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En Corse, malgré le besoin, les métiers du service à la personne restent peu attractifs


La rédaction le Mardi 8 Novembre 2022 à 14:14

Le secteur des services à la personne (SAP) peine aujourd'hui à recruter en Corse alors que les besoins vont croissant du fait notamment du vieillissement de la population. Une étude de l'INSEE publiée ce mardi 8 novembre aide à comprendre pourquoi ce domaine d'activité reste peu attractif



En 2019, en Corse, 8 650 ménages ont déclaré des dépenses de services à la personne à l’administration fiscale, soit 6,8 % des ménages fiscaux insulaires. Ce taux de recours place la Corse loin derrière les régions de province (14 % en moyenne).
En 2019, en Corse, 8 650 ménages ont déclaré des dépenses de services à la personne à l’administration fiscale, soit 6,8 % des ménages fiscaux insulaires. Ce taux de recours place la Corse loin derrière les régions de province (14 % en moyenne).
Assistance à domicile, aide ménagère… les services à la personne (SAP) répondent à une demande sociale croissante sur l'ile du fait du vieillissement de la population. Selon l'INSEE, en 2030, le nombre de personnes âgées en Corse atteindrait 21 000 personnes dont 19 000 à domicile, soit 40 % de plus qu’en 2015. Pourtant, malgré une population vieillissante, le recours aux SAP est plus faible en Corse que dans le reste du pays.

L'entraide familiale et des faibles revenus 
Sur l'ile, 21 % des ménages dont le référent est âgé de 80 ans ou plus utilisent des SAP. Cette proportion est divisée par trois pour les ménages âgés de 65 à 79 ans (7,4 %) puis se réduit encore de moitié pour ceux de moins de 65 ans (3,7 %).

Cette sous-représentation par rapport au reste de la France peut s’expliquer par une entraide familiale plus importante sur l’île, favorisée par un moindre taux d’activité féminin et par une cohabitation des seniors en famille plus élevée qu’en moyenne. En effet, en Corse, les personnes âgées dépendantes déclarent davantage être aidées par leur entourage qu’au niveau national : 24 % contre 21 %. Elles sont notamment 9 % à recevoir « beaucoup » d’aide de leur entourage pour 7 % en France.

De même, plus le niveau de vie des ménages est élevé, plus le recours aux SAP est fréquent. En Corse, 19 % des ménages dont le niveau de vie annuel est supérieur à 36 909 € utilisent de ce fait les SAP. Ce taux baisse à 11 % pour la tranche de revenus immédiatement inférieure et à 4 % pour la moitié la plus modeste des ménages. Le niveau de vie des ménages, plus faible en Corse, explique donc en partie le moindre recours aux SAP.

Des utilisateurs plus âgés, aux dépenses plus importantes
Si la Corse est la région de province où le taux de recours aux SAP est le plus bas, elle est au contraire celle où le montant moyen des dépenses par les ménages utilisateurs est le plus élevé. En effet, ces derniers y consacrent en moyenne 3 330 € par an contre 2 240 € en province. 

Les ménages dont le référent est âgé d’au moins 90 ans consomment davantage avec 5 910 € en moyenne par an. Ils concentrent ainsi 21 % des dépenses en SAP en Corse contre 14 % en province, signe à la fois d’une population plus âgée mais également d’un maintien à domicile des seniors, en alternative aux EHPAD, plus important sur l’île. En effet, 88 % des seniors dépendants vivent à domicile en Corse, soit 10 points de plus qu’au niveau national. Ce maintien à domicile plus marqué conjugué à une population plus âgée, se traduit par des services à la personne davantage tournés vers les seniors ou les personnes dépendantes que vers les services de confort ou de garde d’enfant. 

Pourtant, malgré les besoins, le secteur demeure peu attractif et peine à recruter. 

En Corse, 4 000 salariés principalement employés par des structures

En 2019, 4 000 salariés travaillaient dans le secteur des services à la personne et effectuent 4,7 millions d’heures, soit 3 % des salariés pour 1,5 % des heures travaillées en région. Six salariés sur dix travaillent pour une structure. De plus, huit salariés des SAP sur dix sont « aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales » en Corse. Parmi ces salariés près la moitié est âgée d’au moins 50 ans et un tiers a 55 ans ou plus. À l’inverse, les jeunes sont peu présents dans le secteur : seuls deux salariés sur dix ont moins de 35 ans. 
 
L’enjeu du renouvellement de la main-d’œuvre des SAP sera particulièrement prégnant dans la décennie à venir et la mise en place politique en ce sens devrait être une préoccupation majeure des acteurs publics, de santé, des familles et des aidants. 

Des faibles salaires

Di peu de jeunes choisissent ce secteur d'activité c'est aussi à cause des conditions d’emploi marquées par de faibles volumes de travail, qui oblige les salariés à multiplier les employeurs, et le faible niveau de rémunération.
En 2019, les salariés des SAP perçoivent un salaire horaire net moyen de 9,5 €/h contre 13,2 €/h pour l’ensemble des salariés de Corse – le smic horaire net étant de 7,9 €/h en 2019.

En lien avec le temps de travail, les salaires nets annuels perçus restent très faibles dans les SAP avec 9 500 € contre 18 280 € pour l’ensemble des secteurs. Ils sont supérieurs dans les OSP, avec 10 350 € contre 8 290 € pour ceux des particuliers employeurs, grâce à un volume total d’heures travaillées plus important dans l’année.
De plus, dans les SAP, les salaires progressent peu avec l’âge, signe du manque de diversité des métiers et donc d’une faible évolution professionnelle.

Des difficultés à recruter

Dans un contexte, de renouvellement important de la main-d’œuvre et de besoins sociétaux croissants, le défi de structurer la filière pour assurer une offre de service cohérente et de qualité est de taille.
Pour les aides à domicile, principal métier du secteur, les difficultés de recrutement sont déjà importantes. En effet, 84 %, des projets d’embauches sont jugés difficiles par les employeurs contre 61 % pour l’ensemble des métiers en Corse en 2022. Cette tendance se renforcerait d’ici à 2030 : l’aide à domicile fait partie des métiers qui subiraient le plus grand déséquilibre entre les besoins de personnels et le volume estimé de main-d’œuvre disponible. 

Le secteur constitue donc un gisement d’emploi pour autant que les métiers soient suffisamment attractifs.