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Bastia : Un plan pour sauver la lauze de Corse


le Jeudi 8 Mars 2018 à 14:38

La lauze de la Corse schisteuse fait partie du patrimoine de l'Île. Parce qu'il constitue tout à la fois un enjeu social et culturel et un enjeu économique et touristique, l'association Promolauze, constituée par des artisans et des professionnels confirmés, et soutenue par la chambre de métiers et de l'artisanat, a décidé de redonner à cette lauze, utilisée comme matériau de couverture depuis des siècles en Corse, la place qui était la sienne. Notamment là où elle a été supplantée par des pierres venues d'Inde, de Chine ou d'Argentine ! Antoine Costa et Michel Gullaumin, de Promolauze et Jean-Charles Martinelli, président de la chambre régionale de métiers et de l'artisanat de Corse ont expliqué comment ils peuvent y parvenir.



Ils ont les uns et les autres un amour inconsidéré pour leur métier.
Michel Guillaumin à près de 79 ans, qui mène de longue date le combat en faveur de ce matériau noble, va des Pyrénées à l'Italie voisine dispenser un savoir.
Antoine Costa, qui a dépassé la soixantaine, a développé son entrepris devenue un modèle du genre.
Et Pierre Sanguinetti qui s'apprête, lui, à passer le relais à l'un de ses fils et qui manie l'humour aussi bien que ses talents de "tittaghju", dit volontiers que de son métier lui a donné une situation... élevée ou bien qu'entre lui et le ciel, dans le cadre de son activité, il n'y a pas d'intermédiaire.

Mais ce jeudi matin l'heure n'était pas à la plaisanterie : les artisans et les membres  de Promolauze soutenus par Jean-Charles Martinelli, président de la chambre régionale de métiers et de l'artisanat et Patrick Pianelli du service économique de la chambre, se sont réunis non seulement pour une fois encore attirer l'attention sur le sort fait à la lauze insulaire, mais aussi, et surtout, pour préconiser une action pour son développement.


Le sort fait à la lauze ?
Au-delà de ce que l'on peut constater au quotidien sur certains établissements officiels il y a ces villages qui, naguère, cités en exemple pour leur intégration paysagère et par la couleur de leur toiture ont perdu de leur homogénéité, de leur qualité paysagère et de leur caractère identitaire.
Aujourd'hui on importe de la pierre d'Inde, de Chine, d'Argentine alors que l'on a presque à portée de main une lauze de qualité qui passe le cap des années sans coup férir.


Bref le matériau est là. Les hommes également.
Il faut exploiter l'un et former les autres. Parce que le marché existe en tout cas les "couvreurs traditionnels", qui travaillent la lauze insulaire - alors que certains moins traditionnels utilisent uniquement des pierres d'importation -  ont des carnets de commande de 12 mois !

C'est pour toutes ces raisons que Promolauze a exprimé publiquement ce jeudi matin son souhait de relancer la filière en s'appuyant sur les compétences sur la chambre régionale de métiers et de l'artisanat et de l'Adec.
Comment ?
En mettant en place une charte de qualité, en formant les couvreurs à la pose traditionnelle et augmentant la productivité des carrières, en développant les campagnes d'information, en sensibilisant les donneurs d'ordre à inciter l'utilisation de la lauze corse, en relançant l'ouverture de micro-carrières existantes.
Et, ce n'est pas la moindre ligne de ce programme, en consolidant et en animant la filière existante, en valorisant les "Savoir-faire" et les ressources locales afin de diminuer les importations venues d'Inde, de Chine ou d'Argentine qui entrent aujourd'hui à 80% dans la confection des toitures de notre région !


Un "savoir-faire", et Antoine Costa s'est plu à le souligner, que Michel Guillaumin a, déjà, exporté hors des limites étroites de l'île et qui pourrait fort bien, à terme, l'Europe aidant, profiter aux couvreurs traditionnels qui se battent au quotidien pour maintenir leur métier à son niveau en dépit de ces entreprises de BTP et de maçonnerie qui étendent leur activité à la pose de la lauze sans réel savoir-faire...
Avec parfois des conséquences pour le moins onéreuses !