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Inseme per Corsica se met en ordre de marche pour les Territoriales


Nicole Mari le Dimanche 19 Avril 2015 à 01:19

Le mouvement nationaliste modéré de Gilles Simeoni, Inseme per a Corsica, s'est réuni en assemblée générale, samedi après-midi, à Corte. Près de 400 militants ont adopté une motion d’orientation générale qui définit la stratégie pour les futures élections territoriales de décembre. Cette feuille de route acte le redéploiement d’Inseme pour appuyer et renforcer la plateforme électorale de Femu a Corsica et établit un plan d’actions. L’objectif est de proposer un contrat politique aux partenaires modérés et d’être en ordre de marche à partir de juin.



Les trois conseillers territoriaux, Hyacinthe Vanni, Mattea Lacave et le leader d'Inseme per a Corsica, Gilles Simeoni, le nouveau Secrétaire général, Jean-Félix Acquaviva, maire de Lozzi, et Guy Profizi.
Les trois conseillers territoriaux, Hyacinthe Vanni, Mattea Lacave et le leader d'Inseme per a Corsica, Gilles Simeoni, le nouveau Secrétaire général, Jean-Félix Acquaviva, maire de Lozzi, et Guy Profizi.
C’est dans un amphithéâtre bondé de l’université de Corte que s’est tenue, samedi après-midi, une Assemblée générale relativement courte d’Inseme per a Corsica. A neuf mois de l’enjeu crucial des élections territoriales, le mouvement nationaliste modéré de Gilles Simeoni et pilier de Femu a Corsica, a présenté, à ses militants, le bilan de son action politique sous la mandature qui s’achève, le travail effectué par ses élus sur des dossiers majeurs, ainsi que les acquis politiques et électoraux. Il modifie ses statuts et fait adopter, à l’unanimité, une motion d’orientation générale qui définit la feuille de route pour 2015. Le maire de Lozzi et président de l’Association des élus de montagne, Jean-Félix Acquaviva, a été élu Secrétaire général pour deux ans. Le nouveau statut entérine le non-cumul des mandats avec un poste à l’Exécutif de l’Assemblée de Corse (CTC) ou un poste de maire dans une ville importante et autorise un seul renouvellement de mandat.
 
De la foi et des symboles
Les élus se livrent, donc, à un point d'étape pour se féliciter du chemin parcouru et tracer le chemin à-venir. Le chemin parcouru, Mattea Lacave, conseillère territoriale et adjointe à la culture et à la langue corse à la mairie de Bastia, le résume en quelques symboles, in lingua nustrale : « Pouvions-nous imaginer, il y a seulement deux ans, qu’il il aurait, un jour, un adjoint à la langue corse dans l’endroit le plus hostile à son épanouissement ! ». S’appuyant sur les victoires acquises lors des derniers scrutins, elle invite les militants à poursuivre le combat, à « continuer à croire à nos rêves. Nos idées sont bonnes. Ne lâchons rien !... Un aghju micca paura, un temu nunda perchè so chì simu pronti. So chì à fede e à forza Che aghju so e listesse chì vi portanu. Andemu tutti Inseme à custruì st´avvene novu. Un avvene in u quale à nostra lingua puntellu maiò di à nostra andatura averà a piazza chella meriteghja ».
 
Un système ruineux
Le chemin qui reste à parcourir, le conseiller territorial, Hyacinthe Vanni, le rappelle en enfourchant son cheval de bataille préféré et en tirant à boulets rouges sur le système Giacobbi. « Le système qui mène la Corse à la ruine, c'est le système Giacobbi qui a été installé au Conseil général ! Même si certains affirment que ce système n'existe pas, nous affirmons le contraire. Ils disent que le chantage à l'emploi, ça n'existe pas ! Or, plus de 300 emplois ont été créés, hors agences et offices, depuis 2010. Il y avait 1100 personnels en 2010, il y en a 1397 aujourd'hui, dont 68 contractuels. En 2015, ils se réservent le droit, en l'inscrivant dans le budget, d'embaucher 97 personnes. La masse salariale a augmenté de 10 millions € en 4 ans au détriment de la formation professionnelle, de la culture et des investissements  Si au moins ces postes servaient à quelque chose, on serait pour ! ». Très applaudi, il enfonce le clou avec le chantage aux subventions, les pressions sur les agents, les indemnités de 400 000 € payés au directeur débarqué de l’Office hydraulique et la gestion « calamiteuse » des transports « avec un président qui brille par son incompétence ! ».
 
Un système pervers
Il fustige l’opération Pélican, navire loué par l’Office des transports (OTC) pour pallier une éventuelle grève de la SNCM. Une location controversée « qui a déjà coûté près de 2 millions €, sans aucune délibération, ni mise en concurrence. C’est inadmissible ! 2 millions jetés par la fenêtre quand les maires attendent des subventions qui ne sont pas payées ! E una vergogna ! ». Il avoue son espoir mêlé d’inquiétude : « Ce système n’est pas au service de la Corse et des Corses. Il nous tient de beaux discours pour nous endormir. Il a tout perverti ! Ce sera difficile de le remettre en ordre de marche ! En décembre, nous devons y mettre un terme tous ensemble, y mettre de la démocratie, de l’équité, de la transparence... Nous y sommes parvenus dans d’autres collectivités. Tutti inseme ! Femu a Corsica di dumane ! ».
 
