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​Fin de vie : Le ADMD tour à Ajaccio pour sensibiliser la population et briser le tabou de l'euthanasie


Philippe Peraut le Jeudi 11 Juillet 2019 à 06:54

À l’initiative de Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, une structure qui fait depuis cinq ans, le tour de plusieurs villes de France pour sensibiliser le public à la problématique liée à la fin de vie, était, pour la première fois à Ajaccio. L’occasion, de poser, une fois encore le problème de l’euthanasie…



Faut-il abréger les souffrances dès lors qu’il s’agit d’un mal incurable ? Un mot, celui de l’euthanasie, fait à lui seul froid dans le dos dès qu’on l’évoque. Il s’agit pourtant bel et bien d’un droit, celui d’un patient qui souhaite mettre fin à ses jours et surtout à ses souffrances dans le cas d’un acharnement thérapeutique. Le combat pour ce droit est celui de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), une association créée en 1980 et qui compte, aujourd’hui, près de 67000 adhérents dans toute la France. Un combat pour lequel un Tour de France de plusieurs villes s’effectue chaque année depuis 2015. À chaque fois, la caravane parcoure une douzaine de villes. Portée par son président, le député Jean-Luc Romero, elle a fait, pour la première fois escale dans la cité impériale où une dizaine de jeunes accompagnés de Robert Cohen, délégué régional ont sensibilisé durant toute la journée un public à l’évidence très touché. Malgré la forte chaleur, les gens sont venus en nombre sur la place Miot où les camions étaient disposés. Ce fut aussi l’occasion de poser le problème dans l’île. « Nous comptons un millier d’adhérents, rappelle Christiane Muretti, déléguée régionale adjointe, dont 600 sont très actifs. La problématique est liée à ce droit de mourir dans la dignité dont doivent pouvoir bénéficier les patients. Il est important, pour eux en amont, de déposer des directives anticipées, cela évite aux familles d’être face à un cas de conscience. Mais nous sommes aussi face à une certaine forme d’hypocrisie du système médical et à un dysfonctionnement au niveau juridique. »

L’exemple de Vincent Lambert
Les jeunes présents à Ajaccio se sont appuyés sur le cas de Vincent Lambert, devenue une affaire médico-politico-juridique pour dénoncer une loi Leonetti qui ne semble toujours pas adaptée. « Les gens ont été très sensibles à la démarche initiée par cet ADMD Tour, même si c’est encore tabou et notamment en Corse, il existe des cas. Et il est de notre devoir de médiatiser ce type d’action. Pour obtenir enfin gain de cause. »
S’appuyant sur des méthodes devenues courantes dans certains pays (Suisse, Belgique, Canada, Luxembourg), des méthodes toutefois coûteuses pour les familles (10000 à 15000 euros) et sur une opinion publique largement favorable à l’euthanasie (95% sont pour et 5% contre mais personne n’est véritablement neutre), l’ADMD poursuit son combat pour une légalisation et l’aide au suicide-sous condition bien sûr- de l’euthanasie. Après Ajaccio, la caravane de sensibilisation-dédiée plutôt aux jeunes (au niveau national, l’association compte un millier de jeunes âgés de 18 à 36 ans)- va se poursuivre sur Lyon et finir à Verdun samedi. Le combat, lui, continue jusqu’ à l’obtention d’une loi…