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Reconnaissance de l'endométriose : prise en charge facilitée pour plus de 5 000 femmes corses


Livia Santana le Mardi 18 Janvier 2022 à 20:02

L'Assemblée nationale a voté jeudi à l'unanimité une résolution portée par les députés LFI pour reconnaître l'endométriose comme affection longue durée, dont souffre une femme sur dix en France. En Corse, elle affecte 5 000 femmes. Le centre hospitalier de Bastia, référent sur l'île en la matière, et l'association Endométriose Corse se réjouissent de cette reconnaissance qui permettra un défraiement du transport sur le continent.



Image d'illustration
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C’est une grande nouvelle pour les plus de 5 000 femmes atteintes d’endométriose en Corse. Depuis ce jeudi 13 janvier, la maladie dont souffre une femme sur dix en France est reconnue comme affection de longue durée (ALD).
Sur l’Ile-de-Beauté, l’association Endométriose Corse salue cette avancée qui permettra à présent d’éviter des difficultés administratives. « Quand les femmes avaient besoin d’aller sur le continent pour consulter des spécialistes, elles rencontraient beaucoup de difficultés pour obtenir une prise en charge à 100% de la CPAM. C’était un frein à leur prise en charge. A présent, grâce à cette reconnaissance ce sera automatique et les délais seront raccourcis », explique Christelle Luciani, présidente de l’association qui prend en charge et accompagne entre 50 et 80 personnes chaque année.

Le docteur Thomas Darnaud, gynécologue, ne peut que se réjouir de cette résolution votée par les députés. « Cela va entraîner une véritable reconnaissance sociale. Les femmes qui souffrent de cette maladie vont enfin pouvoir se dire, ‘’je ne suis pas folle’’. C’est une énorme avancée », lance-t-il.

Une prise en charge à Bastia

Depuis un an, les femmes corses atteintes d’endométriose n’ont plus à se rendre sur le continent pour être prises en charge. Grâce à une convention signée le 29 janvier avec le centre hospitalier universitaire de Tenon, spécialiste de l’endométriose, une fois par mois, trois spécialistes de renom se rendent à l’hôpital de Bastia pendant deux jours pour examiner et opérer les femmes.
Victimes de leur succès, les praticiens ont vite été débordés. « Nous croulons sous les demandes, environ 160 femmes sont sur liste d’attente. Il y a un délai d’attente de 4 mois », déplore le docteur Thomas Darnaud. Pourtant, les trois praticiens qui se rendent à Bastia ne chôment guère. « Pendant deux jours, iIs consultent environ 35 personnes et opèrent deux femmes gravement atteintes à chaque fois qu’ils viennent », poursuit le gynécologue qui espère pouvoir recruter un quatrième spécialiste pour alléger la charge de travail.

Débuté en janvier, le partenariat n’a pu vraiment débuter qu’en avril à cause de l’épidémie de Covid. La mise en place par l’Agence régionale de Santé du plan blanc dans les hôpitaux corses, a empêché les chirurgiens de pratiquer des opérations pour les cas d’endométriose les plus graves. « Déprogrammer des femmes qui attendaient depuis des années leur opération, ça nous a fait pleurer. Cela a été compliqué de l’annoncer à la vingtaine de patientes qui souffrent quotidiennement », confie le praticien.

Grâce à cette reconnaissance, le nombre exact de femmes atteintes par l’endométriose pourra sans doute être connu.
L’hôpital de Bastia attendait 5 000 patientes mais le docteur Thomas Darnaud estime qu’il y aurait « trois fois plus de patientes souffrant de douleurs pelviennes, soit 15 000 sur l’île ». Cela représenterait une femme sur six sur le territoire insulaire.