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Transports aériens : "un billet Bastia-Paris à 200 euros l’aller-retour, ce n’est pas cher"


Thibaud KEREBEL le Samedi 29 Avril 2023 à 19:16

Directeur marketing au sein d’Air Corsica, Jean-Baptiste Martini se projette sur la saison estivale 2023, laquelle s’annonce plutôt bonne pour le transporteur aérien. Des prévisions qui s’expliquent par le travail de promotion réalisé en amont, mais aussi par la politique tarifaire de la compagnie, pourtant vivement critiquée.



Jean-Baptiste Martini
Jean-Baptiste Martini
- À l’aube de la saison touristique 2023, quel est le sentiment général d’Air Corsica, êtes-vous confiant ?

- Avant toute chose, il faut noter que pour nous, cette année est la première sans Covid. L’an dernier, nous n’avons pas eu de Covid pendant la période de transport, mais le Covid était encore présent sur la période de vente. Donc ça a eu un impact sur les personnes qui préparaient leur voyage. Cette année, comme ces mois n’ont pas été impactés, ils ont permis d’engranger des ventes. Et il faut savoir qu’une grande partie des ventes de l’été se fait en amont, contrairement à ce qu’on peut entendre au sujet des achats de dernière minute. Il y a déjà une partie importante de nos clients qui ont acheté leurs billets pour l’été. Et ils l’ont fait parce que, contrairement à l’année dernière, ils ont pu préparer ces achats suffisamment à l’avance. Donc en terme de configuration, la saison profite de cet effet. Mais l’autre élément important, pour 2023, c’est l’offre.

- Vous avez prévu une augmentation du nombre de sièges ?

- L’offre de la compagnie pour la saison à venir est au beau fixe. Lorsqu’on la compare avec l’année précédente, on a une offre en hausse sur de nombreuses lignes. Sur certains mois d’été, sur le Paris-Corse, on compte des augmentations de plus de 10 000 sièges, ce qui n’est pas du tout négligeable. Ça nous permet de maximiser un engouement que l’on ressent déjà.

- Vous parlez d’engouement, donc les chiffres des réservations sont plutôt bons...

- Les chiffres sont très clairs aujourd’hui. Je ne peux pas vous dévoiler nos coefficients de remplissage à ce stade, mais sur l’intégralité du réseau, on est en avance par rapport à 2022. Que ce soit Paris, Nice, Marseille… Les tendances sont en hausse, et nous avons plus de réservations que l’année dernière. C’est très significatif, on a des avances qui sont de l’ordre de 10 à 20 % sur certains mois par rapport à l’année dernière. Maintenant, il ne faut pas que cet élan s’arrête, et j’insiste là-dessus.

- Est-il judicieux de comparer avec 2022, étant donné que, comme vous l’avez précisé, la période d’achat a été impactée par le Covid ? Qu’en est-il de 2019 ?

- C'était il y a quatre ans ! Autant en 2021, c’était pertinent de se comparer à 2019, mais en 2023, il faut arrêter. La comparaison, aujourd’hui, elle se fait avec 2022, qui est une année sans Covid, même si la période d’achat a été entachée par le Covid.

- La hausse des réservations, que vous identifiez, est donc due exclusivement à cette période d’achat sans contrainte ?

- Ce n’est pas la seule raison. C’est la conjonction de plusieurs facteurs, et notamment du travail de promotion réalisé par l’Agence du tourisme de la Corse pour capter de la clientèle. C’est également le résultat des politiques de tarification de la compagnie. On nous reproche souvent le prix des billets. Mais il faut quand même savoir que sur Nice, Marseille ou Paris, on a des prix qui sont très attractifs, à condition d’acheter les billets à l’avance. On propose des tarifs à 120, 150, 200 euros l’aller-retour, avec, parfois, des promotions. Les tarifs sont critiqués parce qu’ils sont regardés au dernier moment, quand il ne reste plus que trois ou quatre places dans l’avion. Forcément, personnes n’a vu que les 180 places précédentes ont été vendues à des tarifs plus attractifs. Et parce que la compagnie décide, sur les trois dernières places, de faire un peu plus de rentabilité pour compenser des tarifs attractifs, on la juge dessus.

- 200 euros l’aller-retour Bastia-Paris, vous considérez que c’est un bon prix ?

- Il y 70 euros de taxes sur un aller-retour, ça veut dire que pour un aller-retour à 200 euros, il y a 130 euros de tarif. Si vous divisez par deux pour une traversée, ça fait 65 euros. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, monter dans un avion pour Paris, ça coûte 65 euros ? Est-ce que vous pensez qu’une compagnie aérienne, pour 65 euros dans sa poche, peut voler entre Bastia et Paris ? Bien sûr que non, ça ne paie même pas le carburant. Le problème de l’aérien, c’est que pendant des années, on nous a fait croire qu’on pouvait voyager à des tarifs équivalents, voir inférieurs au montant des taxes. Je pense à des billets à 19 euros, alors que les taxes coûtent 29 euros ! Il y a une réalité économique. Aujourd’hui, un billet d’avion à 200 euros l’aller-retour, ce n’est pas cher. Un touriste qui paie 250 euros son billet d’avion pour aller en Corse, c’est un prix correct.

Transports aériens : "un billet Bastia-Paris à 200 euros l’aller-retour, ce n’est pas cher"