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Ajaccio : Une journée pour se souvenir des victimes et des héros de la déportation


Marilyne SANTI le Dimanche 28 Avril 2019 à 17:16

Le dernier dimanche d'avril a été acté comme journée nationale du souvenir des victimes de la déportation. Un temps mémoriel en souvenir de tous les déportés sans distinction, et de leur sacrifice. Ajaccio, comme beaucoup d'autres villes de Corse, s’est souvenu ce dimanche, et a rappelé ce drame historique majeur, et les leçons qui s'en dégagent, pour que de tels faits ne se reproduisent plus.



Dépot de gerbe devantle monument aux morts de la place du Diamant
Dépot de gerbe devantle monument aux morts de la place du Diamant
Dès la mise en place terminée des porte-drapeaux, des délégations d’associations d’anciens combattants, des autorités civiles et militaires et de l’ensemble de la musique municipale, le représentant de la préfecture de Corse est arrivé avec les personnalités qui l’accompagnaient.

Le message des déportés lue par Noëlle Vincensini, rescapée de Ravensbrück.
Ce message pour la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, a été rédigé conjointement par la Fédération Nationale des Déportés et Interné, Résistants et Patriotes (FNDIRP), la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les associations de mémoire des camps nazis, l'Union Nationale des Associations de Déportés Internés de la Résistance et Famille (UNADIF-FNDIR).

« La journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation instaurée par la loi de 1954 est l’occasion d'évoquer la mémoire de tous ceux, femmes, hommes et enfants, envoyés par milliers, pendant la seconde guerre mondiale, dans des camps de concentration et d'extermination nazis qui ont souillé et durablement meurtri les peuples et les territoires occupés d'Europe.
Nous renouvelons notre hommage au courage dont on fait preuve les déportés en particulier, ceux qui, face aux souffrances de l'épuisement physique auxquelles ils étaient confrontés et à la menace permanente de la torture et de la mort, n’ont pas renoncé à l'espoir et ont su rester des êtres humains. Ils ont ainsi eu, dans ces difficultés extrêmes, la volonté de poursuivre, dans l'union et la solidarité, la lutte clandestine contre l'idéologie et les objectifs de guerre de l'ennemi.
Les déportés derniers rescapés de l'horreur indicible de la barbarie nazie, expriment leur légitime inquiétude à l'égard d'une Europe, aujourd'hui divisée, traversée est habitée par la résurgence de mouvements nationalistes.
L'Europe dont la vocation et de garantir la paix et la prospérité des pays qui la composent doit être celle de la mémoire de millions d'êtres humains sacrifiés par une idéologie perverse.
Sauvegarder cette mémoire, ou la souffrance se mêle à l'espérance, doit faire prendre conscience, avant qu'il ne soit trop tard, de l'indispensable solidarité entre les peuples épris de liberté, pour l'emporter sur toutes les formes d'obscurantisme, de fanatisme, de racisme, d'antisémitisme, de xénophobie.
Le rappel de l'action des déportés dans les camps de la mort doit aller bien au-delà d'une journée symbolique. il s'agit, pour les générations futures, de poursuivre avec détermination ce combat contre l'égoïsme et la peur.
C'est ainsi que l'hommage aux déportés prendra tout son sens pour construire un avenir de paix, de fraternité et de respect de la dignité humaine. »

Lecture par un élève d’un extrait de « L’engagement » de Geneviève De Gaulle Anthonioz
Les scolaires ont été invité à participer à cette cérémonie qui s’est déroulée au monument morts, place du Diamant. Par leur intervention aux cérémonies officielles, ils montrent que le jeune public est lui aussi sensibilisé, par les enseignants, au monde de l'internement et de la déportation. Ils sont l’avenir, la continuité de cette célébration en la mémoire des victimes de la déportation dans les camps de concentration et d'extermination nazis lors la Seconde Guerre mondiale.

« Dans le camp de concentration que j'ai connu, tout était fait pour vous détruire, Himmler avait eu ce mot terrible : « jetez les dans la boue, ils seront de la boue ! » nous devions tous devenir de la boue. Que cela n'est pas été, représente un vrai dépassement de la condition humaine. Nous en sommes capable pour rester humain ; c'est bien plus fort que les SS où toutes les démonstrations de force… ce que j'ai vu dans la suite de ma vie ne m'a pas fait changer d'idée.
Certains disent : « vous êtes optimiste. » je ne suis ni optimiste ni pessimiste, je tiens beaucoup au réel, et les optimistes n'ont pas souvent toutes les données du réel.
On dit à ceux qui ont vécu l'expérience des camps : « vous êtes les meilleurs dans la nuit. » Le veilleur dans la nuit guette. Il guète l'ennemi ; il guette le danger. Il guette aussi le lever du jour ; l'aube qui point, la première étoile ; tout ce qui est signe pour l'homme qui a vu naître les siens, et qui sait que des enfants vont naître. Chacun est un miracle.
Non ce qui se produira et se produit autour de nous, nous savons le pire. Nous savons aussi le meilleur. »
L'engagement éditions du Seuil Février 1998 (p. 56/57)

Une journée à la demande des familles de déportés
Au début des années 1950, les anciens déportés et les familles des déportés qui n'avaient pas survécu à la déportation ont exprimé le souhait de voir inscrite au calendrier des commémorations une célébration nationale destinée à préserver la mémoire de la déportation.
Le dernier dimanche d'avril a été retenu en raison de sa proximité avec la date anniversaire de la libération de la plupart des camps, et aussi parce que cette date ne se confondait avec aucune autre célébration nationale ou religieuse existante.
L'exposé des motifs de cette loi en dégageait les objectifs : rappeler à tous l'horreur de la déportation et les leçons qu'il convient d'en tirer pour que de tels faits ne se reproduisent plus jamais :
« Il importe de ne pas laisser sombrer dans l'oubli les souvenirs et les enseignements d'une telle expérience, ni l'atroce et scientifique anéantissement de millions d'innocents, ni les gestes héroïques d'un grand nombre parmi cette masse humaine soumise aux tortures de la faim, du froid, de la vermine, de travaux épuisants et de sadiques représailles, non plus que la cruauté réfléchie des bourreaux. »