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Pouvoir d'achat et salaires : qui sont les manifestants mobilisés en Corse ?


Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 27 Janvier 2022 à 15:57

Aides-soignants, professeurs, AESH, retraités, salariés du privé… À Bastia, l’appel à la manifestation interprofessionnelle du jeudi 27 janvier, pour la hausse des salaires et du pouvoir d’achat, a mobilisé une centaine de personnes.



Entre 100 et 130 manifestants ont bloqué la route devant la préfecture Bastia ce jeudi 27 janvier. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Entre 100 et 130 manifestants ont bloqué la route devant la préfecture Bastia ce jeudi 27 janvier. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti



« Tout augmente sauf les salaires ! Nous méritons et exigeons de pouvoir vivre dignement de notre travail ! ». Au milieu des dizaines de drapeaux aux couleurs de plusieurs syndicats, Charles Casabianca, secrétaire général de la CGT (Confédération Générale du Travail) de Haute-Corse, harangue la foule avant de passer le micro aux représentants des syndicats Force Ouvrière et Fédération Syndicale Unitaire.

Pour la première mobilisation générale de 2022, certaines organisations syndicales corses ont joué le jeu de l’union. Plus d’une centaine de personnes ont bloqué la route devant la préfecture de Bastia quelques minutes pour faire entendre leurs revendications communes. Comme dans toute la France ce jeudi 27 janvier, les organisations syndicales ont mobilisé plusieurs professions pour faire peser la question du pouvoir d’achat et des conditions de travail dans le débat des élections présidentielles d’avril 2022. Retraités, aides-soignants, enseignants, jeunes actifs. Les profils sont différents mais tous témoignent d’un ras-le-bol face à la baisse du pouvoir d’achat.

Aldo, retraité, vent debout contre la faiblesse des retraites

Aldo Siddi, retraité des finances publiques. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Aldo Siddi, retraité des finances publiques. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
« Les retraites sont stables depuis 20 ans mais les dépenses, elles, augmentent », regrette Aldo Siddi. Ce retraité des finances publiques de 70 ans ne décolère pas. Echarpe noire striée vissée autour du coup, il s’est immiscé au cœur du rassemblement pour défendre les générations futures tout autant que les retraités. Pour lui, malgré de légères augmentations des pensions de retraite calquées sur l’inflation, cela ne suffit plus. « Les mutuelles augmentent, les prix à la consommation augmentent, l’énergie également et il devient difficile de vivre avec le fruit du travail d’une vie », explique-t-il.

Carole, AESH, multiplie les emplois pour vivre

Carole, AESH de 49 ans. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Carole, AESH de 49 ans. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Pancarte de protestation bien en vue, Carole, 49 ans, a répondu à l’appel des syndicats. AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap) depuis 12 ans, pour elle, la coupe est pleine. « Nous voulons un vrai statut reconnu, une vraie formation et une revalorisation salariale », explique-t-elle. Dans le meilleur des cas, ses collègues et elle touchent un salaire net de 700 euros par mois pour 20h30 de travail hebdomadaire. Le ton se fait plus incisif. La buée envahit peu à peu ses lunettes plaquées contre son masque : « nous n’arrivons plus à vivre et devons cumuler plusieurs emplois pour nous en sortir ! », lance Carole avant de porter un message aux candidats à l’élection présidentielle. « À quand un candidat qui mettra les moyens nécessaires dans l’école inclusive pour que les enfants aient toutes les chances et que le personnel soit reconnu à sa juste valeur ? », questionne-t-elle.

Pierre-Paul, aide-soignant milite pour de meilleures conditions de travail

Pierre-Paul, aide-soignant à l'hôpital de Bastia. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Pierre-Paul, aide-soignant à l'hôpital de Bastia. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Autocollant FO sur le cœur Pierre-Paul Ugolini écoute religieusement les paroles des représentants syndicaux. Pour cet aide-soignant de 53 ans de l’hôpital de Bastia, « on ne peut plus continuer à vivre dans cette société injuste ». S’il revendique une augmentation générale des salaires, il insiste sur « le dégel du point d’indice pour tous les agents du public ». Pour lui, « la conscience professionnelle et l’engagement » des agents du public pendant la crise sanitaire doit être récompensé. En passant par une revalorisation salariale mais également en améliorant les conditions de travail à l’hôpital. « C’est de plus en plus difficile d’accueillir des patients dignement. Tous les agents y mettent du leur mais ça ne suffit plus », explique Pierre-Paul. En ligne de mire, l’amélioration des infrastructures hospitalières de Bastia, voir un hôpital neuf.

Liviu, électricien, les acquis sociaux au cœur

Liviu, jeune électricien de 21 ans. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Liviu, jeune électricien de 21 ans. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Jeune électricien de 21 ans, Liviu Marini est en recherche d’emploi. Drapeau bien en main, il est venu apporter son soutien « à tous les employés du public et du privé ». Pour lui, la mobilisation populaire est l’unique solution pour « faire reculer des réformes libérales, souvent imposées grâce au 49.3, néfastes pour le service public, l’emploi et nos acquis sociaux ». Revalorisation salariale, sauvegarde des emplois et maintien des acquis sociaux, le jeune électricien est sur la même ligne que les autres manifestants ayant plusieurs années d’expérience dans le monde du travail. Il est inquiet pour l’avenir, notamment celui des jeunes corses : « La précarité est galopante en Corse et nous devons parfois nous exiler pour trouver du travail ».

René, enseignant au lycée, pour la dignité des travailleurs

René, professeur d'Histoire et de Lettres en lycée professionnel. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
René, professeur d'Histoire et de Lettres en lycée professionnel. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Derrière les verres de ses lunettes à montures noires, René Martinetti promène son regard sur la centaine de manifestants présents. Lui, est professeur de lettres et d’Histoire dans un lycée professionnel bastiais et les raisons de sa présence sont simples : « les salaires versés portent atteinte à la dignité des travailleurs car la vie est toujours plus chère. Les gens ont besoin d’argent non pas pour acheter du superflu mais pour vivre, et dans certains cas, pour survivre ».  Outre les salaires trop bas qu’il dénonce, le professeur de 58 ans fustige la politique gouvernementale concernant l’éducation : « elle est une priorité absolue et les politiques doivent lui donner les moyens d’être à la hauteur de ses objectifs ». En guise de conclusion, René veut porter un message aux candidats à l’élection présidentielle. « Ils doivent faire le lien entre les gens plutôt que de les diviser », lance-t-il, quelques secondes avant le début des discours des représentants syndicaux.