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Sisco : Un appel aux financements pour faire revivre les 2000 ans d'histoire de Santa Catalina


Thibaud KEREBEL le Lundi 27 Mars 2023 à 16:46

Futur propriétaire du domaine Santa Catalina, la mairie de Sisco a lancé un appel aux financements, ce lundi 27 mars, afin d’y concrétiser un projet de restauration et de mise en valeur. Un chantier important, au regard de l'histoire conséquente du complexe.



L'église du domaine est déjà propriété de la mairie de Sisco.
L'église du domaine est déjà propriété de la mairie de Sisco.
Des acheteurs russes, qataris, et même un « réalisateur italien, de renommée internationale »… Au fil des années, de nombreuses personnes ont tenté, en vain, d’acquérir le domaine Santa Catalina, véritable bijou du Cap Corse.
D’ici le 30 janvier 2024, il reviendra finalement à la commune de Sisco, qui a signé une promesse d’achat à hauteur de 1,7 million d’euros. Mais le prêt contracté par la mairie ne suffira pas à couvrir tant l’acquisition que les travaux du site, et c’est pourquoi un appel à la mobilisation a été lancé ce lundi 27 mars. L’objectif : diffuser le projet et inciter tous les acteurs possibles (collectivité, Europe, mécènes…) à participer à la mise en lumière d’un édifice majeur de l’histoire insulaire.

En plus de l’église, dont elle est déjà propriétaire, la mairie va ainsi s’offrir le reste du domaine, comprenant les parties couvent, tour, ainsi que 10 hectares de terrain. Un complexe chargé d’histoire, que certaines traces écrites font remonter au 4e siècle, même si une origine antérieure n’est pas à exclure. Abbaye, chapelle, église, couvent, hôpital… Pendant toute son histoire, le lieu n’a cessé d’évoluer, et garde aujourd’hui de nombreuses marques de son riche passé. À titre d’exemple, un minaret, encore présent au sommet de la coupole, est le témoin de l’invasion arabe initiée au 8e siècle.

« C’est un endroit chargé d’histoire », pointe Sylvia Ghipponi, architecte, chargée d’accompagner le bon déroulement du projet. « C’est un des lieux importants de la Corse, et tout le monde n’a pas forcément conscience de ça. Il faut savoir que le domaine a été un lieu de pèlerinage important à l’échelle du bassin méditerranéen. Les gens venaient pour les reliques, qui sont là depuis 1255. » « On pense que les gens arrivaient par bateaux pour le pèlerinage, se retrouvaient dans une immense grotte, qui se trouve en contrebas, et allaient jusqu’à l’église pour prier », complète Marie Flach, également détachée sur ce projet. « Il faut vraiment se rendre compte de ce que c’était ! »

Un avenir encore en réflexion

Le préfet de Haute-Corse, Michel Prosic (à droite), faisait partie des invités de la conférence de presse organisée par Ange-Pierre Vivoni (à gauche).
Le préfet de Haute-Corse, Michel Prosic (à droite), faisait partie des invités de la conférence de presse organisée par Ange-Pierre Vivoni (à gauche).
Conscient du poids historique de ce domaine, le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, a donc initié son rachat, et obtenu un prêt de 2 millions d’euros, qui sera remboursé sur 40 ans, à hauteur de 60 000 euros par an. Un budget mis « à part » dans les finances de la commune, afin d’éviter que cet emprunt ne pèse sur les Siscais. Reste à trouver une organisation et un montage financier afin de permettre au domaine Santa Catalina de « retrouver son lustre d’antan ». « C’est un appel aux Siscais, aux Cap-corsains, aux Corses et aux non Corses ! » Institutions, collectivités, mécénat, loto du patrimoine… L’édile ne se ferme aucune porte, mais espère surtout recevoir du soutien. Présent à la conférence de presse de ce lundi 27 mars, le député Michel Castellani a quant à lui fait part de son engagement, et certifié que « s’il faut intervenir, à quelque niveau que ce soit, je serai présent ».

Pour le moment, le devenir précis du complexe n’a pas été déterminé. Mais avec 900m2 de bâti, les possibilités sont vastes. Un musée, le siège du parc naturel marin… « On va explorer toutes les pistes. Il faut amener la population, les historiens et les politiques à réfléchir, le devenir du lieu autrement. Il faut penser l’avenir en prenant en compte l’histoire, et le tout, en obtenant un développement économique harmonieux », conclut Marie Flach.