour l'évêque d'Ajaccio pour la Corse après cette crise l'humanité aura l'opportunité de "bâtir un monde nouveau, un monde où l’on redécouvre l’importance des relations humaines."



Homélie de Mgr Olivier de Germay

Frères et sœurs qui suivez cette messe via les réseaux sociaux, pour la plupart, je ne vous connais pas ; je ne sais pas où vous en êtes dans votre itinéraire spirituel.
Mais ce que je sais, c’est que le Seigneur, lui, vous connait ; et que sa Parole est une parole vivante, toujours actuelle. Ce que je sais c’est que le Seigneur a quelque chose à vous dire, à nous dire.
Alors que dit-elle cette Parole ? Nous avons entendu la première lecture ; il s’agit d’un passage de l’Ancien Testament. Les juifs connaissent une situation de crise ; ils sont en exil à Babylone. Et ils ont tout perdu ; il n’y a plus de prophète ; il n’y a plus de lieux où offrir des sacrifices (on offrait à l’époque des sacrifices d’animaux). 
Alors Azarias s’adresse au Seigneur et lui dit : nous ne pouvons pas t’offrir des sacrifices d’animaux, alors nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-les. Autrement dit : à défaut de sacrifices d’animaux, nous t’offrons nos vies !
Sans le savoir, Azarias annonce le culte spirituel que Jésus va instaurer. En effet, Jésus va faire comprendre que tous ces sacrifices de l’Ancienne Alliance sont incapables de nous sauver. En réalité, ils annoncent le seul sacrifice qui peut nous sauver de la mort éternelle : celui du Christ ; ils annoncent l’offrande que Jésus va faire de sa vie sur la Croix. 
Et, tout à l’heure, nous entendrons ces paroles que je prononcerai, mais ce sont les paroles de Jésus. Jésus nous dira : ceci est mon Corps livré pour vous. 
Jésus a donné sa vie pour nous, pour toi, pour moi ! Parce qu’il nous aime !
Alors, on pourrait se demander : mais maintenant, quel culte, nous les catholiques, nous pouvons rendre à Dieu ? Les sacrifices de l’Ancien Testament, c’est fini. Et Jésus a déjà offert le sacrifice qui nous sauve. Alors, quel culte pouvons-nous rendre à Dieu ?
Vous le savez, quand il y a un mariage à l’Eglise, le futur époux dit : je me donne à toi et je te reçois… et la future épouse répond : je me donne à toi et je te reçois…
Et à la messe, Jésus nous dit : ceci est mon Corps livré pour vous, pour toi ; autrement dit : je me donne à toi ! Et nous, dans le secret de nos cœurs, nous disons : Merci Seigneur ! En retour, je me donne à toi ! Je veux faire ta volonté ; je remets ma vie entre tes mains. Comme l’a fait la Vierge Marie : que tout se passe pour moi selon ta parole.
Voilà le culte que nous avons à rendre, voilà le culte nouveau, le culte spirituel !
Vous me direz peut-être : mais justement, aujourd’hui nous ne pouvons pas aller à la messe. Oui, c’est vrai, et c’est une souffrance. Mais, de chez vous, vous pouvez dire (comme Azarias) : nos cœurs brisés, reçois-les ; c’est-à-dire : Seigneur, je t’offre ce qui fait ma vie : mes joies, mes projets, mais aussi mes contrariétés, mes épreuves, mes désirs insatisfaits, et même ma souffrance de ne pas pouvoir aller à la messe.
Et lorsqu’aura pris fin cette épidémie, vous pourrez aller à la messe et vivre ce magnifique échange d’amour avec Jésus. 
 
Dans l’Evangile, nous avons entendu le discours des béatitudes ; vous le savez, c’est comme un programme de vie pour celui qui veut être disciple de Jésus. La Vierge Marie, que nous fêtons aujourd’hui, a pleinement vécu ces béatitudes ; c’est pourquoi elle est le modèle du disciple. Mais, nous le savons bien en Corse, Marie est aussi notre Mère. Et en tant que mère, elle nous éduque, elle nous apprend à être disciples, à vivre les béatitudes. 
Ces béatitudes qui prennent les valeurs du monde à contrepied. 
Frères et sœurs, la crise que nous traversons va causer beaucoup de souffrances. Elle aura aussi peut-être des effets positifs… si elle nous aide à revenir à l’essentiel, à revenir à Dieu. 
Je crois que notre monde ressemble à une grande machine qui s’est emballée. Une machine à produire, à consommer, à jeter et finalement à polluer ; polluer la planète mais aussi nos cœurs. 
Jésus nous dit : heureux les pauvres. Et nous nous sommes laissé entrainer dans l’illusion que le bonheur s’achète.
Jésus nous dit : heureux les doux. Et nous croyons que pour être heureux, il faut être jeune, beau, fort, performant.
Jésus nous dit : heureux ceux qui ont faim et soif de la justice. Et nous sommes tombés dans le règne de l’individualisme et du chacun pour soi.
Et tout cela n’étanche pas nos soifs profondes ! Et tout cela laisse des milliers de personnes sur le bord du chemin… parce que nous avons oublié Dieu !
Mais aujourd’hui, la Vierge Marie, Notre-Dame de la Miséricorde, nous dit : 
Revenez à Dieu de tout votre cœur ; détournez-vous des idoles de la consommation ; tournez-vous vers mon Fils Jésus. Bâtissez un monde nouveau ; un monde où l’on redécouvre l’importance des relations humaines, la valeur de la bienveillance, de l’entraide, de la douceur, du pardon. Tournez-vous vers mon Fils miséricordieux, et bâtissez la civilisation de l’amour. Amen. 



+ Olivier de Germay
Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni