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Trouver une place en crèche : un véritable parcours du combattant pour certains parents corses


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 29 Août 2022 à 19:33

Manque de places dans les structures existantes, établissements trop éloignés du domicile, prix prohibitifs. Chaque année, trouver une place en crèche pour un enfant peut se révéler être un véritable chemin de croix pour les nouveaux parents corses. Certains sont obligés de jongler entre différents modes de garde, voire de sacrifier leur situation professionnelle.



Dans certaines régions de Corse, faire garder un enfant de moins de trois ans est un vrai casse-tête. Photo d'illustration : Pixabay
Dans certaines régions de Corse, faire garder un enfant de moins de trois ans est un vrai casse-tête. Photo d'illustration : Pixabay

Mission accomplie pour Angélique. À quelques jours de la rentrée, cette maman cortenaise a enfin trouvé une place dans une crèche privée pour son fils de neuf mois : “On ne s’attendait pas à avoir autant de difficultés. On s’y est quand même pris avant sa naissance. Mon conjoint a dû quitter son emploi pour garder notre fils le temps de trouver une solution”. 
 

Comme pour Angélique et son conjoint, chaque année, le parcours de parents se transforme en parcours du combattant pour de nombreuses familles corses majoritairement en raison du manque de places dans les structures d’accueil collectif publiques, privées et associatives. 
 

Cette mauvaise expérience, Marie-Amélie Luciani et son mari l’ont également connu avant la crise de la Covid : “Impossible de trouver une place pour notre enfant”. Le couple décide alors de prendre le problème à bras le corps et de créer une micro-crèche à Corte. “Nous avons ouvert en mai et sommes déjà complets sur les temps pleins pour lesquels une dizaine d’enfants sont sur liste d’attente. Il nous reste quelques disponibilités sur certains créneaux”, indique Marie-Amélie Luciani, maintenant directrice de la crèche privée. 


Difficile de répondre aux demandes des alentours

Avec ses douze places disponibles, le nouvel établissement a rapidement fait le plein. “Comme nous sommes une structure privée, nous pouvons accueillir les enfants des autres communes”, explique Marie-Amélie Luciani. Mission presque impossible à remplir pour la seule structure publique de la micro-région de Corte et ses alentours : la crèche municipale de Corte, A Casuccia. Elle dispose d’une capacité de 40 places et peut accueillir une soixantaine d’enfants en fonction du jeu des plannings et des besoins des parents. Assez pour une ville de 7 500 habitants ? “Pour Corte uniquement oui mais s’y on y ajoute les enfants du Niolu, du Boziu et du Venacais ça se complique. Il y a malheureusement des demandes auxquelles on ne peut pas répondre mais pour l’instant je n’ai pas eu a refusé des enfants de la commune”, explique Dominique Muracciole, directrice d’A Casuccia. Ces derniers sont prioritaires pour l’accès à la crèche municipale de leur commune. 

 

Un sacré budget par enfant

Les moins chanceux sont donc obligés de jongler entre différents modes de garde comme la crèche, la halte garderie ou encore les traditionnelles nounou. Une opération qui a un coût. “Entre la nounou et la crèche privée, chaque mois et grâce aux aides de la Caisse d’Allocations Familiales qui réduisent un peu la facture, on doit payer 600 euros pour faire garder un de nos enfants cinq jours par semaine. C’est quand même la moitié d’un SMIC !”, indique Angélique. Un sacré budget et une dépense vitale. “On ne peut pas faire autrement”, confie Angélique. 
 

Avant de créer sa crèche privée, Marie-Amélie Luciani est passée par la case étude de marché : “Rien qu’à Corte, sur 200 enfants il manquerait autour de 100 places en crèche. Peut-être allons-nous en ouvrir une deuxième ?”. Et le besoin ne se résumerai pas qu’au Centre Corse. “Dans d’autres villes comme à Ajaccio et à Bastia ce serait la même chose selon cette étude de marché réalisée avant la crise sanitaire”, explique Marie-Amélie. 
 

À Bastia, le seul établissement public de la commune peut accueillir une soixantaine d’enfants en crèche traditionnelle et une vingtaine en halte garderie. “Et ça se passe plutôt bien, il y a très peu de gens sur liste d'attente", confie Ivana Polisini, adjointe au maire de Bastia en charge de la politique éducative. De plus, la mairie ne gère pas l’ensemble de l’offre de la garde d’enfants. Plus qu’à Corte, la ville dispose d’une dizaine de crèches privées et associatives. “Il y a beaucoup de structures différentes et elles correspondent généralement aux besoins des parents”, précise Ivana Polisini. C’est le cas notamment des assistantes maternelles agrées par les institutions publiques de la petite enfance et qui peuvent garder les enfants à leur domicile ou dans une maison d’assistantes maternelles.