Le défi de l’Etat
Pour mettre un terme à ce système, la motion d’orientation générale, votée à l’unanimité, rappelle les choix stratégiques d’Inseme per a Corsica et définit une feuille de route claire pour remporter la course des prochaines Territoriales et répondre au défi généré par le refus de l’Etat d’envisager une évolution politique significative. « Les victoires d’idées et électorales sont essentielles, mais déboucheront à terme sur une stagnation, voir un échec du mouvement national et du processus d’émancipation qui est son objectif si elles ne s’accompagnent pas d’une organisation efficace de militants et d’adhérents en réseau. L’objectif est double : atteindre des seuils irréversibles d’accès aux responsabilités à tous les niveaux de la vie publique et des acquis de fait au sein de la société corse », explique Jean-Félix Acquaviva.
 
La matrice de l’espoir
Le moyen d’y parvenir est de pérenniser et de renforcer Femu a Corsica, « matrice et rassemblement porteur d’espoir, force motrice de l’alternative à construire », et de le mettre en ordre de marche à partir de juin en proposant un contrat politique aux partenaires du PNC et d’A Chjama. Pour cela, il est nécessaire de capitaliser autour des acquis du combat électoral pour renforcer Inseme per a Corsica, d’en faire un vrai lieu de convergence nationale et de le redéployer sur le terrain politique. L’idée est, ensuite, de proposer « un projet national pour éclairer le chemin menant aux objectifs d’émancipation ». Très applaudi, le nouveau secrétaire général du mouvement conclut qu’il faut revenir aux fondamentaux pour affirmer et amplifier le fait culturel et identitaire corse comme ciment de la société. « Tant qu’il nous restera un souffle de vie, ce ne sont, ni les ministres qui passent, ni l’Etat qui nous empêcheront d’être ce que nous sommes ! ».
 
Repenser la stratégie
Revenant lui aussi sur le bilan électoral et politique « positif », le leader, Gilles Simeoni, déclare que les victoires permettent de faire changer les choses : « D’une force d’opposition et de résistance, nous sommes devenus une force de propositions et nous deviendrons, demain, une force de responsabilité ». Mais, lui aussi, estime que cela ne suffit pas ! Faisant un triple constat de la fermeture totale de l’Etat, de la mutation du corps politique traditionnel et des faiblesses du mouvement national, il explique qu’il faut repenser la stratégie et renforcer la mobilisation populaire et militante. « L’Etat ne nous offre aucune perspective. Il nous enferme dans une impasse. Nous sommes engagés en politique, nous avons des mandats. Nous savons que nous ne pouvons pas renoncer et Paris doit savoir que nous ne renoncerons pas ».
 
Pas à la hauteur des enjeux !
Son objectif est de faire des Nationalistes la force motrice de la prochaine Assemblée de Corse (CTC), capable d’agréger les autres forces du mouvement national et les progressistes de droite et de gauche qui « ont rompu clairement avec le système claniste et clientéliste » dans un pacte de gouvernement clair. Le leader modéré s’inquiète néanmoins de l’évolution du système traditionnel, « bien ancré dans la population, qui se modernise, prend nos thèses, apparaît avec des visages sympathiques, mais ne change pas au niveau de la violence et du chantage qu’il exerce ! Nous ne pouvons pas nous en accommoder ! La démocratie est un objectif majeur et un combat quotidien !». Quid de la désunion du mouvement national miné par des querelles internes et des ambitions personnelles. « Bien sûr, nous avons progressé et gagné, mais nous ne sommes pas, aujourd’hui, collectivement à la hauteur des enjeux. Mais nous pouvons y être ! C’est pour cela que vous devez vous engager », lance-t-il aux militants.
 
L’appel au combat
Il appelle à la cohésion de toutes les composantes du mouvement national : « Le mouvement national ne doit pas rester dans la situation actuelle de défiance et d’absence de dialogue. Il ne peut pas y avoir de processus d’émancipation réussi si le mouvement national ne se met pas en cohérence. Nous désirons travailler sans exclusive à cet objectif essentiel ». Gilles Simeoni réfute, ensuite, les rumeurs de possibles liaisons déjà nouées avec d’autres partis politiques : « aucun accord implicite ou explicite, aucun plan secret avec la droite ou la gauche n’a été conclu ! ». Affirmant que les Nationalistes peuvent gagner en décembre et devenir la force motrice de la future assemblée de Corse, il exhorte les militants à battre la campagne pour travailler, convaincre et rassembler autour de Femu a Corsica. « Dites à l’Etat que le peuple Corse est un peuple debout ! Nous devons construire par nous-mêmes ! N’attendons rien de l’Etat français, il ne nous donnera rien ! Construisons ensemble ! ». Des réunions sont prévues sur tout le territoire jusqu’à un prochain rendez-vous en juin pour se mettre véritablement en ordre de marche.
 
N.M.